En attendant un Stronghold 3 qui tarde à pointer le bout de son nez, Firefly Studios propose aux fans de se plonger dans l'univers de la série à succès avec Kingdoms. Se présentant plus comme un interlude que comme un épisode à part entière celui-ci possède tout de même quelques arguments intéressants. Assez pour renouveler la série ?
Commençons par rappeler que la série Stronghold, bien connue des joueurs férus de gestion/stratégie a proposé depuis quasiment dix ans plusieurs épisodes dont la qualité n'est plus à prouver. Pas seulement des simulations de châteaux, ceux-ci mêlaient habilement des éléments de gestion avec des éléments typiques des STR dans un univers médiéval un peu loufoque. Conformément à la mouvance actuelle, la série franchit aujourd'hui un nouveau palier et s'attaque au free-to-play. Proposé gratuitement et intégrant des éléments de MMO ce Stronghold Kingdoms ne prétend pas révolutionner le genre, mais a le mérite d'offrir une nouvelle interprétation de la série qui, il faut bien l'admettre, a peiné à se renouveler dernièrement.
Nous voici donc plongés en plein Moyen Age. Après avoir choisi votre serveur de jeu, vous pouvez décider où bâtir votre forteresse. Si vous êtes francophone, vous pourrez vous installer n'importe où sur un territoire comprenant la France et la Belgique. Cependant, il faut noter que les frontières proposées sont contemporaines. Ce n'est qu'un détail, mais il aurait été appréciable de disposer des frontières historiques. Bref, une fois votre choix fait, vous vous retrouvez dans votre humble village. Cette première apparition des graphismes du jeu nous replonge tout de suite dix ans en arrière. Bien que très lisibles, ceux-ci sont quasiment similaires à ceux de l'épisode originel. Le soft a beau être proposé gratuitement, il aurait été préférable d'avoir des améliorations à ce niveau là. On se rend également vite compte qu'aucun bruitage n'est présent. Si la musique n'est pas désagréable, l'ensemble s'avère très ennuyeux et monotone. Ce n'était pourtant pas été compliqué d'introduire les bruits d'un arbre qui plie sous les coups de hache ou d'une vache qui meugle.
La déception passée, vous pouvez vous lancer dans la partie. Un tutoriel est là pour vous expliquer les actions de base. La première chose à savoir est que vous aurez deux éléments distincts à gérer de front : votre village et votre château. Le premier, véritable cœur du jeu, symbolise l'aspect gestion du soft. Vous y construirez vos fermes, vos entrepôts, habitations, etc...Le second symbolise l'aspect stratégie et vous devrez y placer des murailles, des tours ainsi que vos troupes assignées à la défense. Si l'on s'y retrouve facilement, il paraît étrange d'avoir compartimenté ce Stronghold Kingdoms. Au final, on peine à visualiser notre château et on perd un peu plus en immersion. On retourne donc au village, où vous passerez le plus clair de votre temps. Si celui-ci ne comprend qu'un centre-ville lorsque vous débutez, il va vite croître. Vous pouvez ainsi commencer par placer divers bâtiments dédiés à l'extraction des ressources de base : le bois, la pierre et la nourriture. Il ne faudra cependant pas les placer au hasard puisque leur rendement dépendra directement de leur distance à l'entrepôt. Sachez par ailleurs, que tout a été simplifié à l'extrême. Les vaches pondent en effet directement du fromage et les champs de blé donnent de la bière. Cela dit, si vous n'aurez pas à construire de bâtiments de transformation pour les ressources de base, les armes et objets précieux, doivent quant à eux être fabriqués.
Il vous faudra aussi gravir une échelle sociale comportant 22 niveaux, allant de l'idiot du village à prince. Ceux-ci vous donnent droit à de nouvelles technologies et bâtiments que vous pourrez débloquer à travers un arbre de recherche conséquent. Tout devra ainsi être étudié, des nouveaux bâtiments aux nouvelles troupes en passant par les méthodes d'artisanat et les pensées philosophiques. Pour ce faire, vous devrez utiliser des points de recherche qui pourront être achetés avec l'argent généré par votre village. Ceux-ci seront évidemment de plus en plus chères et les recherches prendront de plus en plus de temps. Réfléchissez donc bien aux conséquences de vos actes et les choix que vous ferez dans cet arbre s'avéreront souvent cruciaux. C'est donc ici que vous déciderez de votre réelle stratégie, qu'elle soit agressive, défensive, mercantile, etc...Si cela n'est pas révolutionnaire, on constate une réelle progression dans la partie qui nous poussera à aller toujours de l'avant.
