Le petit monde du jeu indépendant est fait d'agréables trouvailles mais aussi de cruelles déceptions. Auréolé d'une sélection en finale à l'Indie Game Challenge du DICE Summit, Fortix 2 appartient hélas à la seconde catégorie.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut signaler que Fortix 2 n'est pas vraiment une découverte pour l'auteur de ces lignes, qui n'a pourtant jamais eu l'occasion de s'adonner au premier volet. Comment expliquer cela ? C'est très simple : présenté par ses concepteurs comme un "tower defense inversé", ce titre n'est finalement qu'une remise au goût du jour de Qix, un célèbre jeu de gagne-terrain qui a fait les grandes heures de l'arcade au tout début des années 80. Le principe est de conquérir une surface rectangulaire en vous appropriant les zones que vous formez en marchant. Vous débutez sur les bords du rectangle et il vous suffit de vous déplacer vers l'intérieur pour tracer une ligne ; si vous parvenez à la fermer en regagnant votre ligne de base, vous vous emparez de la zone formée.
Fortix 2 apporte une variante sympathique à ce concept vieux comme le monde en vous invitant à capturer des objectif précis : de vastes forts, défendus par des tours qui vous criblent de projectiles dès que vous quittez votre ligne de base (sur laquelle vous êtes en sécurité). Comme les choses sont bien faites, et un peu trop sans doute, chaque tour de défense est associée à un canon, que vous pouvez retourner contre elle si vous vous en emparez en traçant une zone autour de lui. Une fois les tours détruites, vous pouvez tranquillement vous emparer du (ou des) fort(s) et passer au niveau suivant. Au fur et à mesure de votre progression, le jeu introduit de nouveaux éléments qui viennent vous compliquer la tâche : vous aurez droit à différents types d'obstacles, comme des surfaces qui vous ralentissent, des murailles infranchissables ou encore des portes dont il faut s'emparer de la clé, mais aussi à des ennemis, qu'ils prennent la forme de gardes qui font leur ronde ou de dragons qui fondent sur vous en vous arrosant de boules de feu dès que vous quittez votre ligne de base.
Bref, il va vous falloir faire attention (si vous vous faites toucher, vous perdez l'une de vos 5 vies). Le problème, c'est que ce souci de prudence est la seule exigence de Fortix 2, qui ne contient pas la moindre petite once de stratégie malgré sa prétendue parenté avec le genre très en vogue du tower defense. Les nouveaux éléments introduits au fil de la progression ne parviennent pas à insuffler au gameplay une quelconque dimension tactique. C'est d'ailleurs la même approche – s'emparer des canons pour détruire les tours – qui prévaut pour tous les niveaux, ce qui entraîne une certaine répétitivité à la longue. Qui plus est, le challenge est aux abonnés absents : si vous progressez en formant de petites zones, vous rencontrez peu de difficultés puisqu'un seul type d'ennemi (les chauves-souris, facilement évitables) peut vous toucher sur votre ligne de base. Le jeu ne vous incite guère à prendre de risques, si ce n'est pour récupérer un des bonus qui apparaissent aléatoirement (accroissement de votre vitesse, immobilisation des monstres).
Du coup, l'expérience s'apparente à un gagne-terrain un tantinet laborieux qui ne devient dangereux que lorsque, perdant patience ou soucieux de booster votre score pour figurer dignement dans le classement mondial, vous vous risquez à essayer de capturer une plus grande zone et les ennemis qui s'y trouvent. Dans l'absolu, peu importe que Fortix 2, qui s'adresse surtout à un public familial, soit dépourvu d'un véritable challenge : n'était-ce pas déjà le défaut d'un jeu Plants vs. Zombies, qui s'avérait par ailleurs particulièrement fun ? Mais le jeu de Nemesys Team Studio n'a pas le même pouvoir d'attraction : dénué d'humour, doté d'un style graphique particulièrement terne, il ne peut guère mettre en avant que sa bande-son réussie. Qui plus est, Fortix 2 manque singulièrement de contenu : les 30 niveaux proposés se bouclent en à peine 3 heures. Le titre étant tout de même vendu 7 euros, cela fait un peu cher si l'on considère qu'il n'est finalement pas beaucoup plus attrayant que certains jeux flash accessibles gratuitement sur le Net.
- Graphismes10/20
La réalisation évoque celle d'un jeu flash, avec des graphismes génériques aux légers accents cartoon et des animations minimalistes. Rien de scandaleux, mais rien d'attirant non plus.
- Jouabilité9/20
La prise en main est rapide et la jouabilité au poil (privilégiez tout de même le clavier à la souris). Mais le gameplay, dénué d'enjeux stratégiques, manque singulièrement de consistance.
- Durée de vie6/20
Trois heures de jeu assez redondantes, un classement mondial et c'est bien tout. Fortix 2 manque sacrément de contenu (ou bien il est vendu trop cher, c'est selon).
- Bande son14/20
Les thèmes musicaux bien dans le ton, qui diffusent discrètement leurs notes de clavecin, sont réussis et les bruitages sont corrects, ce qui fait de la bande-son l'unique point fort du jeu.
- Scénario/
Dénué de tout enjeu stratégique, Fortix 2 n'est qu'une variante de Qix remise au goût du jour sans l'idée brillante qui lui aurait permis de s'imposer dans la masse des productions indépendantes. Trop court ou trop cher (au choix), il n'a rien de particulièrement prenant et s'apparente plutôt à un de ces passe-temps qui abondent dans le domaine des jeux flash.