Un décor de film noir, un héros charismatique nonchalant, des dialogues fleuris... nul doute possible, Red Johnson's Chronicles soigne son ambiance, élément prépondérant dans tout jeu d'aventure qui se respecte. Véritable plus-value, celle-ci sous-tend de bout en bout ce point and click au charme ravageur. L'aventure débute lorsque Red Johnson se voit proposer une nouvelle enquête par un policier totalement incompétent, répondant au doux nom d'Officer Robert. Un meurtre a été commis sur le Drownedmen's Bridge, en plein centre de Metropolis, et il vous appartiendra de faire la lumière sur les événements, en fouillant la scène du crime, en interrogeant témoins et suspects, en analysant certaines preuves... Ces mécanismes somme toute très classiques se renouvellent suffisamment pour offrir un cocktail réussi au joueur, jugez plutôt. Chaque environnement se dévoile sous la forme de plans fixes, dénués de notre Red Johnson. Un curseur rond peut être déplacé à l'aide du stick analogique, et permet de rechercher les zones d'intérêt de l'écran. Une tache de sang, un distributeur de journaux, une caméra de surveillance... certaines zones permettent de faire avancer l'enquête en déclenchant par exemple de nouveaux dialogues, quand d'autres sont accessibles via un zoom qui nous confrontera le plus souvent à une énigme originale et très logique.

Car l'exploration dispose finalement d'une place assez réduite dans Red Johnson's Chronicles, l'accent étant mis sur les casse-tête à résoudre, le plus souvent de façon très logique. Ceux-ci parsèment généreusement le jeu et sont d'une difficulté assez relevée. Réparer une pompe à eau, remettre un appareil photo en état de marche pour extraire les derniers clichés pris, remettre le courant... toutes ces tâches donnent lieu à des énigmes vraiment plaisantes et surtout assez originales, proposant souvent une nouvelle interprétation d'un casse-tête déjà vu dans d'autres jeux du même genre. Certains mouvements (ouvrir une trappe, tourner un levier vers la droite...) sont à reproduire avec le stick analogique, ce qui rend nos actions un peu plus intuitives et se révèle vraiment plaisant. Un système d'indices un peu maladroit est également de la partie. En échange de quelques dollars, votre indic vous fournira trois indices progressifs. Malheureusement, ceux-ci permettent rarement de débloquer le joueur égaré, puisqu'ils révèlent des informations logiques sur la marche à suivre, et donc déjà devinées. Qu'à cela ne tienne, on prendra plaisir à rester bloqué de longues minutes en cherchant la solution de certaines énigmes, quand d'autres ne nous auront posé aucun problème. La durée de vie varie donc d'un joueur à l'autre, mais se situe tout de même aux alentours des six à huit heures de jeu, longueur très convenable pour un jeu accessible via le PSN pour une dizaine d'euros.

Si le gameplay du jeu se révèle donc vraiment satisfaisant et adapté, le scénario de Red Johnson's Chronicles est hélas un peu plus en retrait. Plaisant à suivre, il ne décolle pourtant jamais vraiment, se contentant de jouer la carte du classicisme avec ses situations un peu trop convenues. Les personnages secondaires, peu nombreux, disposent d'une vraie personnalité, mais ne brillent pas non plus par leur originalité. Ils se rattrapent heureusement grâce à des dialogues savoureux et très... imagés, portés par des voix anglaises dans le ton. Les sous-titres en français sont également de bonne qualité, et conservent ce langage fleuri. La synchronisation labiale laisse par contre vraiment à désirer. Certaines scènes ou réflexions du héros ne disposent pas de voix, ce qui nuit un peu à l'immersion, même si l'ensemble reste compréhensible. Les phases de dialogue, assez nombreuses, testent parfois votre mémoire et votre compréhension de l'intrigue, en vous offrant des questions à choix multiple pour faire avancer l'interrogatoire. Si vous vous trompez, vous n'aurez plus qu'à recommencer la phase de jeu. Pour dynamiser le soft, Lexis Numérique a introduit quelques QTE lors de certaines cinématiques. Sans doute dispensables, ces actions contextuelles n'en restent pas moins amusantes, d'autant plus qu'elles ne requièrent pas une réactivité à toute épreuve. Un système de notation a également été introduit, chaque séquence de jeu (dialogues, énigmes, QTE) donnant lieu à une notation sous forme de lettres variant selon notre nombre d'essais et le temps passé sur la séquence. Ces notes permettent également de remporter de l'argent, argent qui servira ensuite à débloquer d'autres indices. Ce premier épisode de Red Johnson's Chronicles nous offre donc une aventure très sympathique à l'ambiance « polar noir » assez convaincante. Si l'histoire proposée mériterait d'être étoffée, on ne boudera pas notre plaisir en résolvant cette fournée d'énigmes soignées sortant un peu du lot.