Pour beaucoup, Chrono Cross reste un des meilleurs RPG de la PlayStation, voire un des meilleurs toutes plates-formes confondues. Évidement, ça fait un peu gros de dire cela comme ça, mais une telle réputation ne se forge pas par hasard. Il y a forcément des raisons à ce succès.
C'est en novembre 1999 que sort enfin la suite tant attendue du monstre que fut Chrono Trigger. L'histoire commence avec un jeune garçon muet, qui en ce temps cherche des coquillages pour sa petite amie. Serge, jeune homme originaire du village d'Arni, voit sa vie basculer le jour où il rejoint par inadvertance un autre monde parallèle au sien. Il apprend ensuite que dans ce nouveau monde, il est mort et enterré depuis dix ans. Alors qu'il allait voir sa propre tombe au Cap Howl, Serge se fait attaquer par trois hommes. Ces derniers le désignent par le terme « Ghost-boy », et semblaient attendre sa venue. Mais Kid, une jeune femme, intervient et met en fuite les assaillants. Elle affirme ensuite à Serge que ces personnes étaient envoyées par un certain Lynx. Ce premier rebondissement ne constitue que le début d'un voyage inoubliable. Un voyage qui proposera des réflexions sur le sens de la vie, tout en évoquant le thème philosophique du fatalisme. Alors que CT reposait sur un système de voyage temporel, CC repose lui sur un système de voyage interdimensionnel. Riche idée, très bien exploitée pour le scénario.
Enchaînons sur le gameplay de ce jeu qui, avouons le, est assez particulier. Ici, nous n'avons pas affaire à un RPG ordinaire, c'est-à-dire : phase d'exploration, village, donjon, combats, boss, etc. Même si le fond est similaire. Certes, vous aurez à traverser des donjons, à visiter des villages ou encore à combattre des ennemis, mais c'est plutôt la manière dont vous aborderez ces différentes actions qui diffère un peu des RPG ordinaires. Dans ce jeu, vous voyagerez entre deux dimensions la plupart du temps. Ainsi, certains objets seront à aller chercher dans une dimension pour l'apporter à la bonne personne dans la dimension opposée. Le système de combat mérite un grand intérêt. Tout d'abord, les monstres sont visibles à l'écran lors des phases d'exploration. Il est donc possible de les éviter si besoin. Les affrontements se déroulent dans un tour par tour plutôt conventionnel. Mais de nombreuses spécificités entrent en ligne de compte. Chaque personnage détient sept points de stamina, et la commande « attaquer »autorise trois types de coup. Le premier est faible mais a beaucoup de chances d'atteindre sa cible. Le second est équilibré, tandis que le troisième est fort mais peu précis. Chaque type de coup dépense respectivement un, deux et trois points de stamina. A noter que plus vous frappez un monstre, plus la précision de vos attaques augmente. On débute donc généralement avec l'attaque la plus faible pour assurer le coup, et ensuite on enchaîne avec des frappes dévastatrices quand nos chances de réussite sont conséquentes. Le procédé est le même pour les objets. Un peu déroutant en début de partie, mais on s'y habitue très vite.
Le système de magie se révèle stratégique dans son approche. Appelées Éléments, les magies se placent sur une grille qui évolue en fonction de la progression des personnages. Vous n'aurez ainsi que quelques Eléments à disposition au début du jeu, tandis que par la suite vous pourrez en équiper des dizaines par personnages. Ces Eléments s'achètent dans les boutiques ou se trouvent dans les coffres, et ne peuvent être utilisés qu'une seule fois par combat. Ils sont classés par pallier dans la grille. Il y a donc des magies allant du niveau un à huit. En combat, vous ne pouvez pas lancer un sort de haut niveau comme ça. Il faut les débloquer en frappant. Ainsi, il est crucial de bien gérer votre stamina, vos Eléments, tout en ayant à l'œil quels Eléments vous pouvez utiliser à cet instant précis. Car sans stamina, impossible de frapper. Vous ne pouvez donc pas faire usage de la magie, et vous n'aurez plus qu'à regarder le boss vous casser en deux. De plus, chaque personnage est assigné à un élément. Par exemple, Norris est d'élément foudre, et Fargo eau. Comme souvent dans les RPG, certains éléments s'opposent entre eux. Ainsi, Serge (élément blanc) sera très sensible à la magie noire.
