Il suffit parfois de mentionner le nom d'un développeur pour faire rêver toute une catégorie de joueurs. Essayez donc d'évoquer LucasArts à un vieil amateur de jeux d'aventure et vous verrez forcément luire une petite lueur malicieuse au fond de son regard. C'est à peu près la même chose qui se produit lorsque vous parlez de Cave à un fan de shoot'em up. Le studio japonais s'est en effet imposé comme le plus grand orfèvre du manic shooters et il nous le prouve une nouvelle fois de manière magistrale avec DoDonPachi Resurrection.
On n'osait à peine l'espérer il y a tout juste deux ans, et pourtant, Cave a bel et bien réussi à se frayer un chemin jusqu'au marché occidental. Certes, ses bébés ne bénéficient pas d'une grande publicité et ils sont toujours un peu en marge des grands réseaux de distribution, mais le joueur patient, curieux ou passionné peut désormais retrouver ces titres sans passer par la case import. Vous vous demandez encore pourquoi les productions estampillées Cave suscitent autant d'engouement de la part d'un petit public d'aficionados ? C'est tout simplement que le studio excelle dans un genre bien particulier de shoot'em up : le manic shooter ou danmaku. Ces appellations ne vous parlent pas davantage qu'un théorème de physique quantique ? Pour faire simple, il s'agit de shoots dans lesquels vous dirigez un personnage ou un vaisseau qui doit faire face à de véritables nuées de projectiles ennemis. D'ailleurs, votre hitbox (ou votre masque de collision en bon français) est toujours limitée au strict minimum pour vous permettre de naviguer entre ces rideaux de boulettes colorées. Bref, il s'agit donc d'une petite famille de shoots aussi corsés qu'impressionnants parmi lesquels les titres de Cave font office de références et où la série des DonPachi s'est taillée une place bien à part.
Et pour cause, DonPachi est tout simplement le premier jeu développé par Cave, il a envahi les salles d'arcade japonaises en 1995. Mais c'est son petit frère, le fameux DoDonPachi, qui a vraiment contribué à la gloire du studio. Le titre est sorti en 1997 et il continue d'être considéré comme la référence incontournable du manic shooter. La série a bien entendu poursuivi son petit bonhomme de chemin et c'est aujourd'hui le cinquième épisode, DoDonPachi Dai-Fukkatsu, qui nous intéresse plus particulièrement. Celui-ci est arrivé en 2008 sur les bornes d'arcade au Japon, mais il a fallu attendre fin 2011 pour qu'il trouve enfin la route des Xbox 360 européennes sous le nom de DoDonPachi Resurrection. Précisons sans attendre que le format de l'écran paraîtra ridiculement minuscule à ceux qui ne sont pas habitués au genre. En effet, il s'agit d'un shoot'em up en scrolling vertical qui a avant tout été pensé pour l'arcade, l'action n'est donc cantonnée que dans la partie centrale de l'écran. Il faut aussi noter que nous avons ici droit à la version 1.5 du soft et qu'elle est agrémentée de trois modes de jeu supplémentaires par rapport au titre original.
Mais avant de rentrer dans les détails de cette version Xbox 360, commençons par jeter un coup d'œil à ce qui a toujours fait la force de cette série : son gameplay et plus particulièrement son système de scoring. Les amateurs de la série ne manqueront pas de remarquer que DoDonPachi Resurrection constitue un petit retour aux sources. Ils retrouveront en effet les trois types de vaisseaux qu'ils connaissent déjà : le rouge, qui est à la fois le plus rapide et celui dont les tirs sont les plus concentrés, l'hélicoptère vert qui représente un compromis entre la puissance et la maniabilité et dont la direction des tirs varie en fonction des déplacements, et enfin le bleu qui se déplace lentement mais dont les tirs balaient tout l'écran. La lenteur de ce dernier est un atout pour les joueurs débutants qui pourront le diriger avec précision entre les attaques ennemies. Chacun de ces vaisseaux dispose de deux attaques de base différentes : on crache un laser très puissant en laissant la touche de tir activée, et des salves de projectiles en la tapotant ou en activant l'auto-fire (assigné à la gâchette droite par défaut). Le laser occasionne de plus gros dégâts et permet même de contrer les lasers ennemis, mais le fait de l'utiliser ralentit aussi considérablement le vaisseau.
