Jonah « l’Insaisissable » Lomu fut la figure emblématique de la Coupe du Monde de Rugby 1995. 2 ans après cet événement, celui-ci prête son nom au jeu développé par les petits gars du studio de Rare Software. Jonah Lomu Rugby nous propose donc de revivre l’expérience du rugby international dans un jeu à haute teneur néo-zélandaise. Alors, véritable daube commerciale ou meilleur jeu de sport de tous les temps ? Vous le saurez en parcourant ces quelques lignes.
Le jeu est dans la console, la manette est branchée, la pression commence à monter. Soudain, c'est l'apothéose. La cinématique d'introduction démarre. Deux guerriers maoris déchaînés, quelques séquences de rugby, le drapeau néo-zélandais en fond et enfin un ballon en flamme, Jonah Lomu n'a visiblement pas mis que son nom dans le jeu, il l'a aussi marqué de son empreinte à l'instar de l'événement de 1995. Les All-Blacks sont chez vous, le haka virtuel ne fait que démarrer et la confrontation avec l'I.A. risque d'être dantesque.
Après quelques manipulations dans les menus, le match commence et l'adaptation à la jouabilité est difficile. Cependant, après quelques rencontres, on commence à se rendre compte de la richesse et de la souplesse du gameplay. Le plaisir de construire, de varier ses actions prend place et les nombreuses subtilités du rugby apparaissent : passes, mauls, coups de pied, plaquages se succèdent, le tout accompagné de quelques raffuts et pas de côté pour marquer des essais. Les indications à l'écran se révèlent être très utiles pour maîtriser le jeu. De plus, les matchs entre équipes de même niveau sont serrés et il faut bien souvent une pénalité ou une erreur de défense pour forcer la décision, ce qui rend la victoire encore plus belle. Au final, les sensations sont bel et bien là, le fun aussi. Chaque enchaînement devient naturel avec le temps, on a l'impression d'être sur le terrain, tellement le jeu est réaliste rugbystiquement.
Malheureusement, on ne pourra pas faire autant d'éloges à propos des graphismes. La reconnaissance des joueurs s'avère difficile car ceux-ci n'ont pas de visage ! Ainsi, la seule façon de distinguer Benazzi de Deylaud sera de comparer leurs gabarits, rien de plus. Les terrains se contentent du strict minimum, seule la modélisation des stades sauve un peu le tout. En revanche, le public fait plus penser à un tableau de Claude Monet, où chaque supporter est une tache de peinture, tandis que l'arrière-plan semble tout droit sorti d'un jeu de plates-formes en 2 dimensions. Malgré ces défauts, le spectacle n'est pas désagréable à regarder car le tout reste cohérent. La présence de nombreux éléments ne gêne pas car ceux-ci sont bien définis dans l'environnement. Les animations des joueurs, bien que peu nombreuses, sont bien réalisées : la motion capture donne un aspect réaliste aux protagonistes.
La bande-son se fait plus remarquer de par son second degré que de par sa qualité. En effet, les bruitages du menu, comme ceux des matchs, sont comiques par leur manque de naturel. Les commentaires de Denis Charvet et Jean-Louis Calméjane (officiant tous les deux sur France 2) manquent de variété mais sont terriblement divertissants. Le « Il creuse comme une taupe en colère » ou encore le « C'est un vrai coup de pied de coucou ! » sont devenus cultes et sont enseignés dans toute école de journalisme sportif qui se respecte. Le public est le seul point noir à ce tableau : en effet, on peut sans doute penser qu'une distribution de morphine s'est organisée à l'entrée du stade tellement celui-ci est mou du genou. Un timide « Allez les bleus ! » surgit des tribunes lorsque l'équipe de France est sur le terrain. Sinon, rien de plus.
Jonah Lomu Rugby se révèle être un jeu très étoffé au niveau de la durée de vie. 32 équipes internationales de tous les continents sont à votre disposition pour disputer une Coupe du Monde, calquée sur celle de 1995, un tournoi continental (5 Nations, Tri-Nations…), une compétition aléatoire ou un simple match amical. Tous les modes de jeu peuvent être joués à 4 simultanément sur la même console. De plus, vous pourrez revivre ou réécrire des matchs « historiques » de la Coupe du Monde 1995 en les disputant à partir d'une minute définie. Vous devrez alors remplir un objectif (qui sera le plus souvent de gagner le match) alors que la situation est indécise. En plus de tous ces éléments s'ajoutent une météo changeante au fil du match, des ralentis d'une bonne qualité, des statistiques complètes et détaillées au début, pendant et à la fin du match, 3 caméras différentes et 4 stades pour varier les plaisirs. Signalons également la présence des arbitres et des sponsors pour ajouter une pincée de réalisme. En guise de bonus, plusieurs équipes seront à débloquer en gagnant toutes les coupes continentales avec certains pays. Et obtenir ces sélections ne sera pas un chemin de croix car ce jeu est tout simplement un hymne à la qualité et au plaisir.
- Graphismes12/20
C’est le seul gros défaut de ce jeu. Tout être vivant est grossièrement représenté et le plus souvent pixellisé au possible. Cependant, les autres éléments tels que les stades ou les terrains ne s’en sortent pas trop mal. Heureusement, les animations réalistes des joueurs sauvent le jeu d’une note en dessous de la moyenne dans cette catégorie.
- Jouabilité17/20
Cet aspect est très, mais alors très bien réussi. Après une petite heure d’adaptation, le joueur lambda peut prétendre construire des actions complètes et variées. Le nombre de possibilités et le plaisir de jeu dégagé sont impressionnants. En revanche, on regrettera des phases défensives un peu brouillonnes face à de bonnes équipes.
- Durée de vie15/20
Pour un jeu de sport, la durée de vie de Jonah Lomu Rugby est tout à fait correcte. Les nombreux modes de jeu, scénarios, bonus et les 32 équipes sauront combler tous les amateurs de rugby international. Oui, international, car aux regrets de certains, les clubs ne sont pas présents sur cette galette.
- Bande son15/20
Les répliques des commentateurs sont, pour la plupart, uniques en leur genre tandis que les bruitages et musiques rendent un hommage plaisant au mauvais goût. Par contre, l’ambiance des matchs laisse à désirer, le public faisant autant de bruit qu’une colonie de carpes.
- Scénario/
Jonah Lomu Rugby est LE jeu de rugby de la PS1 ! Jouabilité aux petits oignons, commentaires délirants, durée de vie honorable et surtout plaisir de jeu inégalé composent ce titre soigné. Néanmoins, on pourra regretter une partie graphique un peu essoufflée, et l’impossibilité de changer de difficulté ; mais cela n’influence en rien le constat final, tellement la qualité et le fun sont présents. Après avoir conquis le public sur le terrain, l’« Insaisissable » domine le rugby virtuel et il n’est pas près de perdre sa place de leader avant un bon bout de temps.