C'est en 1992, soit trois ans après la sortie du long-métrage de Disney, que Ariel The Little Mermaid (La Petite Sirène en français) se décide à aller nager dans les eaux de la Megadrive. Développé par Blue Sky Software et édité par Sega, le titre reprend globalement les bases du dessin animé, tout en y introduisant de nouveaux éléments de scénario.
En effet, si les principaux protagonistes du film sont toujours de la partie, l'histoire est inédite puisqu'il ne s'agit plus d'aller séduire le prince Eric mais de venir au secours du peuple de la mer, lequel est martyrisé par la cruelle Ursula. Cette dernière n'a rien trouvé de mieux que de transformer tous les autochtones en de petites larves très disgracieuses. Il faut donc remédier à tout ça, et c'est ce que vont tenter de faire Ariel et son papa, le bien nommé Triton. Le joueur aura le choix d'incarner l'un ou l'autre de ces personnages. Le déroulement du jeu ne s'en trouve pas chamboulé pour autant : les niveaux sont strictement les mêmes, les adversaires aussi, et seules les attaques changent en fonction du héros. La belle Ariel utilisera sa douce voix pour faire fuir les ennemis tandis que le paternel se débarrassera de ses adversaires à coups de trident. Chacune de ces armes dispose d'une attaque spéciale (éclair pour Triton et étoiles pour la sirène), mais attention car ces dernières sont disponibles en quantité limitée.
Nos amis vont devoir arpenter quatre niveaux marins (seulement...) dans lesquels ils devront partir à la recherche de toutes les larves, afin de les sauver et de leur rendre leur apparence initiale. Il faut impérativement libérer tout le monde pour débloquer la fin du stage et avoir ainsi l'insigne honneur d'affronter le boss. Pour les aider dans leur quête, quelques personnages secondaires font parfois leur apparition. On a tout d'abord le crabe qui tue les ennemis, on a ensuite le poisson Polochon qui ouvrira des passages en poussant des rochers et on a enfin un autre poisson qui a la faculté de creuser dans le sable pour trouver des trésors. Ces derniers vous serviront quand vous rencontrerez la mouette (oui, vous avez bien lu, dans Ariel The Little Mermaid, les mouettes sont amphibies) qui fait office de marchand et vous vendra de la vie ou des attaques spéciales supplémentaires.
Dans l'ensemble, les niveaux sont assez vastes mais il est très facile de localiser les larves car une carte indiquant leur emplacement est disponible à tout moment. Ce système de recherche est présent tout au long des quatre mondes du jeu, et il finit franchement par être extrêmement répétitif : on fait toujours la même chose, et ce ne sont pas les quelques ennemis disséminés çà et là dans les stages (requins, crabes, squelettes...) qui vont donner du piquant à une aventure qui est de surcroît très brève, et se termine en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
Parfois, les jeux courts avec un gameplay bancal arrivent à redresser la barre grâce à leur réalisation technique. Ce n'est franchement pas le cas de ce Ariel The Little Mermaid. Un petit coup d'œil au premier niveau suffit pour se rendre compte que le titre propose des graphismes dignes d'une console 8 bits (et encore, la Master System dispose de jeux plus beaux à regarder). Les arrière-plans sont vides, la palette de couleurs est très mal exploitée et l'animation des personnages est vraiment réduite à sa plus simple expression. Et que dire des thèmes musicaux du jeu et des bruitages, qui ont de quoi rendre sourd tant ils sont désagréables et inappropriés ? En définitive, Ariel The Little Mermaid est l'exemple typique du jeu à licence bâclé, fait à la va-vite pour profiter du succès du dessin animé dont il s'inspire. Il fait honte à la Megadrive, et il a bien mérité sa place dans la catégorie des plus mauvais titres sortis sur la 16 bits de Sega.
- Graphismes6/20
Ne tournons pas autour du pot : la réalisation technique du jeu est scandaleuse pour une console 16 bits. Les niveaux, en plus d'être peu variés (on alterne sans cesse entre fonds marins et cité perdue) sont d'une laideur à faire peur, et ils sont aussi très vides. L'animation nous renvoie à un âge que l'on croyait révolu. Quand on pense qu'en 1992, des titres comme Streets of Rage 2 sortaient sur Megadrive...
- Jouabilité14/20
C'est le seul point sur lequel le jeu ne peut pas être pris en défaut. Ariel et Triton se déplacent correctement, et leurs attaques sortent bien. L'interface est un peu lourde (il faut notamment aller dans un sous-écran d'options pour solliciter les personnages secondaires), mais cela n'empêche pas de progresser.
- Durée de vie8/20
Les quatre petits niveaux du jeu se bouclent en moins d'une heure. Le challenge n'est guère présent, car les ennemis sont peu coriaces (les boss sont même risibles tellement ils sont simples) et la recherche des membres du peuple de la mer est grandement facilitée par la présence d'une carte qui indique leur position. La replay value est nulle, et ceux qui auront eu le courage de terminer le jeu une fois le rangeront illico presto dans l'étagère.
- Bande son5/20
Il fallait le faire, mais l'environnement sonore est d'encore moins bonne qualité que les graphismes du jeu (si, c'est possible). Les musiques sont horripilantes et on a vite envie de se taper la tête contre les murs à force de les écouter. Les bruitages sont du même niveau. Un conseil si vous voulez vous épargner une visite chez l'ORL : coupez le son.
- Scénario11/20
Bof... le scénario est plutôt basique et fait fi de certains personnages clés (comme le prince Eric par exemple) qui étaient pourtant présents dans le dessin animé de Disney. Vous incarnez Ariel ou son père qui doivent sauver le peuple de la mer, lequel a été transformé en larves par Ursula, la méchante de service
Inutile d'y aller par quatre chemins : Ariel The Little Mermaid est un jeu raté dans les grandes largeurs. Doté d'un gameplay redondant et inintéressant, le titre est de surcroît un concentré de tout ce que l'on peut faire de pire techniquement dans un jeu vidéo : graphismes ratés, animation minimaliste et musiques abominables, rien ne sera épargné au joueur qui aura l'audace (la folie ?) de se frotter à ce titre. Il s'agit donc d'un jeu à fuir comme la peste, et on se demande bien comment Sega et Disney ont pu autoriser sa sortie, alors même que les précédentes collaborations entre les deux entreprises (QuackShot, World of Illusion...) étaient pour la plupart excellentes.