Nombreux sont les gamers à la recherche de concepts originaux pour amuser leurs journées. Pour cela, il faut souvent puiser dans la besace des titres téléchargeables, dans laquelle se cachent de bonnes surprises. D'apparence, le jeu de réflexion Vessel semble détenir tous les artifices de ce type de productions. Mais voyons de plus près ce qu'il en est.
Arkwright est un inventeur hors pair. Savant spécialiste de la physique, il est le créateur des Fluros, des petits êtres qui prennent vie à partir d'un germe, tant qu'ils disposent d'assez de liquide pour prendre forme. Capables d'effectuer de basses besognes (principalement, appuyer sur un interrupteur), les Fluros ont révolutionné l'industrie à tel point qu'Arkwright n'a plus vraiment à s'en faire pour son avenir. Toutefois, un événement va perturber sa paisible vie de scientifique. Sans crier gare, un de ses propres Fluros va prendre une initiative personnelle et enfermer l'inventeur en dehors de son laboratoire. D'ici débouche une quête consistant à se recréer un équipement, et surtout à stopper la zizanie semée par ses créations.
Malgré ses réminiscences de "I, Robot", le pitch de Vessel est assez intrigant pour donner envie aux joueurs d'en savoir plus sur ces petits Fluros, mais aussi sur l'univers qui entoure Arkwright. Il faut dire que la mise en scène volontairement simpliste pousse au questionnement. Pas de dialogues, quelques lectures de notes en guise de micro-didacticiels ponctuels, c'est votre imagination qui devra faire le reste. Mais pour avancer dans l'aventure, il va falloir passer des énigmes qui feront appel à votre réflexion, notamment à votre compréhension de la physique des liquides et de la gestion de la pression. En effet, les liquides ont une importance primordiale dans Vessel puisqu'il vous faudra souvent activer un mécanisme en y apportant de l'eau. Ainsi, vous récupérerez d'abord des germes, que l'on peut voir comme le noyau intelligent, mais immobile, des Fluros. Ces germes ont la capacité d'attirer les liquides, une attraction qui prend effet même à travers une paroi. Vous pouvez alors dévier la trajectoire d'un jet d'eau afin de le faire arriver à bon port et ainsi poursuivre votre voie.
Parfois, il vous faudra créer des Fluros afin que ces derniers se placent sur des interrupteurs, leur intelligence volontairement sous-développée ne leur permettant de ne faire que cela d'ailleurs. Des principes souvent simples à la base, mais qui deviennent de plus en plus alambiqués quand il faut gérer plusieurs boutons en même temps. Quand vous découvrez une immense pièce comprenant des dizaines de réservoirs d'eau, d'interrupteurs, de manivelles à eau et de jets à diriger, il y a de quoi se sentir défaillir. Pourtant, s'il faut un cerveau bien accroché, la résolution des énigmes est plaisante et plus on sent que l'on approche de la sortie, plus on a cette petite impression de victoire qui monte en nous. Même quand vous avez l'impression qu'un nouvel équipement vous facilitera la vie, il ne sert qu'à rendre les énigmes encore plus complexes, comme quand vous arrivez à fabriquer votre aspirateur à liquide vers le début du jeu.
Au-delà des phases de réflexion, quelques petites séquences de plates-formes viennent ponctuer vos péripéties. Heureusement, ces dernières se révèlent très peu nombreuses. Mais comment ça "heureusement" ? Pour deux raisons : d'une, ces phases de plates-formes ne regorgent pas véritablement d'intérêt, de deux, le moteur physique du jeu, bien qu'ambitieux pour un titre visiblement réalisé avec de petits moyens, est loin d'être optimal. Arkwright a l'air d'un pantin désarticulé quand il s'agit d'effectuer des mouvements un peu plus complexes qu'un simple pas en avant (et encore). Quand on doit sauter sur une plate-forme, on se prend souvent le bord sans aucune raison apparente. Ainsi, plusieurs aspects du titre sont ternis par des imprécisions, comme lorsque l'on s'accroche à une grande manivelle pour gérer la direction d'un jet de liquide. Si ces passages un peu pénibles ne ruinent pas totalement l'expérience de jeu, ils sont assez persistants pour ne jamais se faire oublier.
L'autre écueil que l'on pourrait faire concerne les environnements, qui peinent à se renouveler. Si par la suite on découvre quelques "cadres" différents, on passe souvent de longues périodes dans des tunnels similaires et devant des mécanismes identiques. Vessel n'est malheureusement pas un plaisir pour les yeux, mais rien de gravissime pour autant. Ce qui importe le plus, c'est que l'histoire évolue assez finement pour titiller le joueur et l'inciter à continuer dans sa quête d'auto-torture mentale afin de connaître le fin mot de l'histoire, ce qui n'arrivera qu'au bout d'une dizaine d'heures, à moins que vous ayez un Prix Nobel de Physique. Une bonne trouvaille, mais pas pour les nerveux.
- Graphismes12/20
Vessel manque de personnalité, ce qui s'avère plutôt dommageable pour un jeu à ambiance. Les décors sont sombres et ternes et ne subjuguent pas par leur diversité. Malgré cela, et le côté "ragdoll" un peu tordu d'Arkwright, le titre du studio Strange Loop Games s'en sort plutôt bien.
- Jouabilité15/20
Les énigmes vous poseront forcément problème, et la solution ne viendra qu'en tâtonnant. Rassurez-vous tout de même, un simple esprit logique devrait suffire à pallier votre éventuel manque de compétences dans le domaine de la physique, ce qui est plutôt tant mieux. Dommage que le personnage principal ne soit pas plus agréable à manier, mais les phases de plates-formes ne constituent pas la majeure partie du jeu.
- Durée de vie15/20
Compte tenu de son prix, la dizaine d'heures de jeu que propose Vessel est tout à fait honorable. Sachez toutefois qu'il s'agit d'une aventure unique qui ne se prête pas vraiment à la rejouabilité.
- Bande son12/20
Bien qu'elle soit volontairement discrète, on regrettera que la bande-son n'appuie pas plus l'ambiance du jeu. C'est ce genre d'éléments qui sépare un Limbo d'un titre qui manque un peu de personnalité.
- Scénario14/20
Là encore, on nage dans l'éthéré. Les quelques notes d'Arkwright permettent toutefois de comprendre ce qui a bien pu se passer avec les Fluros, avec quelques surprises ici et là.
Sans grande prétention, Vessel est une aventure pleine d'énigmes qui reposent sur les rudiments de la physique. Il demande donc de la patience aux joueurs, ainsi capables de trimer plusieurs minutes sur une énigme sans péter une durite et mettre le feu à la maison. Il ne sera pas difficile de passer outre son manque évident de charisme pour profiter de sa trame intelligente et de sa bonne durée de vie.