Le principal intérêt de la plupart des jeux vidéo, c'est qu'ils permettent d'explorer des univers fantastiques, d'incarner des personnages charismatiques, d'évoluer dans des environnements inaccessibles. Bref, de réinventer sa vie. Un constat que ne doit pas partager le studio Giants Software, qui propose avec Demolition Company, une plongée dans le quotidien d'une entreprise de démolition... Voilà qui ne laisse pas rêveur mais sait-on jamais ?
Après vous avoir placé dans la peau d'un agriculteur avec Farming Simulator, difficile d'imaginer le processus de réflexion qui a conduit Giants Software à produire une simulation dans laquelle vous êtes chargé de détruire des bâtiments pour une entreprise de démolition. Probablement un obscur fantasme d'une personne fascinée dans son enfance par les pelleteuses. Quoi qu'il en soit, le jeu étant disponible, pourquoi ne pas essayer de s'immerger pleinement dans l'expérience ? Surtout que l'industrie du jeu vidéo nous a déjà gratifié de quelques ovnis parfois déroutants, dans le bon sens du terme.
Les premières minutes passées sur Demolition Company amorcent toutefois un réveil brutal. Une fois le mode Carrière lancé, vous voilà propulsé dans la peau d'une personne, dont l'identité reste inconnue, via une vue subjective. Difficile de comprendre au premier abord la nature du lieu dans lequel vous errez. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit d'une ville sans âme, en particulier parce qu'aucun habitant ne semble y séjourner. Seuls de grands bâtiments austères s'élevant vers le ciel indiquent qu'un homme a un jour occupé cette cité fantôme. Il plane comme une atmosphère suspendue aussi triste qu'un ciel gris un dimanche de novembre. Ce n'est qu'un peu plus tard que vous comprendrez qu'il s'agit en fait d'une zone de transition permettant d'accéder aux missions ainsi qu'au tutoriel. Ce dernier est d'ailleurs un passage quasi obligé pour apprendre comment utiliser le matériel. De la simple masse au marteau piqueur en passant par les explosifs ou l'excavateur, vous aurez droit à tout l'arsenal dont disposent les ouvriers de démolition. A noter que le jeu n'est disponible qu'en anglais et qu'il faut maîtriser un minimum les bases de la langue de Shakespeare pour être totalement à l'aise avec les consignes.
Une fois les rudiments appris, le travail débute et le moins que l'on puisse dire, c'est que les objectifs se ressemblent tous. En gros, il faut détruire la bâtisse désignée par votre entreprise. Au départ, vous commencez par de petites structures en pierre pour finir par de grands bâtiments beaucoup plus solides. En fonction de la taille de l'élément à détruire, vous êtes amené à utiliser divers outils. La masse pour casser des petits blocs de béton, la boule de démolition suspendue à une grue pour attaquer les grands édifices, les explosifs pour descendre en dix secondes des buildings. Pour motiver le joueur, un contexte a été élaboré pour chaque mission. Tous les bâtiments ont une histoire, un vécu, dont vous prenez connaissance via un court briefing. C'est à vous ensuite d'y mettre un point final. Chaque job que l'on vous propose nécessite un matériel particulier qu'il faudra se procurer avant de se lancer sur le terrain. Pour compléter votre arsenal, vous disposez d'une somme qui augmente en fonction de vos exploits sur les chantiers. Le marteau piqueur demande un petit investissement alors qu'un excavateur coûtera pour sa part une somme élevée. Une fois le matériel à disposition, direction le théâtre des opérations.
