En 1990 sortait sur grand écran le film Jours de Tonnerre dans lequel le célèbre Tom Cruise, entre deux scènes de séduction à l'eau de rose avec Nicole Kidman, tournait en rond sur différents circuits de NASCAR. Peu de temps après, Days of Thunder (en VO) eut droit à son adaptation vidéoludique sur NES dans laquelle le joueur avait l'occasion d'incarner l'acteur tournant toujours en rond sur les fameux circuits de NASCAR. Fort heureusement (ou malheureusement ?), les scènes de séduction à l'eau de rose sont passées à la trappe.
Ah ! Le NASCAR ! Sport automobile aussi populaire aux Etats-Unis qu'incompris chez nous autres Européens ! Le principe en est simple : un certain nombre de voitures tournent en rond (ou plutôt en ovale) sur un circuit désespérément elliptique pendant un certain nombre de tours. Il arrive parfois que les voitures s'arrêtent au stand, histoire de changer quelques pneus, réparer un moteur qui a souffert, ou encore remplir un peu le réservoir de carburant afin de finir la course. En toute logique, le premier pilote qui parvient à boucler son nombre de tours gagne la course, ainsi qu'un joli chèque. Attention, il n'est pas question d'apporter ici un quelconque jugement sur ce sport, aussi rébarbatif puisse-t-il nous paraître, passons donc directement au soft en lui-même.
Dans Days of Thunder sur NES, vous incarnez rien de moins que Tom Cruise en personne, qui lui-même incarne un certain Cole Trickle, pilote de NASCAR de son état. Après avoir appuyé sur Start, vous verrez l'ami Tom/Cole arriver en moto sur le lieu de la prochaine course. Quelques tours de piste feront ensuite office de qualifications qui détermineront votre position sur la grille de départ. Puis vient la course en elle-même, où vous aurez à tourner, tourner, et tourner encore, tout en grappillant mètre par mètre la distance vous séparant de vos concurrents. Sur le plan technique, rien d'extraordinaire, l'ensemble reste malgré tout dans les limites du correct. Votre voiture est vue de l'arrière, ce qui peut la faire paraître un tantinet rabougrie, chose on ne peut plus classique pour un jeu de courses de cette époque. Les environnements sont assez dépouillés et manquent cruellement de variété, mais il faut admettre que le principe même de ce genre de course ne se prête guère à une profusion de détails visuels. Les arrêts au stand sont l'occasion d'admirer votre bolide de dessus et ainsi de profiter de graphismes plus élaborés. Malheureusement, en contrepartie, un énorme problème de jouabilité fait son apparition.
En effet, lorsque vous vous arrêtez au stand, vous prenez alors le contrôle direct des membres de l'équipe technique. Il faudra déplacer directement chaque personnage, par exemple devant une roue pour la changer, devant le réservoir pour le remplir, devant le moteur pour le réparer, etc. S'il faut reconnaître que l'idée était louable à la base car elle aurait pu casser la monotonie de la course, il faut aussi avouer que la jouabilité lors de ces phases est un vrai calvaire. Tous ces individus ont une fâcheuse tendance à se coincer derrière le moindre élément de décor, aussi minuscule soit-il. De même, afin d'interagir avec un élément de la voiture, il faudra que le technicien se trouve juste devant l'élément en question, à un endroit très précis, et sachant avec quelle ardeur les bougres se déplacent, la tâche est souvent délicate. Encore une fois, dommage qu'une idée originale qui aurait pu un tant soit peu sauver le soft de son manque de variété soit à ce point gâchée par des contrôles aussi exécrables !
