Après Roboblitz et Star Trek D-A-C, deux titres honnêtes mais pas forcément transcendants, le studio américain Naked Sky Entertainment persiste dans le domaine du jeu en téléchargement. Disponible sur le Xbox Live Arcade et prochainement sur le Playstation Store, Microbot est un shoot'em up qui vous envoie explorer les profondeurs du corps humain afin d'éradiquer un virus. Un pitch prometteur pour un résultat hélas peu inspiré.
Les laboratoires MicroHexon pensaient pouvoir révolutionner la technologie médicale en inventant le Microbot, un robot microscopique conçu pour aider le système immunitaire à lutter contre les maladies. Hélas, le premier prototype injecté dans un corps humain n'était pas tout à fait au point, puisqu'il a fini par rejoindre le camp des virus et des bactéries. MicroHexon a donc conçu en catastrophe un second modèle – plus fiable – de Microbot, dont la mission est de stopper la contamination biotechnologique avant qu'il ne soit trop tard. Pour ce faire, vous devrez traverser vaisseaux sanguins, os, poumons et cerveau à la recherche de la source de l'infection. Voilà un pitch qui évoque le fameux Voyage Fantastique de Richard Fleischer ainsi que sa sympathique relecture par Joe Dante, L'Aventure Intérieure. Au niveau vidéoludique, on se souvient surtout du Microcosm de Psygnosis, fer de lance du support CD-ROM et de la 3D pré-calculée en images de synthèse. Techniquement impressionnant à sa sortie en 1993, il souffrait toutefois d'un gameplay peu convaincant. Dix-sept ans plus tard, Microbot est victime du même problème.
Car une chose est sûre, c'est que le jeu est bien réalisé. Dès la séquence d'ouverture, où votre vaisseau microscopique est injecté dans un corps humain par l'intermédiaire d'une seringue, l'aspect graphique fait son petit effet. Décors organiques, fluides en mouvement, éclairages éthérés : tout concourt à vous immerger dans ce milieu à la fois si familier et si exotique. Malgré la représentation aérienne adoptée, des effets de flou (au premier et au dernier plan, un peu comme dans la première phase de Spore) simulent une impression de profondeur très réussie. Ballotté par les flux sanguins au beau milieu des globules rouges et des bactéries, votre Microbot paraît extrêmement vulnérable. Heureusement, il est particulièrement bien armé pour faire face aux multiples dangers de cet environnement organique. Car au-delà de son univers original et de son atmosphère contemplative, Microbot reste un shoot'em up multidirectionnel plutôt classique, qui consiste invariablement à éliminer toute présence hostile pour rallier la fin du niveau. Votre vaisseau microscopique se manie à la manière d'un Geometry Wars : le stick gauche pour bouger, et le stick droit pour orienter vos tirs.
Au-delà de sa réalisation irréprochable et de sa prise en main agréable, le jeu est tout de même doté d'une troisième qualité qui fait son originalité : votre vaisseau est entièrement customisable. Un ingénieux système, qui évoque une fois encore Spore, vous permet de récupérer des atomes qui vous servent à débloquer et à améliorer différents modules classés en quatre catégories : armement, déplacement, défense et pouvoirs spéciaux. Vous pouvez ainsi équiper votre Microbot de missiles à tête chercheuse pour augmenter votre puissance de feu, de flagelles bioniques pour améliorer sa maniabilité, d'un bouclier plasma pour le rendre plus résistant ou bien encore d'accessoires plus incongrus comme un harpon. Au total, plus d'une vingtaine de pièces différentes sont susceptibles de renforcer votre vaisseau, sachant que si ce dernier ne possède à la base que trois emplacements possibles, il pourra en accueillir davantage au fur et à mesure de son évolution, chaque nouveau module étant visible à l'écran. On regrette toutefois que les choix à disposition aient une utilité si inégale, certains se révélant très gadgets quand d'autres sont tout bonnement indispensables.