Avant de commencer votre partie, il vous faudra encore choisir votre style de jeu. Comme son nom l'indique, le Bomb Style mise tout sur les bombes et vous permet même de déclencher automatiquement l'une d'entre elles lorsque vous allez être touché. Cette bombe automatique est moins puissante qu'une explosion classique mais elle vous sauvera les fesses plus d'une fois ! Le Power Style vous permet d'alterner entre un mode Normal et un mode Boost : le deuxième accroît votre puissance de tir au détriment de votre vitesse. Cette configuration présente aussi l'intérêt non négligeable de voir la jauge d'Hyper se remplir bien plus rapidement. Nous évoquerons un peu plus loin l'intérêt de cette fameuse jauge. Enfin, le Strong Style est idéal pour les débutants puisqu'il associe les avantages des deux précédents : vous disposez à la fois des bombes automatiques et d'une puissance de feu inégalée. Il y a bien entendu un revers à cette médaille : vos tirs concentrés seront un peu moins performants et vous aurez donc un peu plus de mal à venir à bout des boss.
Prenez bien le temps de réfléchir à l'approche qui vous convient le mieux avant de vous lancer dans la tourmente, vous n'aurez plus vraiment l'occasion de souffler une fois que la partie aura démarré. On retrouve en effet sans surprise des écrans saturés par de véritables déluges de boulettes, et les boss ont beau prendre l'allure de petites filles bien sages, ils n'en sont pas moins redoutables. Pourtant, il faut bien reconnaître que ce DoDonPachi Resurrection est loin d'être le titre le plus difficile dans son genre, les plus expérimentés vous diront même que les quatre premiers niveaux sont « relativement » simples et qu'il faut attendre le dernier stage pour que les choses sérieuses commencent. Attention, n'allez pas pour autant imaginer que ce shoot'em up est une véritable promenade de santé. Même dans ses niveaux de difficulté les plus faibles, le simple fait de sauver sa peau constituera un sacré challenge pour le commun des mortels. Mais, dans un premier temps, c'est tout de même davantage le système de scoring que la survie qui tiendra en haleine les joueurs les plus acharnés.
En effet, pour maximiser son score, il faudra non seulement faire en sorte de ne pas briser sa chaîne de combos, et pour cela utiliser régulièrement et à bon escient le mode Hyper Counter qui permet de neutraliser les tirs ennemis, mais aussi récolter les fameuses petites abeilles cachées dans les niveaux. En fonction de leur couleur, ces dernières sont synonymes de points supplémentaires ou d'un petit boost de la jauge d'Hyper... La chasse à ces médailles vous ouvrira aussi les portes de boss optionnels diaboliques directement issus de DoDonPachi et vous permettra peut-être même de remettre le couvert en rehaussant la difficulté, vous plaçant alors sur le chemin qui mène à Hibachi. Autant vous prévenir, la route est longue avant de vaincre ce boss mythique, mais l'apparition du mode Novice vous donnera au moins l'occasion d'espérer un jour croiser sa route. Ce nouveau mode s'apparente en effet au jeu classique à la différence près que les patterns sont moins vicieux et que les ennemis sont moins résistants. Il s'agit tout bêtement de permettre aux novices d'assimiler les bases du jeu en douceur et de leur donner l'occasion d'accéder au deuxième loop sans avoir à s'entraîner des années.