En course, votre bolide se pilote pourtant relativement bien. Le bouton A vous permet d'accélérer, B de ralentir et bien évidemment la croix directionnelle vous fait braquer à droite ou à gauche, même s'il est vrai que vous n'utiliserez presque que le côté gauche de la croix étant donné que les circuits sont de parfaits ovales. Cependant, outre des graphismes assez sommaires, l'impression de vitesse est également assez limitée. Ajoutez à cela le fait que vous tournez toujours en rond, vous comprendrez que l'ennui finit inexorablement par gagner le joueur. Il faut aussi noter le fait que l'environnement sonore du jeu consiste en un ronronnement de moteur monocorde, ce qui n'aide vraiment pas à rester éveillé. Seul bon point concernant les bruitages : de surprenantes voix digitalisées se font entendre lors de l'intro et lorsque… vous perdez ! Mine de rien, même si l'impact sur le jeu est totalement insignifiant, il s'agit d'une petite prouesse technique pour les pauvres circuits sonores de la NES.
Quant à la durée de vie, elle est honnête, sans plus. Un peu moins d'une dizaine de circuits vous attendent, mais on ne peut s'empêcher de remarquer qu'ils sont très similaires avec parfois un virage un peu plus serré qu'un autre, un nombre différent de tours à effectuer ou encore un ciel d'une autre couleur pour représenter différents moments de la journée. La difficulté est par contre bien au rendez-vous. Le pilotage requiert une attention de tous les instants car la moindre petite erreur peut vous coûter la pole position. De même, un court mais nécessaire arrêt au stand vous fera forcément perdre plusieurs places qu'il faudra reprendre difficilement. En effet, dépasser les deux ou trois voitures en tête de course n'est pas du tout évident, ces dernières modifiant sans cesse leur trajectoire pour que vous ne puissiez pas les doubler. De plus, un moteur HS ou une panne d'essence avant que vous ayez le temps d'arriver jusqu'au stand et c'est la dernière place qui vous attend. Il faut dire que ce petit côté gestion concernant vos arrêts ravitaillement/réparations est plutôt bienvenu malgré tout. Après une série de mauvais résultats, il faudra prouver vos capacités à votre sponsor en colère en réalisant un temps record seul sur un circuit. Si vous échouez, c'est le game over. Le titre est donc assez exigeant et terminer le championnat en tête de classement ne sera pas forcément une promenade de santé.
Days of Thunder est au final un soft très moyen dans lequel se mêlent quelques bonnes choses et une réalisation à la limite du médiocre. Ennuyeux et poussif, vous pourrez aisément vous en passer si vous n'êtes ni fan de NASCAR, ni fan de Tom Cruise.
- Graphismes12/20
Rien d'incroyable de ce côté, l'ensemble est correct mais assez dépouillé et surtout manque terriblement de variété. Cependant, il faut admettre qu'il aurait été difficile de faire autrement pour un jeu de NASCAR qui, par définition, consiste à tourner continuellement en rond.
- Jouabilité7/20
La maniabilité correcte de la voiture pendant la course est plombée par la prise en main fastidieuse, pour ne pas dire pénible de l'équipe technique du stand, qui est pourtant un passage obligé du jeu. On peut également regretter le manque de sensations que procure le titre, un rythme un peu faiblard, et le sentiment d'ennui qui par conséquent finit par s'installer, du moins chez les non-passionnés de NASCAR.
- Durée de vie14/20
Le titre compte relativement peu de circuits mais vos rivaux sont vicieux et la difficulté est bien présente, surtout quand on sait qu'il n'y a pas de sauvegarde et qu'il faut recommencer du début à chaque nouvelle partie ou en cas de game over.
- Bande son8/20
Le ronronnement de votre moteur vous donnera envie de couper le son. Par ailleurs, le titre compte très peu de musiques, et de toute façon celles-ci brillent par leur discrétion. Bon point cependant concernant la présence de voix digitalisées assez impressionnantes pour la NES.
- Scénario/
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Days of Thunder n'est pas foncièrement un jeu exécrable : il apporte quelques bonnes idées qui sont malheureusement plombées par une réalisation passable et un rythme nonchalant. A moins d'être amateur de NASCAR, le soft s'avère donc peu varié et ennuyeux, sans compter les problèmes de jouabilité qui entachent lourdement les phases d'arrêt au stand. Au final, le titre est très moyen et n'intéressera guère que les passionnés du genre et les inconditionnels de Tom Cuise, et encore…