Pour beaucoup, si l'on parle de Shellshock, on parle d'un jeu d'action de 2004 et se déroulant au Vietnam. Mais pour les plus nostalgiques, Shellshock est un jeu de tank sorti sur Saturn, Playstation et PC en 1997. Pour ceux-là, il n'y aura toujours qu'un seul Shellshock, et c'est bien de celui-ci dont nous allons traiter dans ce test. Retour sur un jeu à l'ambiance unique, et injustement méconnu.
Une unité de cinq mercenaires afro-américains nommée « Da Wardenz » s'évertue à maintenir la paix, en luttant dans l'ombre contre les trafics d'armes, de drogue, et autres prises d'otages, là où l'ONU a baissé les bras. Fraîchement arrivé dans l'unité, c'est à vous que revient l'honneur de piloter le tank M-13 Predator. Bien sûr, il faudra faire vos preuves avant d'avoir la toute confiance de vos pairs. Votre copilote D-Tour ne manque d'ailleurs pas de remarques bien cliché dans le genre.
On enchaîne donc les missions à bord de notre char. Un premier constat, non désagréable, c'est que Shellshock fait la part belle à un gameplay orienté arcade, et on doit reconnaître que la prise en main est immédiate. Les obus sont illimités, on dirige notre engin à la manière d'un FPS, à la première personne, donc. Notre tank dispose du canon principal, contre les chars et bateaux de guerre adverses, et d'une mitrailleuse qui locke automatiquement les tourelles et les hélicoptères. Ces derniers deviendront vite un problème, car pour les détruire, il faut arrêter son engin, attendre qu'il s'immobilise à leur tour, et les shooter à la mitrailleuse. En théorie pas de problème, sauf que lorsqu'ils réapparaissent par 2 à l'infini, je vous promets qu'il y a de quoi se tirer des balles.
Pas de power-up sur le terrain, c'est au joueur de prendre soin de son véhicule du mieux possible. Néanmoins, nous pouvons récupérer des caisses de munitions dissimulées dans les niveaux. Celles-ci serviront, une fois revendues, à customiser ou réparer son char. Car non, on ne récupère pas automatiquement le blindage de son char entre deux missions. Ainsi, on se verra recommencer une mission déjà terminée juste pour ratisser le terrain à la recherche de caisses de munitions supplémentaires. Le jeu tourne malheureusement assez vite au carnage, parce que l'on finit toujours par exploser tout ce qui tient encore debout dans le niveau à la recherche de ces précieux items. C'est dommage, car si l'idée fonctionne bien avec un dosage de la difficulté progressif des 25 niveaux, le jeu devient répétitif, en dépit d'objectifs de mission variés.
Entre chaque mission, le joueur pourra donc personnaliser son char : amélioration du blindage, de la cadence de tir, du moteur, des chenilles, de la mitrailleuse, de l'ordinateur de visé, achat et missile air-sol, soutien aérien (sorte de joker assez coûteux), et bien sûr réparation du tank. Par ailleurs, il est possible de converser avec ses collègues, observer ses performances, ou encore choisir la musique de son tank (du rap, forcément). Même si l'intérêt des phases au QG reste relatif, ce moment de répit évite que les missions s'enchaînent de façon monotone. N'ayons pas peur des mots : ces phases constituent réellement le cœur de l'ambiance de ce jeu. Les cut-scenes d'avant briefing, où l'on entend ses potes converser à propos de la meilleure Catwoman, des nouvelles pompes de 9-1-1 ou de Blade Runner, n'apportent rien au gameplay mais elles font tout le charme de Shellshock.
