Oyez, oyez, preux chevalier ! Si votre cœur est vaillant, montez votre plus belle monture de combat et envolez-vous pour l’arène, aux confins de la terre, où des compétiteurs vous y attendent de pied ferme. Du bout de votre lance, vous devrez occire vos assaillants dont aucun ne devra réchapper vivant. Mais prenez garde, car le danger pourra surgir de nulle part. Que les joutes commencent !
Initialement sorti en 1982 sur bornes d'arcade, Joust s'invite dans les foyers à travers une adaptation sur Atari ST. C'est dans un univers médiéval fantastique que Williams Electronics nous convie à combattre des chevaliers montant des autruches volantes ou des cigognes. Equipés de lances, vos adversaires tenteront de mettre fin à vos jours afin de briguer la place de vainqueur de la joute. Au nombre de trois, les chevaliers se distinguent par leur vivacité et les points qu'ils rapportent à leur mort. L'IA est assez bonne même si certains comportements suicidaires de vos assaillants pourront surprendre. Les combats prennent place dans une unique arène occupant tout l'écran. L'enceinte, qui est fixe mais que l'on peut traverser de part en part afin de ressortir de l'autre côté, intègre des plates-formes rendant les affrontements moins linéaires qu'ils auraient pu être lors de joutes classiques.
L'objectif est simple, du haut de votre autruche, vous devez tuer tous les adversaires présents à l'écran avant qu'ils ne vous tuent. Les combats sont plutôt courts puisqu'il suffit d'atterrir sur la tête de vos ennemis ou de les embrocher pour les faire choir de leur monture et les ramener à l'état d'œuf. En outre, il faudra vous assurer que ledit œuf soit détruit, par vos soins ou par la lave, car en le laissant éclore, le chevalier réapparaît et l'autruche s'empresse de le rejoindre pour qu'il reprenne le combat. Ce laps de temps sera d'ailleurs votre dernière occasion de l'achever.
La principale difficulté du soft réside dans la maîtrise de votre monture volante. En effet, l'autruche n'est pas un animal particulièrement agile dans les airs, et Joust ne tardera pas à vous le rappeler. Dès lors, vous devrez vous battre contre la gravité en battant frénétiquement des ailes tout en composant avec les forces cinétiques qui vous propulsent dans tous les sens, sans oublier les atterrissages chaotiques se soldant par des ricochets ou des glissades. Autant dire que la prise en main, bien que limitée à une touche et à la croix directionnelle, demandera un certain temps d'adaptation et pourra s'avérer frustrante au début. Pour vous compliquer un peu plus la tâche, l'arène de combat évoluera au gré des « vagues » de chevaliers. Ainsi, les passerelles qui vous évitaient de sombrer dans la lave ne tarderont pas à disparaître, laissant deux trous béants où des mains sorties de nulle part tenteront de vous attirer dans le magma. En plus de cela, un ptérodactyle plutôt vorace essayera par tous les moyens d'attenter à votre vie.
Sachez que plus vous évoluerez au sein des niveaux, plus vos ennemis seront nombreux, voire très nombreux. Au fil de votre évolution, l'arène ne cessera de se dégrader jusqu'à arriver à la disparition totale des plates-formes qui vous servaient de refuge. Autant dire que la difficulté est assez relevée d'autant plus que la moindre attaque vous est mortelle, pas de transformation en œuf pour vous, et que le nombre de vie est limité à quatre. Dès que vous aurez épuisé votre stock de vies, vous serez invité à reprendre votre partie de zéro. L'objectif étant de tenir le plus longtemps possible afin d'obtenir le score le plus élevé. Le gameplay connaît toutefois quelques variations avec notamment un niveau rempli d'œufs qu'il faudra détruire rapidement avant que les autruches arrivent, sans quoi vous vous retrouverez avec des dizaines de chevaliers à vaincre.
Le multijoueur n'est pas en reste puisqu'un mode coopératif à deux joueurs sur le même écran est disponible. En outre, le terme « coopératif » est assez flexible car vous pouvez assassiner sournoisement votre comparse à n'importe quel moment afin de glaner le maximum de points.
Sur le plan des graphismes, Joust ne brille pas par ses prouesses techniques. Doté de sprites extrêmement simplistes, dépourvu de décors, et se contentant d'une seule arène qui évolue de façon assez mineure, le soft reste néanmoins agréable à l'œil de par sa simplicité. Heureusement, les animations ne souffrent d'aucune lacune même si elles-mêmes sont assez basiques. Quant au contenu sonore, il s'avère encore plus rachitique que le moteur graphique. Aucune musique n'est présente dans le jeu, seuls les rares bruitages vous sortiront de votre torpeur.
Malgré ses quelques points négatifs, Joust s'avère être une véritable perle vidéoludique. Original, addictif, stressant à souhait, le soft mettra vos nerfs à rude épreuve. Mais ce petit plus indicible dont il dispose ne vous laissera jamais indifférent. Williams Electronics nous prouve que simplicité peut rimer avec complexité. En somme, une expérience unique et atypique qui n'a pas d'égal dans sa catégorie.
- Graphismes7/20
D'une simplicité déconcertante, les graphismes ne sont clairement pas le point fort de Joust. L'absence de décors et la désuétude des sprites ne jouent pas en la faveur du soft. De plus, le joueur devra se contenter d'une seule apparence d'arène qui évolue assez discrètement. Néanmoins, l'ensemble n'est pas gênant à l'œil et se révèle au final assez épuré.
- Jouabilité14/20
La prise en main est particulièrement déroutante de par l'intégration de la gravité et de la force cinétique dans le jeu. L'autruche n'étant pas l'oiseau le plus à l'aise dans les airs, vous devrez combattre en permanence contre ces lois de la physique. Mais cette particularité qui pourrait être vue comme un défaut de gameplay s'avère au final très originale et nous oblige à concilier concentration et anticipation. Quant au système de combat, il est des plus simples puisqu'il suffit de fondre sur vos ennemis pour les tuer. Le gagnant est le dernier chevalier qui survit aux autres.
- Durée de vie12/20
Difficile de noter un jeu dont le principal but est le scoring. Les fans du genre pourront y passer de nombreuses heures, alors que les autres pourraient être rebutés assez rapidement par le concept plutôt répétitif du jeu. Heureusement, le multijoueur renouvelle bien l'expérience de jeu et offre des parties endiablées à deux.
- Bande son6/20
Se limitant à quelques bruitages, on peut difficilement parler de bande-son.
- Scénario/
Joust ne dispose pas de scénario à proprement parler mais seulement d'un synopsis de quelques lignes présent dans la notice du jeu.
Véritable ovni vidéoludique, Joust surprend grâce à un concept de jeu unique qui se situe entre le beat'em all et le shoot'em up. Imaginez des chevaliers montant des autruches volantes et s'affrontant dans les entrailles de la terre, où seul le survivant de joutes aériennes est élu vainqueur. C'est ce que propose Williams Electronics. Doté d'un gameplay déroutant au premier abord et de graphismes très épurés, le soft mérite que l'on s'y attarde le temps de quelques parties tellement l'expérience s'avère atypique et divertissante. Les fans de scoring pourront ajouter quelques points à la note générale car le jeu leur est clairement destiné. Les autres y reviendront pour des parties multijoueurs endiablées.