L'autre nouveauté de cette version console de DoDonPachi Resurrection est l'apparition des modes Arrange A et B. Le premier est clairement un gros clin d'œil à DoDonPachi Dai Ou Jou, le précédent titre de la série. En effet, on retrouve un élément important du gameplay de cet épisode : les Hypers sont représentés par de petits médaillons et vous pouvez en trimbaler jusqu'à cinq avant de vous décider à les activer. Ici, vous n'avez plus le choix du vaisseau ni de son armement : on vous colle d'office l'engin rouge et le Power Style. D'ailleurs votre Hyper réagira différemment si vous êtes en mode Normal ou en mode Boost. Dans la première configuration vos tirs se contenteront de repousser les attaques ennemies, il faudra passer en mode Boost pour que votre Hyper vous permette de les détruire pour de bon. Encore une fois, l'utilisation judicieuse de ces fameux Hypers est la clef pour réaliser de jolis combos et pour engranger un maximum de points. Notez enfin qu'en cas d'extrême nécessité, vous pouvez aussi neutraliser votre propre Hyper pour faire subitement disparaître toutes les attaques ennemies à l'écran.
Le mode Arrange B est un peu plus complexe : il s'agit de scorer individuellement sur chaque niveau en se pliant à des règles pour le moins étranges. Pour commencer, votre vaisseau tire automatiquement et vous disposez d'un nombre de vies illimitées, le fait de mourir se traduira simplement par une pénalité de points. Dans ce mode bien particulier, la couleur de la grille qui sert de décor varie en fonction de vos performances ou des abeilles que vous avez récupérées. Quand celle-ci est bleue les tirs ennemis sont plus rapides, ils ralentissent quand elle est rouge et les choses deviennent juste ingérables quand elle passe au vert... Il faut avouer que ce mode en particulier risque d'occasionner quelques maux de tête mais il trouvera certainement preneur chez les amateurs de scoring alambiqué. Ces derniers seront d'ailleurs heureux d'apprendre que tous les modes intègrent bien entendu un système de partage de scores en ligne et qu'il est possible d'enregistrer ses replays pour améliorer ses performances. Notez enfin que vous pourrez initier en douceur vos amis aux joies du manic shooter par le biais de la coop à deux en local. Bref, tout y est, ce DoDonPachi Resurrection s'impose sans difficulté comme l'un des meilleurs manic shooters de la Xbox 360, c'est donc un titre qui mérite le détour, que l'on soit déjà fan du genre ou que l'on soit juste curieux de le découvrir.
- Graphismes16/20
Ceux qui ne sont pas habitués au genre auront du mal à l'accepter, et pourtant les graphismes de ce DoDonPachi Resurrection sont bel et bien splendides. Les arrières-plans sont en effet particulièrement détaillés et l'action reste toujours lisible même lorsque les tirs en tous genres émaillent l'écran.
- Jouabilité18/20
Le gameplay est peut-être un poil trop classique mais il s'avère parfaitement maîtrisé et frôle la perfection. Le système de scoring est notamment simple et riche à la fois et vous réserve à lui seul quelques suées froides.
- Durée de vie17/20
Les cinq niveaux peuvent paraître courts et pourtant, il vous faudra batailler ferme avant d'affronter tous les boss optionnels et d'accéder au deuxième loop. Cette version console propose aussi trois modes originaux supplémentaires : si le premier est avant tout destiné à se faire la main, les deux modes Arrange apportent leur lot de nouveautés qui peuvent même parfois s'avérer déconcertantes.
- Bande son16/20
La musique brasse toujours des influences diverses et variées mais elle conserve son petit côté frénétique qui fait le charme de la série. Les habitués retrouveront d'ailleurs certains thèmes issus des précédents épisodes.
- Scénario/
L'histoire prend la suite directe de DoDonPachi Dai Ou Jou et nous en apprend un peu plus sur les motivations du mystérieux commandant de l'escadron Dodonpachi.
DoDonPachi Resurrection constitue sans aucun doute une référence du genre ! Le titre manque peut-être un peu de folie mais il s'appuie sur un gameplay tout ce qu'il y a de plus carré et maîtrisé. Cave a fait en sorte de rendre cet épisode accessible au commun des mortels sans pour autant le dénaturer. Les néophytes pourront donc découvrir en douceur les joies des manic shooters tandis que les acharnés prendront un plaisir fou à améliorer leurs scores et à dénicher tous les secrets du jeu.