Ghosts'n Goblins... A l'énonciation de ce titre, nombreux seront les joueurs trentenaires qui se rappelleront combien ils ont soufferts dans les salles d'arcade ou sur les supports 8-bits dont celui de Nintendo. En effet, c'est à la fin des années 80 que Capcom entre pleinement dans l'histoire du jeu vidéo avec un soft d'action/plates-formes repoussant les limites de la difficulté à son paroxysme. Avant Ghosts'n Goblins, jamais le joueur ne connu de tel challenge. Retour sur cette licence mythique qui contribua à l'image de marque du studio.
Ghosts'n Goblins vit d'abord le jour dans les salles d'arcade en 1985 où il rencontra un vif succès grâce à son atmosphère lugubre teintée d'une extrême difficulté qui mit à rude épreuve tous les joueurs, même les plus acharnés. Vous devinez alors l'immense joie éprouvée par les fans de voir le soft débarquer sur la console NES de Nintendo. Ghosts'n goblins est un jeu d'action/plates-formes que l'on pourrait presque assimiler à un beat'em all tellement son action est frénétique et incessante. En effet, vous devrez aider le frêle Arthur, chevalier de son état, à sauver sa gente dame qui a été enlevée sous ses yeux par le roi démon Astaroth.
C'est armé de votre lance et de votre armure étincelante qu'il faudra vous frayer un chemin à travers une horde de zombies et autres abominations tout droit sorties de l'Enfer. Toute la difficulté du jeu réside dans l'abondance d'ennemis et surtout dans le fait qu'ils n'arrêtent pas de réapparaître à une vitesse folle. Autant dire que vous n'avez pas intérêt à traîner si vous ne voulez pas vous retrouver assailli de toute part. Bien que d'apparence solide, votre armure ne vous protègera que d'une attaque avant de se briser, vous laissant alors avec votre caleçon pour seule et unique protection. A ce stade, un second assaut s'avère fatal.
Heureusement, Arthur a la possibilité de récupérer une nouvelle armure mais aussi d'autres armes durant ses pérégrinations telles une dague qui est plus rapide que la lance de base, une boule de feu permettant d'enflammer le sol afin de toucher plusieurs ennemis, une hache qui continue sa course inexorablement offrant également des dégâts de zone et enfin le bouclier qui octroie une meilleure défense à notre chevalier. D'autres objets bonus pourront être également collectés afin de glaner quelques points supplémentaires. Les combats ne sont pas la seule épreuve que vous devrez surmonter car il vous faudra également composer avec des pièges cachés (dont certains frôlant l'abus car ils provoquent votre mort instantanée) et une évolution de plate-forme en plate-forme nécessitant souvent une certaine dextérité. Et si par miracle, vous parveniez à déjouer tous ces obstacles, un boss de fin de niveau vous attend pour vous barrer la route. Telle sera votre peine durant les 6 niveaux qui composent le monde de Ghosts'n Goblins.
Portage 8-bits oblige, ne vous attendez pas à des graphismes aussi fins et détaillés que sur arcade. Néanmoins, on reconnaît sans mal les différentes zones d'origine et l'ambiance sordide est assez bien retranscrite de même que l'intensité de l'action dénuée de tout ralentissement. On notera toutefois quelques clippings ici et là. Au final, le soft de Capcom encore alourdi par quelques défauts de jeunesse (des graphismes un peu légers et une jouabilité sommaire) parvient à plonger le joueur dans une aventure ô combien prenante qui mettra ses nerfs et sa frustration à très rude épreuve. Tel est le prix à payer pour venir à bout de Ghosts'n Goblins, achèvement que peu de joueurs peuvent se targuer d'avoir atteint.
- Graphismes13/20
Les différents environnements du soft d'origine sont parfaitement reconnaissables, mais ils se veulent évidemment plus minimalistes et moins fins que la mouture arcade. Alors que certains niveaux sont plutôt inspirés, d'autres souffrent d'un réel manque d'inventivité et s'avèrent être assez génériques, un problème inhérent à ce premier volet. On peut néanmoins saluer l'abondance exacerbée d'ennemis qui déferleront sur Arthur telle une vague mortifère que rien ne semble pouvoir arrêter.
- Jouabilité13/20
Prendre en main Arthur est un véritable jeu d'enfant, un bouton pour tirer, un bouton pour sauter. Mais au final, on se retrouve souvent à pâtir de sauts assez déroutants et de l'impossibilité de tirer vers le haut ou le bas, un comble quand les ennemis arrivent de toutes parts. Néanmoins, une fois le preux chevalier apprivoisé, le joueur peut enfin s'acharner gaiement sur la horde de zombies qui fond sur lui. A l'instar de l'action, évoluer de plate-forme en plate-forme demande une certaine dextérité.
- Durée de vie12/20
Avec ses 6 niveaux la zone de jeu est relativement peu étendue mais cela est sans compter l'extrême difficulté qui vous obligera à avancer à la vitesse d'un escargot et à recommencer maintes et maintes fois de nombreux passages pour mémoriser tous les pièges. A force d'user de votre patience, le soft risque bien de vous contraindre à abandonner précocement cette aventure épique, réduisant drastiquement sa durée de vie. Le mode deux joueurs ne permettant pas vraiment de soulager votre peine puisqu'il s'articule à travers un tour par tour, chacun ayant sa propre progression.
- Bande son14/20
Les différents thèmes musicaux collent parfaitement à l'ambiance frénétique dans laquelle vous vous trouvez plongé. Les fans de la première heure les réécouteront avec un certain plaisir nostalgique alors que les nouveaux venus découvriront des musiques kistchs mais vraiment réussies. Seuls les bruitages désuets font un peu tache dans l'ensemble mais cela est inhérent à l'époque.
- Scénario/
Basique à souhait, le scénario vous offre cependant une surprise de taille une fois arrivé au boss de fin. Dommage que cela soit gâché par une conclusion un tantinet sommaire.
Ghosts'n Goblins véritable torture vidéoludique, parvient à immerger le joueur dans une ambiance vraiment unique puisant son inspiration dans l'univers médiéval-fantastique. Frustrant à souhait, ne vous laissant jamais la moindre chance de survivre, et n'aillant aucune pitié pour vous, le soft titille vos nerfs avec une rare efficacité et c'est certainement cela qui lui a permis de se hisser au rang des jeux cultes. Au final, le soft ne brille pas par son originalité mais bien par le challenge qu'il offre à ceux qui osent s'y frotter. N'en doutons plus, les bases d'une grande licence étaient posées, ne reste plus qu'aux opus suivants de corriger ses quelques petits défauts de jeunesse.