Fut un temps, les jeux d'équitation étaient légion sur PC et sortaient par paquets de cinq. Pourtant, il faut bien avouer que depuis un couple d'années, le genre est bien moins en vue. Mais soudain, Planet Horse arrive dans toute sa splendeur ! Splendeur ? Vraiment ?
Bon, déjà, soyons clairs, si vous n'êtes pas une jeune fille de moins de 12 ans, vous n'avez rien à faire sur cet article. Non, ne croyez pas que j'ai soudainement décidé que l'équitation était exclusivement destinée à ce panel, comme ça, sur un coup de tête. Il se trouve juste que c'est exactement ce que compte nous faire croire Planet Horse, comme à peu près 95% des titres du genre. Oui, visiblement, pour l'industrie vidéoludique, le cheval, c'est pour les midinettes pré-pubères et pour personne d'autre.
Voilà donc pourquoi dans Planet Horse vous êtes FORCEMENT une fille, et a fortiori, FORCEMENT une blonde aux cheveux longs avec une queue de cheval. Bien que beaucoup de choses soient customisables, vous voilà donc déjà obligé d'incarner un cliché ambulant. Accessoirement, parmi les sept choix de « chevaux », vous aurez tout de même droit à un zèbre et... une licorne, des fois que vous n'ayez toujours pas compris à qui on s'adressait... Allez, tentons d'en faire fi et découvrons un peu les possibilités offertes par le titre. Jeune cavalière prometteuse, vous allez devoir monter les marches de la célébrité hippique en gagnant des concours de plus en plus difficiles, du moins en théorie. Vous devrez faire vos preuves aux CSO (Concours de Sauts d'Obstacles) et au Cross face à des adversaires dont vous ne verrez que le prénom et le score. Tout de suite, le gameplay s'avère d'une simplicité à faire peur. Vous dirigez votre cheval en cliquant là où vous voulez aller, ce dernier galopant automatiquement selon la distance à parcourir. Pour les sauts, le jeu passe soudainement au ralenti et vous devrez appuyer sur le clic gauche de la souris avec un bon timing lorsque l'une des pattes du cheval touchera des icônes au sol. Là où c'est drôle, c'est qu'avec le ralenti, il est pratiquement impossible de se rater, d'autant que l'icône change de couleur au moment où vous devez cliquer. Plus drôle encore ? Vous avez tout à fait le droit d'appuyer au mauvais moment, tant que vous le faites aussi au bon moment. Cela implique que vous pouvez tout simplement marteler comme un décérébré pour réussir à coup sûr votre saut à la perfection. Mais diantre, où est donc l'intérêt ?
Notez donc que si je parle du gameplay des CSO et du Cross dans un même paragraphe, ce n'est pas par hasard. Ils sont totalement identiques. La seule différence, outre le cadre, c'est que le premier augmente les compétences de sauts du cheval alors que le second augmente sa vitesse. Heureusement, les développeurs ont tout de même pensé au rêve de toute midinette, le mode Promenade, qui contrairement à ce que son nom semble indiquer, est aussi une épreuve. Le but est de ramasser un nombre d'items spécifique au sol, ou tout simplement de passer trois portes en suivant un parcours fléché. Vu que le maniement du cheval ne vous demande que de pointer la direction dans laquelle il doit se rendre, l'ennui s'abat sur nous de tout son poids à une vitesse défiant les lois de la gravité. Si encore le galop provoquait quelques sensations... Mais non, pas un pet' de vent dans les cheveux, rien, que dalle. Même à pleine allure on a l'impression de se traîner comme une vieille limace morte.
Sachez toutefois que les compétitions et autres promenades vous rapporteront des sous que vous ne tarderez pas à dépenser au magasin. Vous pouvez très bien vous acheter de nouveaux vêtements mais aussi des équipements plus performants pour votre cheval, augmentant ainsi vos capacités communes. Enfin, l'écurie est l'endroit idéal pour vous occuper de votre destrier, que ce soit pour le panser ou le shampouiner un peu pour qu'il soit joli comme un camion. Tout se fait à la souris dans la joie, l'allégresse et le total manque d'intérêt. Pour finir, oui, Planet Horse est bel et bien un énième jeu qui multiplie les erreurs. Si on a désormais l'habitude du cliché « le cheval, c'est pour les gonzesses », on s'étonne toujours de voir les éditeurs s'y enterrer aussi profondément. Mais c'est encore pire quand ce premier raccourci est suivi d'un second, qui se résumera parfaitement dans la phrase « les gonzesses ne savent pas jouer aux jeux vidéo », expliquant ainsi un gameplay simplifié à tel point qu'on s'ennuie dès les premières secondes, que l'on soit un gamer confirmé ou une petite fille de huit ans. Encore une fois, il y a de quoi être choqué en se rendant compte que les meilleures sensations à cheval dans le jeu vidéo sont issues de titres qui n'ont absolument aucun rapport avec l'équitation (au hasard : Ocarina of Time, Shadow of the Colossus, Darksiders, Red Dead Redemption...). Avec une telle mentalité, c'est pas près de changer...
- Graphismes8/20
Les animations de votre monture manquent vraiment de vie. Pour le reste, plat et vide semblent de très bonnes définitions de ce qui vous attend.
- Jouabilité5/20
D'un certain côté, on ne peut pas dire que cela ne soit pas maniable, d'un autre, on a tellement peu de choses à faire que l'intérêt est inexistant. Des combinaisons un poil plus compliquées ? Un timing plus serré ? De la diversité ? Nooon, pourquoi donc ajouter des trucs pareils mes bons amis !
- Durée de vie9/20
D'un certain côté, il vous faudra plusieurs heures pour tout débloquer. D'un autre, tout ce que vous ferez après la première demi-heure de jeu ne sera qu'une redite de ce que vous avez déjà fait (aux Etats-Unis plutôt qu'Europe, ça ne change pas grand-chose...).
- Bande son3/20
Vous êtes muette, votre coach est muet, votre cheval ne sait pas hennir... Ca c'est de l'ambiance !
- Scénario4/20
Oui, il y a un scénario, le même que dans tous les jeux du genre depuis maintenant plus de dix ans. Le premier à avoir écrit ce scripte a dû s'acheter un sacré paquet de villas.
Le cheval, c'est pour les filles et les filles, c'est des demeurées. Voilà ce qu'essaie de nous dire Planet Horse par le biais d'un gameplay au ras des pâquerettes, d'un intérêt aux abonnés absents et d'une succession de clichés plus gerbants les uns que les autres. Cool...