Dans le feu de l'action, le gameplay se résume à faire avancer son personnage, à travers une vue à la première personne, ou son véhicule, la caméra prenant alors de la distance, et à enclencher ensuite l'engin de destruction massive. Les contrôles sont d'ailleurs assez simples. Pour résumer, le clavier sert aux mouvements de son personnage ou de l'appareil, alors que la souris permet d'effectuer un travail de précision, c'est-à-dire de bouger le bras d'un excavateur horizontalement et verticalement. Le problème dans tout ça, c'est que le moteur de jeu demeure catastrophique. On a carrément la sensation que les pierres ne sont pas plus lourdes qu'un vulgaire bout de carton. Celles-ci volent avec une légèreté déconcertante et n'entraînent aucun dégât collatéral une fois au sol. Evidemment, cela nuit immédiatement à la crédibilité du titre qui prétend être une simulation. Il en va de même pour le matériel de démolition. Le joueur peut très bien résister à plusieurs explosions ou se prendre le bras d'une grue sans broncher. Difficile dans ces conditions de trouver la motivation pour faire son travail dans les règles de l'art.
En prime, là où on aurait pu se dire que le titre pouvait être un défouloir, il n'en est rien. Tout est fastidieux, lent et particulièrement mal pensé pour un jeu qui se doit d'être un minimum ludique. On passera également sur l'aspect sonore, rebutant, car reproduisant les bruits insupportables des appareils de démolition. Pour faire illusion, un système de progression a tout de même été mis en place. Vous gagnez de l'expérience à la fin de chaque mission et montez progressivement en niveau. Plus vous êtes bon et plus vous remportez d'argent. Bien faire son job dépend souvent de la précision avec laquelle vous détruisez les murs. Si vous tapez sur le mauvais, une barre rouge se remplit. A contrario, si tout va bien, c'est la verte qui devient pleine. Il est d'ailleurs possible à tout moment, au cours de la partie, d'afficher quels éléments doivent être détruits ou non. A l'issue d'une mission, vous êtes donc jugé sur votre faculté à respecter les consignes et une somme vous est attribuée en fonction de votre performance. Ne vous inquiétez pas, le challenge est de toute manière absent. Il suffit bien souvent de percuter les bâtisses de plein fouet avec un appareil pour les voir s'écrouler lamentablement, sans que vous ayez à être minutieux. Inutile d'insister plus longtemps sur les défauts de Demolition Company, qui accumule les mauvais points. Ne mâchons pas nos mots, il s'agit d'un titre à ranger au rayon des absurdités vidéoludiques.
- Graphismes6/20
Dépouillé, voilà l’adjectif qui convient le mieux à l’aspect visuel du jeu. Si l’on ajoute à cette impression de vide permanent des textures d’un autre temps et des bugs de collision inacceptables, on obtient un résultat difficilement qualifiable. Seule la modélisation des différents appareils reste convenable.
- Jouabilité6/20
Pour faire simple, jamais Demolition Company ne se révèle intéressant à jouer. Le challenge est inexistant, l’action molle, les tâches à effectuer fastidieuses et le système de progression basique. On aurait aimé que d’autres éléments viennent pimenter le gameplay, comme la présence de dégâts sur son matériel par exemple.
- Durée de vie9/20
Demolition Company fonctionne selon un système de mission simple mais plutôt efficace. En revanche, les chantiers ne sont pas en nombre suffisant pour tenir en haleine les ouvriers en herbe. Et ce, même si des niveaux sont créés par la communauté. En plus, une certaine lassitude s’installe car les tâches s’avèrent très répétitives. Dommage également qu’aucun mode multi ne soit disponible.
- Bande son7/20
Comment qualifier l’aspect sonore du titre ? Bruyant serait l’adjectif qui convient le mieux car les sons de chaque machine ont été reproduits fidèlement. Le hic, c’est évidemment la cacophonie qui en résulte. Surtout que pratiquement aucune musique ne vient adoucir le tout. Bref, vous risquez de vous boucher les oreilles, comme lorsque vous croisez un marteau piqueur à l’œuvre en pleine rue.
- Scénario/
Demolition Company souffre d’un problème irréversible : il est terriblement ennuyeux. Pourtant, le jeu aurait pu être un bon défouloir. Tout casser, voilà en effet le rêve de millier de victimes du secteur de l’immobilier. Le souci, c’est qu’en voulant créer une simulation, les développeurs en ont visiblement oublié l’essentiel, l’aspect ludique du titre. En prime, le moteur physique ruine toute la crédibilité du jeu. Du coup, difficile de recommander celui-ci à qui que ce soit.