Prenez une cuillère à soupe de Flashback, une cuillère à café de Prince of Persia et une pincée d’Another World, placez le tout dans un mixeur. Versez la mixture sur des feuilles de Tolkien et faites-en des rouleaux de printemps. Voilà, votre BlackThorne est prêt à être dégusté.
Après l'excellent Lost Viking, Blizzard récidive avec un nouveau jeu de plates-formes/aventure qui s'annonce d'ores et déjà plus mature que son prédécesseur. Bien que le soft conserve l'aspect réflexion, cette fois-ci il faudra se la jouer solo pour résoudre les nombreuses énigmes qui parsèmeront votre route à l'image de FlashBack, Prince of Persia et autres softs du genre dont le gameplay de Blackthrone est fortement inspiré.
Le joueur incarne Kyle, fils du roi Vlaros qui gouverne Androth, une région de la planète Tuul. Sarlac, un sorcier maléfique, convoite la pierre de lumière que détient le père de Kyle. Et ce dernier n'arrivera pas longtemps à repousser les hordes du sorcier. Alors que le royaume est en proie aux flammes, le roi décide d'envoyer son fis sur Terre afin de le soustraire à une mort certaine. Vingt années se sont écoulées, Kyle est devenu un militaire d'élite sans se douter de ses origines réelles. Mais un messager venu d'Androth ne tardera pas à lui dévoiler sa véritable identité et lui demander de libérer les Androthi du joug de Sarlac. C'est alors armé de son fusil à pompe que Kyle décide de partir combattre Sarlac. Avant d'arriver jusqu'à lui, il devra se frayer un chemin à travers un monde plongé dans l'obscurité et la désolation.
Avant de vous lancer dans cette grande aventure, vous avez la possibilité de vous entraîner à travers un tutoriel. Cela est vivement conseillé car la prise en main de Kyle demande un certain temps d'adaptation. En effet, ce dernier peut évoluer de plate-forme en plate-forme en effectuant divers mouvements : sauter avec ou sans élan, s'accrocher à une corniche, rouler, s'accroupir. La précision est donc de mise car il faudra prendre le temps de jauger chaque passage au risque de s'écraser lourdement sur le sol. A ces mouvements viennent s'ajouter la gestion de l'arme que l'on peut dégainer/ranger et utiliser de face ou de dos, ainsi que l'utilisation de divers objets telles les bombes (classique, incendiaire, à tête-chercheuse), les clés, les potions de vie, etc.
Afin de gérer efficacement tous ces items, Kyle dispose d'un inventaire depuis lequel vous pouvez assigner un objet à la touche X. Enfin, sachez qu'il est possible de dialoguer avec les esclaves repartis dans les différents niveaux, mais vous n'aurez pas à les libérer. Néanmoins cet aspect n'est pas à négliger car en plus de vous apporter quelques conseils utiles, les prisonniers vous donneront parfois des objets qui vous serviront à progresser. Sachez enfin que ces malheureux sont exposés aux échanges de tirs et prendront par la suite les armes pour s'engager dans une véritable mutinerie. Dès lors, vous aurez la possibilité d'abréger leur calvaire, de vous en servir comme bouclier humain, ou encore de les laisser s'entre-tuer. Le ton du soft est donné.
Le système de combat de Blackthorne s'avère plutôt original et stratégique. En effet, appréhender les affrontements à la manière d'un beat'em all ne vous conduira qu'à la défaite. Car à défaut d'être des génies, vos ennemis ont néanmoins la faculté de se mettre à couvert lorsqu'ils vous voient. Cela aura pour effet de les mettre hors de portée de vos tirs et vous n'aurez pas d'autres moyens que d'attendre qu'ils sortent de leur cachette. A moins d'être suicidaire, il faudra immédiatement vous mettre à couvert et attendre la fin de la salve ennemie. Toutefois, si vous attendez trop, votre assaillant retournera dans sa cache et sera de nouveau intouchable. Il faut donc gérer avec suffisamment d'anticipation la mise à couvert et le tir ce qui octroie un aspect tactique assez savoureux aux combats. Et ces affrontements se corsent quand vos ennemis disposent de bombes à têtes chercheuses ou qu'ils résistent aux balles. Il vous faudra trouver alors d'autres astuces.
La progression dans l'aventure nécessite la résolution d'énigmes qui s'articulent autour d'un même objectif, libérer le passage obstrué, mais dont les moyens d'y arriver s'avèrent assez variés. Les habitués du genre n'auront aucun mal à les résoudre puisqu'elles sont relativement accessibles, le soft misant plus sur l'action que sur la réflexion. Toutefois, Blackthrone n'est pas exempt de quelques pièges sournois qu'il faudra éviter. Regardez où vous mettez les pieds ! Chaque level est composé de « stages » comportant un code de niveau ce qui facilite grandement l'avancée dans l'aventure. Repartie sur quatre environnements distincts (caverne, marécages, désert, château) décomposés chacun en quatre stages (soit un total de 16 niveaux), votre quête a de quoi vous occuper avant l'affrontement particulièrement long avec le terrible Sarlac. Kyle ne dispose que d'une barre de vie, qui une fois vidée met fin à votre aventure. Vous aurez alors le choix de reprendre la partie au dernier point de sauvegarde ou de quitter le jeu.
