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Test Mother
Profil de JackFost,  Jeuxvideo.com
JackFost - Journaliste jeuxvideo.com

Depuis sa sortie en 1994, Mother 2 (EarthBound aux Etats-Unis) a fait un peu parler de lui en France via la présence de son héros, Ness, dans la série Super Smash Bros. En revanche, l'épisode précédent de la série reste très peu connu en dehors du Japon, le seul pays où il fut commercialisé. Nous sommes en 1989 et Shigesato Itoi sort un RPG pour le moins atypique puisque celui-ci ne se déroule ni dans un univers héroïc-fantasy, ni dans un monde futuriste mais en 1989, sur notre belle planète. Ce jeu s'appelle Mother et démarre une série marquante de Nintendo.

Mother

Mother n'est donc pas un RPG comme les autres et il suffit de quelques minutes de jeu pour s'en rendre compte. Une brève et mystérieuse introduction explique que 80 ans avant le début de l'aventure, un jeune couple a subitement disparu et que seul le mari est revenu deux ans plus tard. On prend alors le contrôle de Ninten, un jeune garçon de 12 ans, dont la maison se retrouve soudainement sous l'emprise d'une force surnaturelle. Après avoir vaincu sa lampe de chevet et la poupée de sa petite sœur, toutes deux possédées par l'esprit frappeur, son père lui téléphone pour lui annoncer qu'il doit partir pour une grande aventure ayant pour objectif ultime de sauver le monde. Une invasion extraterrestre se prépare et lui seul, avec l'aide de deux autres enfants, peut la contrer. Moins de 10 minutes de jeu se sont écoulées et tout semble à la fois étrange et absurde. Et ce n'est que le début car, en franchissant la porte, on peut discuter avec un chien, affronter des hippies, des insectes, bref vivre des situations improbables. Le scénario et les dialogues de Mother tiennent en effet plus d'un film de science-fiction un peu barré que d'un Dragon Quest. Ici, seul le nécessaire est pris au sérieux, car l'histoire du jeu se veut avant tout euphorisante, avec juste ce qu'il faut pour émouvoir le public.

Mother
Méchante lampe !
Au-delà de l'histoire, Mother se joue comme un RPG classique à quelques détails près. Tout d'abord, les personnages évoluent dans un espace immense où les villes font partie intégrante de la carte du monde. Pour ne pas s'y perdre, il est possible de consulter à tout moment une carte du monde, un peu sommaire mais très utile. L'inventaire ne possède que 8 emplacements par personnage présent dans l'équipe et comme Ninten reste seul pendant le premier tiers du jeu, la gestion des objets requiert une attention toute particulière. Heureusement les équipements disparaissent de l'inventaire dès qu'un personnage les porte, c'est toujours ça de gagné. Pendant les combats, chaque personnage peut choisir d'attaquer, de fuir, de se protéger, d'utiliser un objet de son inventaire personnel ou d'analyser l'ennemi. Ninten et Ana peuvent également utiliser des pouvoirs PSI, une sorte de magie avec les classiques feu, glace, tonnerre, bouclier et soin, que les deux héros apprennent au fil des niveaux et qui consomment plus ou moins de PP. Lloyd, le troisième larron, compense son incapacité à utiliser le PSI en manipulant des objets explosifs d'une efficacité redoutable contre les ennemis. En parlant d'ennemis, ceux-ci attaquent aléatoirement en dehors des villes et sont généralement assez forts.

Mother
Prenez garde à ne pas faire n'importe quoi avec les objets.
D'ailleurs, autant le signaler dès maintenant : ce jeu est hyper difficile ! Les monstres attaquent en moyenne tous les 10 pas et sont relativement coriaces et agressifs. Comme si cela ne suffisait pas, la commande fuir ne garantit qu'un succès inférieur à une chance sur deux et le plus souvent, les personnages se font rouer de coups pendant au moins un tour avant de déguerpir. Avant de s'attaquer à un donjon ou à un long trajet entre deux villes, il convient donc de s'entraîner pendant très longtemps à proximité d'une ville. En effet, les sauvegardes s'effectuent en appelant le papa de Ninten et les téléphones ne sont accessibles que dans les hôtels, qui constituent également le seul moyen de regagner tous ses points de vie contre quelques dollars. Heureusement, quand on s'entraîne pendant aussi longtemps, l'argent ne manque pas. Celui-ci se retire d'ailleurs de son compte en banque grâce à une carte de crédit qui occupe un emplacement de l'inventaire, ce qui pose évidemment la seconde difficulté. Il y a beaucoup d'objets clés dans Mother, et il est impossible de s'en débarrasser, même après qu'ils aient rempli leur devoir. Il y a bien le gardien de Magicant que l'on rencontre au quart du jeu et qui propose de stocker les objets encombrants mais comme on redoute de se retrouver bloqué en plein donjon sans autre choix que de faire l'aller-retour chez lui pour aller récupérer l'objet qui permet de passer à la suite, on préfère les garder tous sur soi. En conséquence, les objets de soin et de guérison ramassés sont souvent victimes de sacrifices poubelle puisque de toute façon, les pouvoirs PSI de Ninten les remplacent contre quelques PP.

