Postal 2 est ce que l'on pourrait appeler un jeu à problèmes. Sorti tout droit d'un petit studio situé dans l'Arizona et surtout connu pour toute la polémique qui a entouré sa sortie, le titre a su se forger une solide réputation sur le Web. Bien qu'interdit dans de nombreux pays (France, Allemagne...) pour son contenu extrêmement cru et immoral, il serait tout de même bon d'aller au-delà de la réputation sulfureuse du soft pour tenter de formuler un jugement constructif.
« Eh Andy ! Tu penses pas qu'on va avoir des problèmes si on met la scène où des talibans attaquent une église ? ». « Bah, t'étais pas là à la réunion quand le boss nous à dit de mettre dans le jeu tout ce qui pourrait faire c... la censure ? ». Et en effet, c'est un peu le sentiment que l'on a en jouant à cette chose informe tout droit sortie des enfers. Du lundi au vendredi, vous accomplirez donc diverses missions (acheter du lait, rendre un livre, payer une amende, aller voter...) qui finiront généralement en boucherie sans nom. Le personnage principal, lui, est un déchet de la société qui règle les problèmes à coups de pelle. Ce dernier vit dans une caravane miteuse avec sa femme et arbore fièrement un long manteau noir et un tee-shirt représentant une tête d'alien. Le parfait bourreau de l'ordre et du droit chemin en somme.
Car le fond de commerce de Postal 2 revient un peu à cracher au visage d'à peu près tout ce qui nous passe sous la main. La médecine, l'armée, la police, la poste, les politiques, tout le monde s'en prend plein la figure, au sens propre comme au figuré. Et quoi de mieux pour cela qu'un monde ouvert façon GTA. Enfin c'est vite dit puisque la ville est minuscule, moche, et divisée en de nombreuses petites zones. De même, l'absence de mise en scène, ou même simplement d'histoire, donne la curieuse impression de jouer à un titre fait à l'arrache, entre amis. On qualifiera alors «l'œuvre» de vaste ramassis de caricatures, de moqueries et de situations de mauvais goût. Les développeurs semblent n'avoir eu aucunes limites et c'est d'ailleurs le seul attrait de ce Postal 2. Le plaisir ne provient pas des graphismes ou encore moins du gameplay mais de l'envie de voir quel sera le prochain délire de l'équipe. On se demande souvent à quoi ils carburent...
Aider les développeurs à repousser une attaque de manifestants armés de M-16, voilà qui est pour le moins original tout comme rencontrer Oussama Ben Laden à la bibliothèque au rayon «Bombes et attentats». Et que diriez-vous de visiter une fabrique de steaks hachés où des humains sont balancés dans les broyeurs et où les toilettes sont placées à côté des quartiers de viande ? Oh ! Je sais ! Saviez-vous que derrière votre caravane se cachait un repaire de talibans fabriquant des armes bactériologiques ? Nan ?! Nous ne saurions également que trop vous conseiller une petite balade en forêt. Il paraît que la chasse aux bûcherons est ouverte en ce moment ! Et tout ceci n'est qu'un petit aperçu de ce qui vous attend pour peu que vous fassiez preuve de curiosité et que vous maîtrisiez un minimum la langue de Bush.
Sur ce point, on peut dire que les polémiques étaient justifiées. Et même si les développeurs jouent habilement sur la question de la morale, Postal 2 n'en reste pas moins un défouloir gore voire malsain à certains moments. Un bonheur pour tous ceux qui s'amusent encore à arracher les ailes de chaque mouche qu'ils croisent mais pour les autres... Alors bien-sûr, en théorie, on peut éviter de décapiter des innocents, de lancer des ciseaux au visage de bimbos écervelées ou d'utiliser un chat comme silencieux (votre imagination suffira) mais le jeu vous force un peu la main. Comment ? En vous collant des files d'attente interminables qui vous forcent à opter pour des méthodes plus expéditives ou en transformant une banale fête d'anniversaire en intervention militaire ! Vous serez donc obligé de vous servir de l'armement improbable mis à votre disposition. Car en plus des traditionnels fusils, pistolets et mitraillettes, vous pourrez aussi vous servir d'un jerrican d'essence, d'un taser ou encore d'une tête de veau en décomposition. Seul souci : l'aspect peu pratique de l'inventaire qui vous oblige à passer en revue tous vos objets pour en trouver un en particulier. Embêtant dans le feu de l'action. Et techniquement, ça vaut quoi ?
Pour commencer, le moteur passe encore relativement bien malgré la présence de nombreux bugs (collision, script...). Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des temps de chargements qui interviennent lors du passage entre chaque zone. Gavant surtout lorsqu'on sait que les missions vous obligent constamment à parcourir la quasi-totalité de la ville. Excepté cela, c'est dans la veine du reste : cheap à souhait. Les bruitages sont simplistes (mention particulière au M-16), les musiques se comptent sur les doigts d'une main de yakuza et les doublages ont l'air d'être assurés par deux personnes qui passaient par là. On ressent donc très rapidement le peu de moyens dont a disposé le studio mais finalement le tout reste cohérent. En revanche, ce que l'on pardonnera difficilement, c'est la redondance de l'ensemble qui est de loin le plus gros défaut du jeu. Les missions sont plus ou moins toujours les mêmes et heureusement que les situations arrivent à nous surprendre car on nagerait surement dans le néant le plus total.
- Graphismes13/20
Étonnamment le jeu n'est pas si laid que ça. C'est simple, souvent buggé mais comparé au contenu, la réalisation aurait pu être bien pire.
- Jouabilité10/20
Une jouabilité FPS tout ce qu'il y a de plus classique avec en prime la possibilité d'uriner, de mettre des coups de tatane ou de se suicider. Mis à part une gestion peu pratique de l'inventaire, tout roule. Non, le problème vient plutôt de la simplicité désolante du gameplay. Tirer et avancer, c'est tout ce qu'il y a faire. Reste à espérer que vous soyez réceptif à l'ambiance si «particulière» du titre car dans le cas contraire, vous risquez de très vite passer à autre chose.
- Durée de vie9/20
Le jeu se divise en cinq parties synonymes des cinq jours de la semaine vécus par le «héros». En ligne droite, vous serez en week-end en quelques heures mais tout l'intérêt (on s'occupe comme on peut) réside dans le fait d'explorer Paradise City pour dégoter tous les détails débiles qu'elle contient.
- Bande son7/20
On reste dans la continuité avec une bande-son minimale qui contient peu de musiques, peu de voix et des bruitages parfois étranges. Mais encore une fois, le côté cheap est assumé et reste cohérent avec le reste. A noter que le jeu est entièrement en anglais.
- Scénario/
Ne cherchez pas un quelconque scénario, Postal 2 n'est qu'un enchaînement gratuit d'objectifs tous plus stupides les uns que les autres. Prétexte à un déchaînement de méchanceté, les missions n'ont pas vraiment d'intérêt hormis celui d'aller toujours plus loin dans la connerie.
Alors ? Daube infâme ou titre à prendre au 100ème degrés ? Difficile de trancher. Sorte de Duke Nukem-like poussé à l'extrême, Postal 2 ne restera certainement pas dans les mémoires pour ses qualités ludiques mais le voyage aux confins du mauvais goût qu'il promet pourra en tenter certains. Pour ceux-là, je ne dirais qu'une chose: «It's hot as the devil's rectum in here !». Sur ce...