Quand le beat’em all rencontre le shoot’em up, cela donne le run and gun ! Ce genre déjà représenté par quelques illustres titres comme Contra risque bien de connaître un tournant majeur dans son histoire avec l’arrivée d’un nouvel ambassadeur. Ce dernier se nomme Metal Slug et a de quoi écraser la concurrence, du haut de ses chenilles crantées. Voyons si ces promesses tiennent du pétard mouillé ou de la véritable bombe atomique.
Premier jeu d'un petit studio nommé Nazca fondé par des anciens d'Irem (développeurs de R-Type), Metal Slug voit d'abord le jour dans les salles d'arcade en 1995 où il remporte un franc succès. SNK flaire alors le potentiel du soft et décide d'aider le studio à porter le jeu sur la Neo Geo. Dans Metal Slug vous incarnez un militaire, Marco Rossi, mercenaire de son état, qui a la lourde mission de contrer l'invasion du Général Morden, un pastiche de Sadam Hussein. Afin de vous aider dans votre tâche, un second joueur pourra venir vous épauler en incarnant Tarma Roving, un autre mercenaire qui dispose des mêmes attributs que Marco.
A première vue, le gameplay est assez proche de Contra, le joueur contrôle un personnage qui se déplace à pied et se défend avec une arme à feu, mais en y regardant de plus près, Metal Slug se distingue sur de nombreux points. Ce qui tranche au premier abord, c'est la qualité des environnements faits de dessins qui atteignent un niveau de détails et de finesse rarement égalés. Bien qu'en 2D, ces paysages donnent une profondeur impressionnante et l'on regrette presque que l'action nous oblige à les quitter du regard. Pour autant, le champ de bataille qui s'anime devant nous n'est pas en reste, puisque le spectacle offert est tout aussi impressionnant.
Faits de sprites de taille moyenne, les protagonistes sont dotés d'expressions qui surviennent en fonction des émotions qu'ils vivent (peur, douleur, détente, etc.), on se surprend alors à les voir prendre vie sous nos yeux émerveillés, ce qui est assez rare pour le genre plutôt habitué à des ennemis sans âme. Mais ce n'est pas tout, puisque Metal Slug décuple l'intensité de l'action en multipliant de façon exponentielle le nombre d'ennemi qui vous attaque simultanément, obligeant le joueur à être constamment sur le qui-vive afin d'éviter les balles qui sifflent de toutes parts.
Le soft reprend le concept d'amélioration de l'armement déjà vu ailleurs, mais il donne aussi la possibilité au joueur de piloter un mini-tank qu'il faudra penser à recharger en essence au risque de le voir exploser. Afin d'obtenir de nouveaux équipements, vous devrez libérer des frères d'armes répartis tout au long des différentes missions. Mais gardez à l'esprit qu'en cas de décès, vous serez contraint à retrouver votre équipement de base fait d'un pistolet, d'un couteau et d'une grenade. Cependant, contrairement à Contra, le contact au corps-à-corps avec un ennemi ne provoque aucun dommage, seuls les tirs et autres coups de couteau vous sont fatals. Cela s'avère plutôt judicieux car vous pouvez alors esquiver certains ennemis pour aller libérer rapidement un prisonnier ou tout simplement pour économiser de précieuses munitions. En effet, si l'arme de base propose des balles infinies, les armes plus avancées sont limitées en munitions.
L'objectif de chaque mission est de détruire les équipements stratégiques (barricades, machines de guerre, bâtiments) que le général Morden a mis en place dans les différentes contrées que vous visiterez. La libération des prisonniers n'est au final qu'un objectif secondaire permettant juste d'augmenter son score et pour espérer inscrire son nom dans la liste des meilleurs joueurs, héritage de l'arcade oblige. Le level design reprend le mélange de plates-formes, beat'em all et shoot'em up en offrant des situations toutes plus originales et parodiques les unes que les autres qui varient assez bien l'expérience de jeu. Car Metal Slug met particulièrement l'accent sur l'humour et la dérision sans pour autant laisser de côté la violence omniprésente. On pourra néanmoins pointer du doigt une certaine répétitivité lors des affrontements mais cela est inhérent au genre. Certains regretteront aussi la censure dont a fait l'objet le soft, le sang étant remplacé par de l'eau.
Quant à la durée de vie, il ne faudra compter que sur ses six missions qu'un joueur expérimenté pourra terminer en une trentaine de minutes. Néanmoins la difficulté assez relevée du soft couplée à une forte rejouabilité, notamment grâce au mode deux joueurs qui permet de refaire les missions en binôme, pondèrent le seul point noir de Metal Slug. Le tout est couronné par une bande-son s'intégrant parfaitement à la frénésie des affrontements et dont les bruitages font ressortir l'intensité avec une grande classe.
- Graphismes19/20
Fourmillant de détails, et pourvu de couleurs justement choisies, Metal Slug dépeint un monde cohérent, à la fois caricatural et violent. Les sprites affichent des mimiques humoristiques qui les dotent d’un charisme rarement égalé. Les plus tatillons relèveront quelques rares ralentissements et clippings, mais ces problèmes restent discrets. Enfin, le rendu des explosions est particulièrement bluffant.
- Jouabilité18/20
Metal Slug se distingue de la concurrence grâce aux affrontements frénétiques dès la première seconde de jeu. De plus, la possibilité d’esquiver ses ennemis sans recevoir de dégâts ouvre les portes à de nombreuses stratégies et permet de s’adonner à de violents combats au corps-à-corps. Le soft intègre quelques phases de plates-formes et les situations rencontrées sont non seulement extrêmement variées mais s’avèrent aussi particulièrement originales.
- Durée de vie12/20
C’est le seul petit défaut du jeu. Avec seulement six missions, le soft pourra être visité en moins d’une heure. Néanmoins, cela est largement compensé par l’excellent mode deux joueurs qui permet de refaire l’aventure avec un(e) ami(e). Il reste aussi la forte rejouabilité puisque de nombreuses heures seront nécessaires pour réussir à libérer tous les prisonniers. A l’image de la version arcade, le soft s’articule autour d’un système de crédits qui permettent de continuer la partie.
- Bande son16/20
Les thèmes s’adaptent parfaitement au climat de guerre qui flotte en permanence dans l’atmosphère, et les bruitages retranscrivent avec brio l’intensité des combats.
- Scénario/
Pour un galop d’essai, le studio Nazca épaulé par SNK signe avec Metal Slug un soft que l’on peut qualifier de grandiose. Chaque aspect est digne d’une grosse production avec des décors sublimes aussi originaux que détaillés, des personnages attachants et charismatiques, des armes particulièrement jouissives à utiliser dont le mini-tank et des affrontements atteignant une rare intensité au point de repousser la console dans ses derniers retranchements. Mêlant avec brio un univers caricatural et violent, Metal Slug transporte le joueur dans une guerre épique qu’il n’est pas près d’oublier.