Vous aurez par ailleurs plusieurs indicateurs à surveiller. Parmi ceux-ci le bonheur de vos citoyens tient une place prépondérante. Celui-ci sera influencé par le taux d'imposition, la diversité des aliments proposés, la présence de bâtiments populaires ou de divertissements. Il aura une influence sur le nombre de paysans dont vous disposerez pour travailler ou intégrer l'armée. Vous devrez également faire en sorte de générer des points d'honneur. Ceux-ci s'obtiennent grâce à la théologie, les décorations de votre ville, la justice, certaines recherches ou l'organisation de banquets où vous distribuerez vos produits de luxe. Ces points sont ensuite multipliés par le bonheur des citoyens et pourront être dépensés pour augmenter votre niveau et ainsi débloquer de nouvelles recherches. Enfin, l'argent devra évidemment être surveillé. Il provient du pillage, des ventes de ressources sur les marchés et des impôts. Il faudra donc jongler entre ces trois points clés pour faire fonctionner à plein régime votre ville. Chaque décision que vous prendrez aura un effet sur ces trois indicateurs et vous veillerez à leur équilibre.
Le soft étant jouable exclusivement en ligne, vous aurez quelques possibilités d'interactions sociales. Vous intégrez ainsi, dès le début de partie, une organisation territoriale stricte. Vous êtes donc rattaché à une ville elle même rattachée à un comté, puis une province et un pays. Vous devrez payer des impôts à la communauté et apporter diverses contributions, qu'elles soient pécuniaires ou militaires. Si vous pouvez piller la ville de votre malheureux voisin, l'intérêt réside dans les guerres entre pays entiers. Les interactions sont cependant limitées et ne comptez pas sur le jeu pour vous faire de nouveaux amis.
Enfin, comment ne pas aborder le modèle économique du soft ? Disponible en free-to-play, vous pourrez donc commencer à jouer gratuitement. Cependant, un contenu premium payant est évidemment accessible et deviendra même indispensable pour celui qui aspire à la grandeur. Un système de cartes est proposé. Celles-ci confèrent divers avantages comme des multiplicateurs de ressources, des dons d'unités et même des bonus d'attaque ou de défense. Si le joueur gratuit pourra obtenir quelques unes de ces cartes en réalisant divers objectifs, le joueur prêt à investir ses propres deniers y aura accès comme il le désire. Un réel déséquilibre s'installe alors et le joueur gratuit sera bien trop souvent condamné à se faire piller sans même pouvoir lutter. Par ailleurs le joueur premium disposera d'une file d'attente pour ses constructions et recherches, ses châteaux seront automatiquement réparés en son absence et ses ressources en trop seront automatiquement vendues. Bien qu'agréable en version gratuite, le jeu nécessitera donc rapidement un investissement de la part du joueur ambitieux et on regrettera qu'un tel déséquilibre ait été instauré.
- Graphismes8/20
Les graphismes du soft présentent dix ans de retard. On était en droit d'en attendre plus, même d'un jeu proposé gratuitement. Le tout reste cependant très lisible.
- Jouabilité12/20
Ce Stronghold Kingdoms possède quelques bonnes idées. L'arbre de technologies, par exemple, ajoute un réel plus au gameplay de la série. Cela reste cependant ultra classique et pas révolutionnaire pour un sou.
- Durée de vie15/20
Le titre propose un contenu non négligeable qui devrait tenir le fan occupé un bon moment. Il faudra cependant penser à mettre la main au porte-monnaie si vous souhaitez vous investir dans le jeu.
- Bande son7/20
Si la musique n'est pas désagréable et colle bien à l'ambiance moyenâgeuse, l'absence de bruits d'ambiance est inexcusable. Au final les villes semblent mortes et bien monotones.
- Scénario/
Assez classique dans ses mécanismes et présentant de nombreux défauts, ce Stronghold Kingdoms n'en demeure pas moins un jeu sympathique et agréable. Celui-ci a le mérite de renouveler la série, un peu en perte de vitesse ces derniers temps. Il ne faut cependant rien attendre de révolutionnaire et les fans de gestion/stratégie n'y trouveront que du déjà-vu.