Qui plus est, cette modularité appréciable ne rend pas pour autant le gameplay plus varié. Les combats, mous et peu palpitants, se montrent bien trop répétitifs. La faute à des ennemis qui ne se renouvellent pas assez et à des décors qui ont eux aussi une fâcheuse tendance à se répéter (on trouve parfois des copiers-collers de sections entières de niveaux). Si à l'occasion, le jeu vous propose de résoudre un petit puzzle ou de faire équipe avec un globule blanc (qui n'acceptera pas que vous lui tiriez dessus !), le level design, qui manque cruellement d'inspiration, vous contraint invariablement à détruire des générateurs de créatures et à récolter des atomes, ce qui ne manquera pas de vous plonger dans une certaine torpeur. Microbot manque vraiment de la dose d'inventivité et d'ingéniosité qu'on attendait : à quoi cela sert-il de situer l'action dans un corps humain si c'est pour accoucher d'un énième shoot'em up lambda qui fait l'impasse sur les interactions avec l'environnement ? Qui plus est, certains détails finissent pas agacer, comme le placement erratique des checkpoints, qui sont généralement soit trop rapprochés, soit trop éloignés les uns des autres.
De manière générale, l'aventure ne réserve pas un énorme challenge, et c'est le moins qu'on puisse dire : doté de vies infinies, mais dénué de tout aspect scoring, le mode principal ne tire son épingle du jeu que lors des affrontements contre les boss, qui requièrent une certaine dextérité. Du coup, les vingt niveaux se bouclent finalement assez vite (comptez sur 4 heures de jeu environ). Pour trouver un semblant de challenge, il faut se tourner vers un mode Défi hélas peu attirant, qui consiste à détruire le maximum d'adversaires et à récupérer le maximum d'atomes possible avec une seule vie au compteur. Microbot propose également une option Coop dénuée de tout intérêt puisque le level design n'est absolument pas prévu pour la coopération. Loin de favoriser l'entraide, le jeu à deux se révèle même un tantinet chaotique quand les Microbots suréquipés arrosent l'écran de leurs tirs et tentent vainement de distinguer et d'éviter ceux qu'on leur envoie. Malgré ses indéniables qualités, Microbot se montre donc ennuyeux et décevant. Voilà un jeu qui semblait prometteur mais qui se révèle finalement trop inabouti pour mériter l'investissement des 800 points demandés.
- Graphismes13/20
Les environnements, fort jolis, sont magnifiés par des effets de flou très réussis. Hélas, les différentes sections de décor ont une fâcheuse tendance à se répéter, encore et encore. Très vite, l'émerveillement cède la place à une certaine sinistrose visuelle.
- Jouabilité11/20
Peu de reproches à adresser à la jouabilité à la Geometry Wars, très adaptée et facile à prendre en main. Dommage que le gameplay se révèle bien moins convaincant.
- Durée de vie12/20
Microbot vous permet de visiter 5 environnements constitués de 4 niveaux chacun (dont un affrontement contre un boss), soit au total 20 niveaux qui se bouclent en 4 heures de jeu environ. Ajoutez à cela un mode Défi et une option de jeu en coopération, pas franchement concluants.
- Bande son13/20
Les bruitages sont honnêtes mais assez discrets, comme il se doit, afin de mettre en valeur les thèmes musicaux. Ces derniers sont bien sentis, mais à l'instar des autres aspects du jeu, ils ne se renouvellent pas assez.
- Scénario/
Microbot est un de ces soufflés alléchants qui se dégonflent dès les premières minutes de jeu. Ce shoot'em up multidirectionnel s'appuie sur un pitch séduisant, une réalisation efficace, une prise en main agréable et un vaisseau entièrement modulable. Mais ces indéniables qualités ne servent pas à grand-chose vu le manque d'inspiration du gameplay : l'action est ultra-répétitive, les ennemis sont redondants et le level design est d'une pauvreté sans nom. Voilà donc un nouveau shoot'em up générique et fichtrement ennuyeux dont l'enrobage technique et artistique ne fait illusion que l'espace d'un moment.