Un jeu de simulation sous-marine a été repéré sur le sonar, hissez le périscope, tout le monde aux postes de combat ! Nous avons une cartouche NES datant de 1990 en visuel à 70°, cap sud-ouest, vitesse 8 nœuds. Torpilles parées… feu !
En 1990, les jeux de simulation sous-marine ne se bousculent pas sur les étals des revendeurs. Quelques rares titres ont percé dans le monde des micro-ordinateurs, par exemple sur le bon vieux Amstrad CPC, mais le genre est encore inexistant sur consoles de salon, et à plus forte raison sur la NES qui a principalement bâti son empire sur les jeux de plates-formes ou autres run & gun. Et pourtant, c'est en cette belle année 1990 que le simulateur répondant au doux nom de Silent Service fait son apparition sur la 8 bits de Nintendo. Il s'agit d'un vieux titre de Microprose sorti sur plusieurs ordinateurs, édité ici par le déjà célèbre Konami et dépoussiéré pour l'occasion par un certain petit développeur qui commence à percer et qui s'appelle Rare. Dès le lancement du jeu, on est accueilli par une image fixe représentant notre sous-marin en plein combat, agrémentée d'une musique assez « cheap » il faut bien l'admettre. Profitez-en tout de même, il s'agit de la seule musique que comporte le jeu… L'écran suivant nous propose différents modes de jeu : un mode Tutorial pour se faire la main sur des bateaux immobiles, un mode Convoy Actions qui nous replace dans différentes situations plus ou moins délicates desquelles il faudra sortir victorieux, et un mode War Patrols dans lequel vous pourrez sillonner à votre guise l'océan Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale tout en coulant un maximum de navires ennemis. Votre sélection effectuée, vous arrivez sur une page d'options, lesquelles détermineront la difficulté du jeu.
Et on peut constater que les choix sont nombreux ! Souhaitez-vous que les ennemis se déplacent tout droit ou en zigzag ? Permettez-vous que quelques-unes de vos torpilles ne soient que de gros pétards mouillés ? Portez-vous des slips ou des caleçons ? Bref, vos choix vont décider du réalisme de votre session de jeu. Vous pourrez donc vous retrouver dans une véritable simulation, réaliste et difficile, ou au contraire profiter d'un gameplay très arcade où tout se déroule sans accroc, comme dans un bon épisode de L'Agence Tous Risques. Bon point donc concernant la difficulté du titre qui est intégralement paramétrable et peut s'adapter aisément à tous types de joueurs. Le jeu en lui-même se déroule principalement sur une carte, plutôt bien réalisée sur laquelle on peut zoomer à différentes échelles afin de repérer les vaisseaux ennemis et d'élaborer une tactique redoutable. A tout moment on peut passer à une vue de l'intérieur du sous-marin. Le temps se met alors en pause, ce qui nous permet de choisir tranquillement d'autres écrans par le biais du capitaine que l'on peut bouger à différents postes. Ainsi, il est possible d'aller voir diverses jauges plus ou moins explicites, de surveiller l'état général du submersible, et surtout de regarder ce qui se passe en surface grâce au fameux périscope. Ce dernier est fort pratique afin de viser les embarcations ennemies et de leur envoyer une salve de torpilles ou de les embêter avec le canon de pont si l'on est en surface. Les graphismes de ce mode périscopique sont en revanche assez dépouillés malheureusement. Les bateaux sont représentés par de gros carrés noirs et gris flottant sur un tapis bleu profond, sans parler des terres, constituées d'une vague bouillie de pixels. Et qu'en est-il de la jouabilité, critère principal de ce genre de soft ?