Bien que fortement inspiré d'illustres softs précités, BlackThorne dispose d'une identité forte et d'un background riche. Mêlant univers héroïc-fantasy et monde contemporain, le soft réussi brillamment à plonger le joueur dans un royaume obscur grâce à des cinématiques de grandes qualités et à des environnements immersifs. On retrouve également les races chères à Blizzard tels les Orcs, Trolls et autres Golems de pierre armés jusqu'aux dents. Enfin, même si au sein des levels, la trame n'est pas au premier plan, les intermèdes textuels entièrement traduits en français permettent de replacer le scénario au cœur du jeu. Graphiquement, on pourra reprocher au soft d'être un peu trop sombre mais cela n'altère en rien la qualité générale qui affiche des décors travaillés et des sprites détaillés de grande taille. Le tout est enrobé d'une ambiance sonore très réussie grâce à des thèmes énigmatiques ni trop présents ni trop en retrait et à des bruitages atteignant des sommets d'excellence. Mention spéciale au coup de feu de Kyle que l'on croirait sorti d'un FPS, aux rires agaçants des orcs et autres cris d'agonie qui offrent au soft une bande-son unique.
Blizzard signe-là un nouveau chef d'œuvre qui, même si le gameplay ne révolutionne pas le genre, peut au moins se vanter d'être parfaitement maîtrisé et mis en valeur dans un univers ténébreux digne d'un roman de Tolkien. Violent à souhait sans pour autant tomber dans le beat'em all, le soft arrive à concilier action et réflexion avec brio.
- Graphismes14/20
Misant sur les effets d’ombre et de lumière, le titre a une fâcheuse tendance à s’enliser dans une obscurité parfois trop présente. Malgré tout, les différents environnements sont plutôt réussis bien que l’ensemble aurait pu être plus détaillé. Ces quelques petits défauts sont néanmoins très vite oubliés grâce aux ennemis charismatiques qui prennent vie par les grands sprites et les cinématiques de toute beauté.
- Jouabilité14/20
La prise en main de Kyle nécessite un temps d’adaptation qui sera l’occasion de profiter du tutoriel proposé par le soft. Une fois maîtrisé, les déplacements seront alourdis par la nécessité de ranger/dégainer le fusil à pompe pour effectuer les différents mouvements ou attaques. Toutefois, les séquences de plates--formes n’en souffrent guère et s’avèrent aussi réussies que celles de Flashback ou Prince of Persia, pour ne citer qu’eux. Alors que les phases de réflexion sont assez classiques, les combats obligent le joueur à user du système de mise à couvert et autres tactiques pour vaincre les différents ennemis.
- Durée de vie12/20
Avant d’affronter Sarlac dans un combat épique, il vous faudra traverser quatre régions subdivisées en quatre stages, donc autant dire que vous aurez de quoi faire. Comptez au moins deux à trois heures pour boucler l’aventure. Une fois terminé, le titre n’offre aucun intérêt à être recommencé, si ce n’est celui de se replonger dans le monde ténébreux d’Androth.
- Bande son17/20
Blizzard a paré son jeu de thèmes d’une rare richesse. Sans être trop présentes, ces musiques d’ambiance envoûtent le joueur et le plongent progressivement dans l’univers du jeu. Quant aux bruitages, ils sont du même acabit et surprennent par leur qualité et leur réalisme.
- Scénario16/20
Les fans d’univers héroïc-fanstasy seront aux anges quand ils verront la quantité de texte qui les attendent dans la notice et lors des cinématiques. Comme à son habitude, le studio offre un véritable background au héros et à son univers. On regrettera seulement que la trame soit en retrait lors des phases de jeu.
S’articulant autour d’un gameplay déjà éprouvé dans de nombreux jeux du même genre (Another World, Flashback, Prince of Persia), le soft se distingue de ses aînés de part le côté tactique que revêtent les affrontements. De plus, l’univers particulièrement riche et mature de BlackThorne dispose d’un background complet, et fait rapidement oublier son manque d’originalité. L’obscurité omniprésente et une certaine lourdeur dans le contrôle de Kyle pèsent un peu sur la qualité du titre sans être pour autant être un frein à l’amusement. Comme dit l’adage : « c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleurs soupes », et cela n’a jamais été aussi vrai qu'avec Blackthorne qui se doit d’orner votre étagère.