Mother
Le gardien d'objets de Magicant.
Côté réalisation générale, les impressions sont assez mitigées. Si les environnements paraissent vides, les couleurs trop uniformes et les graphismes trop simplistes, l'aspect minimaliste qui en résulte n'est pas non plus déplaisant. On s'habitue même sans problème aux écrans de combat noirs sans aucun décor. La perspective isométrique donne du volume aux bâtiments et certaines textures comme le sol de Magicant ou les murs de la monkey cave ont bénéficié d'un soin particulier, ça sonne un peu comme une excuse pour sauver le reste mais il faut souligner ces efforts. En revanche, côté musique, il n'y a rien à redire. Jouer à Mother enchante les oreilles tant le travail des compositeurs respire la joie et l'optimisme lors des promenades en ville ou dans les grands espaces. Dans les donjons, l'ambiance sonore devient plus discrète et accroît la tension. Quant au thème musical des voyages en train, on serait prêt à se ruiner en tickets pour voyager encore et encore tant il est chouette. Soulignons également qu'il existe plusieurs musiques de combat différentes, même pour des monstres de base, ce qui constitue un plus appréciable et ne nous contraint pas à subir sans arrêt le même thème.

Mother
“Adventure is the ticket to our destination !”
Si on regrette l'absence de quêtes annexes et la trop grande linéarité du jeu, on ne peut en revanche qu'admirer son écriture soignée et sa durée de vie fort honorable. Atteindre le boss de fin requiert beaucoup de patience et d'entraînement, ainsi qu'une trentaine d'heures de jeu au bas mot. Les ennemis rencontrés sont si forts que certains passages sont à s'arracher les cheveux mais tout effort finit par payer puisque le scénario et les personnages sont accrocheurs et que la toute dernière partie du jeu vaut largement les heures d'entraînement nécessaires pour y arriver. Cependant, même si le scénario et les personnages manquent un peu de profondeur, un peu comme dans tous les RPG de l'époque, Mother propose tout de même quelque chose que les autres ne peuvent offrir : des héros auxquels on peut facilement s'identifier, un univers très proche du monde réel, et donc une excellente immersion. Ninten, Lloyd et Ana pourraient être les enfants de vos voisins, à ceci près qu'ils doivent botter les fesses d'animaux fous et de méchants envahisseurs extraterrestres. On prend donc beaucoup de plaisir à faire avancer les personnages dans leur quête délirante.

Mother
Qui est donc la mystérieuse reine de Magicant ?
On retient donc de Mother un sentiment de joie de vivre qu'on ne cesse de ressentir en discutant avec les différents personnages, et un humour bien barré, parfois au service d'une critique bien tournée de la société. La frustration des nombreux game over s'efface devant l'euphorie générale qui émane de ce jeu offrant une aventure bien singulière que vous n'oublierez jamais. Si vous voulez épater vos amis avec une anecdote sur ce jeu, sachez que sa sortie était prévue aux Etats-Unis en 1991 mais qu'elle a finalement été annulée à cause de l'arrivée imminente de la Super NES. La traduction était cependant terminée et les screenshots qui accompagnent cet article sont d'ailleurs tirés de cette version traduite.

Les notes
  • Graphismes14/20

    Mother ne jouit pas des graphismes les plus travaillés de l'époque. Les textures se résument la plupart du temps à une couleur uniforme et le design des personnages reste très sommaire. Les ennemis bénéficient en revanche d'une attention particulière et bien qu'hyper difficiles à vaincre, ils présentent au moins l'avantage d'être jolis.

  • Jouabilité15/20

    La fréquence trop importante des combats et la difficulté générale abusée nuisent énormément au confort de jeu. En revanche, les menus sont très clairs et les commandes ne posent absolument aucun problème. On utilise A pour ouvrir le menu de commandes et B pour courir, rien de plus facile.

  • Durée de vie16/20

    Il faut passer beaucoup de temps à s'entraîner pour atteindre la fin, c'est ce que certains appellent de la « durée de vie artificielle ». Comptez donc sur une bonne trentaine d'heures de jeu, voire plus pour ceux qui voudraient atteindre le niveau 99 pour avoir des personnages encore plus abusés que la difficulté du jeu.

  • Bande son17/20

    Les compositeurs ont fourni un travail formidable en proposant une bande-son bien ancrée dans son époque qui colle parfaitement à l'ambiance du jeu.

  • Scénario16/20

    Même si elle aurait gagné à être plus développée tout au long du jeu, la trame principale reste mystérieuse et passionnante jusqu'à l'apothéose finale. Par ailleurs, de nombreuses histoires annexes viennent agrémenter l'aventure dans chaque ville, comme le sauvetage de Pippi au cimetière à la demande du maire ou la danse au Live Show d'Ellay.

Mother bénéficie d'une ambiance générale totalement décalée qu'on ne retrouve dans aucun autre jeu. On s'attache beaucoup aux personnages et on ne parle pas seulement aux PNJ pour obtenir des informations mais aussi pour se payer une bonne tranche de rigolade tant ce qu'ils ont à dire est improbable. S'il avait bénéficié de graphismes un peu plus élaborés et d'une difficulté mieux calibrée, Mother aurait pu être un véritable chef-d'œuvre apprécié de tous. 5 ans plus tard, tous ces défauts seront corrigés avec la sortie de Mother 2 (EarthBound).

Note de la rédaction

16
18.7

L'avis des lecteurs (27)

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Nes Nintendo Ape Studios RPG
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