Dans le bon vieux temps, c’était mieux ? Oui, c’est vrai. Surtout en ce qui concerne les shoot’em up ! L’âge d’or des années 90 est hélas derrière nous, et les éditeurs n’ont de cesse de se lancer dans l’adaptation pour notre plate-forme de leur catalogue de vieilleries. Mais doit-on réellement s’en plaindre ?
Taito poursuit une stratégie aussi gonflée qu'efficace sur iOS. L'éditeur n'hésite pas à réinventer certains de ses immenses classiques, comme on l'a vu avec Bubble Bobble Double, Space Invaders Infinity Gene, et dans une moindre mesure New Bust-a-Move qui tous, tentent à des degrés divers de s'approprier l'héritage de leur modèle pour mieux le transcender. Eh bien ça ne sera pas le cas avec RayForce ! Pour le coup, le studio a préféré coller à l'original, aussi bien dans la lettre que dans l'esprit, même si le portage de ce classique du jeu de tir a nécessité quelques petites adaptations. C'est dire au passage si le concept du jeu original, sorti en 1993 sur bornes d'arcade puis sur Sega Saturn, tient toujours la route aujourd'hui ! Car bien qu'empruntant très classiquement au genre rabâché du shoot'em up à scrolling vertical, RayForce a aussi injecté un élément original : la gestion de la profondeur. Le vaisseau du joueur, aussi appelé RVA-818 X-LAY, possède en effet deux armes : un tir classique vers l'avant, accompagné par un drone qui vise les ennemis en contrebas, aussi bien d'autres vaisseaux que des tourelles. Ce lanceur de missiles rappelle le fameux module de R-Type sauf qu'il n'est pas autonome : il se place toujours en avant de la navette et ne peut pas non plus servir à «déblayer» le terrain. Tout ce qu'il fait, c'est accrocher des cibles, ensuite c'est au joueur de balancer ses missiles via un bouton dédié. Cette originalité a cependant son revers de médaille : sur le petit écran de l'iPhone, il est parfois difficile d'évaluer la distance de profondeur d'un vaisseau ennemi. On croit pouvoir l'atteindre avec le module alors qu'il se trouve sur le même plan que sa navette… ou l'inverse.
Rassurons-nous, on s'y retrouve la plupart du temps. Le pod, tout comme le tir principal, pourra être amélioré par l'entremise de power-up à récupérer sur le champ de bataille. Il lui sera ainsi possible de tirer plus de missiles d'un coup, ce qui sera bien utile dans les passages un peu délicats. Pour le reste, on fait rapidement le tour des possibilités : on ne dispose que d'un seul vaisseau, un seul tir, pas de super-bombes… A ce niveau, le titre se place assez loin de la variété des shoot'em up de Cave.Taito ne s'est cependant pas contenté d'un copier-coller du jeu original. Le titre comporte ainsi deux méthodes de tir, automatique ou manuel. Ce dernier est le plus intéressant car le plus proche de son modèle, mais c'est aussi le plus ardu puisqu'une fois les cibles «lockées», il faudra lancer à la main les missiles du module. L'autre bouton active ou désactive le tir automatique du laser. A noter que l'on pourra disposer ces boutons à un bord ou l'autre de l'écran. L'éditeur a également planché sur deux modes : Arcade et iPhone. Le deuxième est un peu plus facile que le premier, tandis que les commandes semblent plus «souples» et réactives, mais la différence n'est pas aussi sensible que chez leurs homologues de Deathsmiles ou Dodonpachi Resurrection, deux productions Cave là aussi. Ces deux titres apportent de profondes modifications de gameplay selon que l'on joue dans un mode ou un autre, ce qui n'est pas le cas de RayForce.
Autre concession par rapport au jeu original, cette adaptation comporte deux affichages : plein écran et fenêtré, ce dernier permettant de piloter son vaisseau dans la zone en bas de l'écran, hors du champ de l'action (ce qui n'est pas inutile). Malheureusement, il faudra aussi de bons yeux dans cette dernière vue, car tout y est très petit ! Enfin, le joueur pourra sélectionner un des sept niveaux indépendamment, ou se lancer dans la totalité du jeu. Bon courage, car le titre n'a rien perdu de sa difficulté. La réalisation graphique s'aligne au pixel près sur le jeu d'origine : on aura donc droit à des sprites et des décors 16 bits très variés, avec quelques effets 3D de toute beauté… du moins pour l'époque ! Cependant, on ne pourra que se montrer épaté par la diversité des situations et l'inventivité de certains niveaux (le deuxième est par exemple bourré de mouvements de structures tubulaires saisissants). Quant aux boss, ils se montrent aussi éprouvants qu'ingénieux. Les réflexes seront mis à rude épreuve… Malheureusement, et aussi étrangement que cela puisse paraître au vu de la puissance de nos appareils mobiles par rapport aux consoles de 1993, on note (sur iPhone 4, tout du moins) des ralentissements parfois rédhibitoires lorsque le nombre d'objets est élevé. Autre bizarrerie, la présence en bas d'écran d'une interface destinée à un deuxième joueur… alors que le jeu n'offre pas la possibilité de jouer en coop ! Ce serait une riche idée, peut-être que Taito prépare le terrain. Au final, malgré le poids des ans, RayForce reste un excellent shoot'em up. Taito a cependant échoué dans ses tentatives de dépoussiérage (le mode iPhone est très proche du mode Arcade, par exemple), et certains pourront râler devant une réalisation qui n'a pas bougé d'un iota par rapport à 1993. Cependant, le titre en lui-même est suffisamment accrocheur et nerveux pour emballer aussi bien les nostalgiques que les joueurs ne s'étant jamais frottés à l'original.
- Graphismes15/20
Certes, Taito ne s’est pas trop foulé en reprenant les graphismes de l’époque (et sans prendre en compte les écrans Retina !). Mais ils se montrent suffisamment variés et détaillés pour accrocher durablement la rétine du joueur.
- Jouabilité14/20
Dommage que le jeu souffre de ralentissements intempestifs… En dehors de ce point noir, les commandes sont simples et on ne saurait trop conseiller d’éviter le mode «tout automatique» pour plus de sensations.
- Durée de vie16/20
Les sept niveaux sont longs et bien chargés ! Et les nombreux classements Game Center permettront de se frotter aux autres joueurs du monde entier.
- Bande son16/20
La bande-son, repiquée elle aussi du jeu original, est efficace et accompagne parfaitement l’action du jeu (bon, il faut aimer le genre…). Les bruitages sont plus discrets.
- Scénario13/20
Bon, un shoot’em up, on sait comment ça fonctionne… Mais RayForce a pour lui un scénario particulièrement complexe et touffu que les amateurs découvriront dans le menu Help.
Si RayForce est une adaptation somme toute réussie du jeu original, Taito échoue à lui insuffler un peu d’originalité et de nouveauté comme Cave sait si bien le faire. Il n’en reste pas moins un bon jeu de tir aux péripéties variées, mais qui est malheureusement vendu bien cher pour ce qu’il offre. L’éditeur a sans doute été trop gourmand…