Le joueur dirige un curseur à l'écran, ce qui n'est pas des plus aisés lorsque l'on ne dispose pas de souris. Par chance, les boutons de commande sont tous placés en bas de l'écran, ce qui évite de passer son temps à faire traverser tout l'écran à notre petite flèche, et on arrive malgré tout à enchaîner les actions relativement rapidement. Seul un sentiment de manque de précision se fait parfois sentir, mais on finit par apprendre comment positionner efficacement son curseur avec l'habitude. Les commandes à proprement parler sont plutôt intuitives pour un jeu du genre, et pourtant assez complètes. Une croix directionnelle dessinée à l'écran permet de virer à bâbord ou à tribord, de plonger dans les profondeurs ou encore de remonter vers la surface. Le fait de cliquer au centre de cette croix annule toute commande précédente. Le levier de vitesse agit bien évidemment sur la vélocité du sous-marin, un bouton enclenche la marche arrière, et un autre bouton agit sur la vitesse d'écoulement du temps, pour par exemple éviter les longueurs lorsque l'on tente d'intercepter un navire qui prend la fuite. Les icônes de torpille et du canon de pont servent bien sûr à faire feu sur ce que l'on voit dans sa ligne de mire. On retrouve donc la plupart des fonctions principales auxquelles on s'attend dans une simulation sous-marine. A noter que vous pouvez brancher une deuxième manette si vous en possédez une paire. Celle-ci permet non pas de jouer à deux, mais de faire pivoter le périscope directement avec la deuxième croix directionnelle. C'est vraiment une riche idée qui facilite grandement les choses en vous permettant d'observer et/ou de tirer sur un vaisseau ennemi tout en suivant un autre cap. La manœuvre reste faisable avec une seule manette mais de façon beaucoup moins pratique car il faut alors aller cliquer sur le côté du périscope. De plus, en appuyant sur B+A ou A+B du second contrôleur, vous pouvez respectivement refaire surface d'urgence ou larguer des débris pour faire croire à votre perdition.
Toujours sur le plan technique, hormis le fait que le jeu ne comporte pas de musiques (probablement un choix afin de renforcer l'aspect simulation), il faut signaler que la bande-son est uniquement constituée de bruitages qui donnent bien souvent des indications sur ce qui se passe autour de notre sous-marin : sonar indiquant l'approche de destroyers, tirs ennemis, turbines, lancement des torpilles, explosions, etc. Bien que ces différentes sonorités soient de qualité inégale, il faut souligner l'effort produit par les développeurs pour donner une réelle identité sonore au titre afin de renforcer l'immersion (ce qui, pour une simulation sous-marine, est la moindre des choses). Silent Service est donc dans l'ensemble une simulation plutôt agréable et étonnamment réaliste si l'on choisit les options adéquates. On regrettera cependant des graphismes inégaux ainsi que l'absence d'un mode Carrière qui aurait relancé l'intérêt du titre sur la durée.
- Graphismes12/20
Corrects et clairs concernant l’interface et les écrans de cartes, seule la vision périscopique offre des graphismes assez grossiers.
- Jouabilité15/20
Silent Service est le genre de jeu qui mériterait de se jouer à la souris, et pourtant la prise en main à la manette reste très honnête. Le sous-marin se manœuvre facilement sans pour autant sacrifier le réalisme de la simulation. Le degré de réalisme est quant à lui entièrement configurable en début de jeu, s’adaptant au plus grand nombre.
- Durée de vie12/20
On a vite fait de boucler les quelques missions du mode Convoy Actions. Seul le mode War Patrols, qui fait en quelque sorte office de « bac à sable », rallonge un peu la durée de vie du titre. On ne peut s’empêcher de trouver qu’il manque un mode carrière au soft, qui l’aurait rendu plus passionnant.
- Bande son14/20
La bande-son est exclusivement composée de bruitages, ce qui sied à merveille à l’aspect simulation qui s’en trouve renforcé. De plus, l’environnement sonore est assez crédible dans l’ensemble et donne constamment des indications sur ce qui se passe dans et autour de votre sous-marin.
- Scénario/
Silent Service est une bonne simulation sous-marine, relativement complète et poussant assez loin le niveau de réalisme pour l’époque. On lui reprochera une réalisation en dents de scie, mêlant de bonnes choses et de moins bonnes, et surtout le manque de modes de jeu, nuisant considérablement à la durée de vie du soft. L’ensemble reste cela dit très agréable et pourrait bien intéresser les amateurs de batailles navales.