Si, d'un point de vue esthétique, le QG s'en sort avec les honneurs avec ses images de synthèse, les séquences de gameplay, elles, sont relativement fades. Bien que les environnements sont en 3D, l'essentiel de ce que l'on y voit comporte des sprites en 2D à la manière d'un bon vieux Doom. Les environnements changent peu, même selon la localisation de notre mission (jungle, désert, ville...). Et, chose dont on ne se rend pas compte immédiatement, le jeu, oui, le jeu entier, est plat. Pas de relief, même pas une petite motte de terre, rien du tout. On est en 96, les Doom-likes sont légion et on sait comment gérer du relief en extérieur. Bref, de ce point de vue-là, c'est donc inacceptable, ni plus ni moins.
L'ambiance sonore est quant à elle plus ou moins réussie. On a déjà parlé des musiques, résolument rap, et cohérentes avec l'ambiance du jeu, qu'elles plaisent ou non. Les bruitages sont efficaces quoique sommaires, et souffrent de quelques bugs. Citons par exemple le bruit du moteur qui s'arrête parfois. Les voix françaises peuvent convenir mais semblent avoir été intégrées à la va-vite. On peut entendre des problèmes de volume ou même des voix qui changent en cours de route. Le comédien qui s'occupe de la voix du boss et qui a enregistré tous les briefings n'était visiblement pas là le jour où le boss devait dire « T'as perdu. » lors du game over, tordant. On peut aussi noter une sympathique inversion de la gauche et droite du guide pour rejoindre le point de rendez-vous en fin de mission. Heureusement que la boussole est là...
Après avoir éclairci ces points, que reste-t-il finalement de Shellshock ? Un jeu qui n'est certes pas exempt de défauts dus à son âge, mais qui garde son fun, grâce à son gameplay arcade et son ambiance unique. La durée de vie est honnête, la difficulté est bien dosée, et certaines des dernières missions vous donneront vraiment du fil à retordre. On aurait cependant pu imaginer un mode coopératif à deux joueurs en écran splitté, ou un choix de missions pour briser la linéarité du soft. Ce genre d'idées aurait pu donner une vraie rejouabilité au jeu.
- Graphismes11/20
Si les phases dans le QG sont plutôt réussies, les phases de char piquent les yeux : c'est assez moche, pas très varié, et désespérément plat... Heureusement, le jeu reste toujours fluide.
- Jouabilité18/20
La prise en main est immédiate et le gameplay est résolument arcade. Petit bémol pour l'intelligence artificielle de la mitrailleuse qui ne locke pas toujours le bon adversaire du premier coup, mais rien de grave.
- Durée de vie13/20
Les 25 missions pourraient passer vite si on n'avait pas à retaper soi-même son tank entre deux niveaux. Par ailleurs, la customisation du tank insuffle un réel intérêt supplémentaire au soft. De bonnes initiatives donc, qui pousseront le joueur à recommencer une mission plutôt qu'à se jeter sur la suivante. Dommage que le jeu n'offre aucun contenu supplémentaire une fois fini.
- Bande son12/20
La bande-son est assez buggée dans l'ensemble, même si l'ambiance sonore a le mérite d'inclure des voix françaises. Les musiques sont discrètes mais offrent au jeu une saveur inédite : franchement, il n'y a qu'ici que l'on détruit des tanks sur fond de musique hip-hop !
- Scénario10/20
Les briefings ont beau nous faire croire à une relation de cause à effet entre nos différentes exploits, toutes les missions sont finalement interchangeables. Reste les échanges entre les membres de l'équipe et une petite surprise à la fin du jeu pour faire atteindre la moyenne au scénario.
Le fun qui se dégage de Shellshock parvient à faire oublier ses défauts. C'est un jeu unique en son genre, bien éloigné de Steel Panther, son équivalent « simulation » à l'époque. Dommage que les développeurs n'aient pas pu peaufiner un peu plus leur soft, ni enrichir davantage son atmosphère. Le titre n'en reste pas moins un shooter honnête, qui supporte encore courageusement le poids des années. Il ne coûte plus grand-chose de nos jours, alors si l'envie vous en prend, n'hésitez pas à rejoindre Da Wardenz et sa bande de oufs malades.