Par la suite, Chrono Cross propose une liberté de choix conséquente au joueur. Il est en effet possible d‘échapper à la linéarité du scénario pour explorer les deux mondes comme bon vous semble. Et le jeu de rôle prend toute son ampleur quand on remarque que certains choix du joueur l'emmèneront dans différentes branches scénaristiques. Bon nombre de personnages sont accessibles en fonction de vos décisions. Le new game + est donc nécessaire si vous souhaitez recruter tout le monde. Trois objets vous seront remis en début de partie : le time egg, qui permet de ré affronter le boss de fin à tout moment, le time shifter, pour accélérer la cadence du jeu, et le relief charm, grâce auquel vous pourrez remplacer Serge en combat. Ces trois objets sont fantastiques et vous feront profiter des onze fins différentes de CC, tout en empruntant de nouveaux embranchements scénaristiques. Pour terminer, la durée de vie approche les 40 heures de jeu, 30 pour un habitué, étant donné que la difficulté du jeu n'est pas bien élevée. C'est honorable.
- Graphismes18/20
Techniquement irréprochable pour son époque, avec une modélisation ingénieuse, CC dispose surtout d'une ambiance sublime qui fait toute l'identité du jeu. Les décors sont magnifiques, plein de poésie. Un bestiaire est très diversifié, avec un design original. Les personnages sont dans une 3D époustouflante, nets et détaillés, mais on regrette qu'il y en ait si peu de charismatiques. Les scènes cinématiques sont de très bonne qualité, toujours présentes à un moment crucial dans l'histoire.
- Jouabilité17/20
Le gameplay diffère beaucoup des RPG traditionnels. Pas de leveling ici, on gagne des niveaux seulement contre les boss, ce qui déroutera un peu les joueurs. Avec ses combats au tour par tour, ses magies et ses énigmes durant les phases d'exploration, Chrono Cross reste dans le conventionnel. Mais il innove intelligemment avec la richesse du système des Éléments, ou encore avec les trois types de frappes.
- Durée de vie16/20
La durée de vie est moyenne, il vous faudra environ 40 heure pour terminer le jeu. Quelques mini-quêtes sont disponibles. De plus, CC dispose d'un new game + pour essayer de trouver tous les personnages cachés et les différentes fins possibles. On y revient sans problème.
- Bande son19/20
Chrono Cross dispose d'une OST remarquable en tous points. Les nombreux thèmes composés par Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, entre autres) se révèlent être de véritables bouffées d'air frais. La variété des instruments utilisés confère aux musiques un certain équilibre. L'ensemble est teinté d'une mélancolie prononcée. Mais de nombreux airs épiques sont également présents. Les traces de CT sont toujours là, puisqu'on trouve quelques reprises. Et la musique de l'introduction est un chef d'œuvre à elle seule !
- Scénario17/20
Le scénario semble simple au premier abord, mais se révèle en fait d'une complexité rarissime. Les thèmes abordés sont vraiment intéressants, d'autant plus que les personnages sont très travaillés. De nombreux rebondissements vous attendent tout au long de l'aventure.
Des graphismes à couper le souffle, un scénario d'anthologie et un gameplay novateur font de Chrono Cross le digne successeur de Chrono Trigger, et l'un des meilleurs jeux de son époque. La quarantaine d'heures que vous passerez dessus vous paraîtra d'autant plus courte que l'aventure est riche et les événements nombreux. Nul doute que ce titre a laissé son empreinte dans le cœur de tout amateur de RPG.