Comme une grande partie des bandes dessinées franco-belges de l'époque, le héros imaginé par Rob-Vel a lui aussi eu droit à son adaptation en jeu vidéo. En 1995 sort donc Spirou sur Super Nintendo, et Infogrames occupe une fois de plus les places de développeur et d'éditeur. Les fans attendent de pied ferme une aventure qu'ils espèrent haute en couleur.
En conférence à New-York, le comte de Champignac présente au monde scientifique ses dernières découvertes destinées à améliorer la vie des terriens. Il est évident qu'avec un programme si humaniste, un malheur devait se produire et c'est ainsi que d'une façon brusque et surprenante, le vieil homme disparaît sous les yeux ébahis de ses amis Spirou et Fantasio. Cyanure, méchant robot au féminin dont le seul but est de régner-sur-la-Terre-avec-son-armée se téléporte devant les deux compères et se volatilise à son tour. Spirou notre héros, n'écoutant que son courage, s'élance donc pour sauver son ami des griffes de « bionic woman ». Précisons ici que le groom s'en va guerroyer seul. Fantasio, lui, ne fera que de brèves apparitions au cours du jeu et son utilité se révèlera plus que discutable.
Au premier abord, le jeu Spirou apparaît comme accessible, d'une difficulté certes existante mais somme toute relativement faible. Il est vrai que les premiers niveaux permettent une approche simple pour éviter au joueur toute frustration, sentiment bien connu et redouté par la plupart des jeunes gamers de l'époque. Cependant, à mesure que vous progressez, les dangers se font plus nombreux et votre barre de vie se révèle très fragile. Celle-ci donne la (fausse) impression d'être permissive et vous pousse à vous surestimer. Ainsi, vos vies, au nombre de trois diminueront inexorablement et le game over lui, vous narguera en vous ramenant à l'écran titre. C'est donc sur les mêmes principes que ses aînés que fonctionne Spirou, véritable support de la progression par l'échec, obligeant les joueurs à mémoriser chaque danger potentiel au nombre évidemment important.
Car oui, on pouvait s'en douter, Cyanure s'est amusée à nous compliquer la tâche, apportant un peu de « piment » dans une aventure déjà forte en sensations. Au cours de son périple, le groom devra concentrer toute son attention sur son environnement quelque peu… hostile mêlant angoisse et panique. En effet, la méchante de l'histoire a pour ambition d'asservir la Terre, non pas de façon pacifique on s'en doute mais en prônant une domination guerrière. Son armée se compose donc d'une multitude d'animaux bioniques, terrestres et aériens tels que les araignées ou encore les chauves-souris. Ces ennemis, malgré leur ambition de vous sauter à la gorge, n'en possèdent pas moins quelques utilités plaisantes et fort appréciables. Ainsi, lorsque Spirou se retrouvera sur les toits, les monstres laisseront gentiment tomber des tyroliennes pour qu'il puisse se déplacer le plus aisément possible de tuile en tuile.
Lorsqu'on pense à la bande dessinée éponyme, il est évident que la soif de voyage dans des endroits toujours différents se fait affreusement sentir. Infogrames l'a bien compris et nous offre, suivant le chemin de ses précédentes adaptations de BD, des univers colorés et variés, exploitant avec brio les capacités de la Super Nintendo. Pour preuve, certains passages sont littéralement à tomber par terre tels que la splendide vue nocturne de New York sous la pluie, criante de vérité. Mais la quasi-perfection ne s'arrête pas ici et le jeu réussit sans aucun mal à nous méduser devant une foule de détails apportant à l'ensemble une qualité indéniable. Ceux-ci, souvent répartis par plans, s'immiscent avec une grande justesse sans pour autant occuper une place trop importante. En outre, du côté de l'animation, Spirou nous offre des mouvements dénués de toute rigidité s'adaptant bien à l'action. En conclusion, le jeu se révèle intéressant, capable de proposer une bonne expérience, relativement courte certes mais totalement réussie.
- Graphismes17/20
Dans ce domaine-ci, Infogrames nous a toujours proposé des univers respectant l'œuvre des auteurs. La tradition se poursuit dans Spirou, et les différents stages méritent une appréciation toute particulière tant leur réalisation ne souffre d'aucune faille.
- Jouabilité13/20
Les contrôles répondent assez bien et le gameplay, simple, permet de progresser sans trop de difficulté. Cependant, certaines phases, ardues à cause d'un environnement très hostile constituent un réel challenge.
- Durée de vie12/20
Globalement rapide dans sa progression, le jeu possède néanmoins certains passages secrets que seuls les joueurs les plus obstinés dénicheront. On table donc sur une durée de vie de six heures mais une grosse heure suffit si l'on connaît parfaitement les niveaux.
- Bande son14/20
Quelques thèmes sympathiques agrémentent merveilleusement bien l'histoire mais d'autres, plus criards deviennent vite pesants. Les bruitages quant à eux sont dans la moyenne.
- Scénario13/20
On se laisse gentiment entraîner par cette histoire d'enlèvement assez enfantine même si elle ne possède que peu d'intérêt et sert juste à lier les niveaux les uns aux autres.
Infogrames nous propose une fois de plus une adaptation travaillée et plaisante mais sa difficulté à certains moments très élevée aura raison de plus d'un joueur. Le soft constitue donc un bon divertissement réservant des passages mémorables que les fans ne pourront laisser de côté.