Si une idée originale pouvait suffire à faire oublier tous les défauts d'un jeu, comme les choses seraient simples. Mais c'est comme ça, avoir ne suffit pas, il faut aussi et surtout savoir la mener jusqu'au bout.
Darkest of Days n'est pas sexy. Ça c'est le moins que l'on puisse dire. Malgré tout, il a pour lui une idée originale qui lui donne un certain capital sympathie. Pour le joueur, l'aventure débute durant la bataille de Little Big Horn, sous les ordres du Général Custer. Après quelques échanges amicaux avec des Indiens qui tiennent absolument à vous offrir leurs flèches puisque leur donnez généreusement vos balles, voilà qu'au moment précis où un maladroit allait vous en coller une en travers du front, un type tout bizarre surgit d'une jolie sphère brillante et vous embarque dans le futur. Vous voilà agent de Kronotech. Une organisation qui voyage à travers le temps pour explorer et rétablir le fil de l'Histoire perturbé par quelques énergumènes voyageant eux aussi à rebours du calendrier.
En tant qu'agent temporel, vous aurez la chance d'aller visiter diverses grandes batailles de l'Histoire. Vous participerez donc à la guerre de Sécession, à celle de 14/18, à la Seconde Guerre mondiale et vous finirez même par remonter le temps jusqu'à l'éruption du Vésuve à Pompéi. Chaque fois, vous serez plongé au milieu de situations se voulant épiques, impliquant de nombreux soldats s'étripant joyeusement. Évidemment, vous serez le plus souvent équipé d'armes d'époque avec leur lot d'imprécisions ou de rechargements pénibles. Les mousquets par exemple devront être rechargés à chaque tir. On ne cachera pas que la chose peut vite devenir irritante dans la mesure où il n'y a rien de tel pour flinguer le rythme des affrontements, mais au moins, ça change des productions habituelles. Toutefois, à intervalles réguliers, vous serez amené à utiliser des armes futuristes dans ces contextes. Il y a quelque chose d'assez jouissif à dessouder des soldats du début du 19ème siècle avec une sulfateuse de l'an 3 000. Attention toutefois à faire preuve de discernement et à ne pas tuer n'importe qui. Durant les missions, vous verrez que certains ennemis émettent une aura bleue. Il s'agit de personnages qui ne devraient pas se trouver là et qui ne doivent surtout pas y mourir. Le plus simple sera donc de leur tirer dans les guibolles pour les neutraliser. Bon, en soi on s'en tape un peu de ce qui leur arrive, mais lorsqu'ils survivent, on gagne des points utilisables pour acheter des améliorations d'armes.
L'idée est originale, amusante, et au début on se laisse embarquer et on fait même l'impasse sur le moteur 3D ultra daté. Mais les innombrables défauts du jeu finissent rapidement par le rattraper. On commencera par l'IA, tout simplement inexistante. C'est une bande de poteaux armés qui tente de s'opposer au joueur, on aurait presque de la peine pour cette malheureuse chair à canons qui doit faire office de cible. Elle vit d'ailleurs si mal sa condition qu'elle n'hésite pas à fréquemment se jeter sur nos balles. Si cette bêtise est déjà handicapante pour le gameplay, elle l'est également pour l'ambiance. Difficile de prendre très au sérieux ces grandes batailles qui en fait d'échanges épiques donnent surtout lieu à des spectacles comiques de soldats sans cerveaux. On est plus proche de Benny Hill que de Band of Brothers. Autant pour l'immersion qui part de toutes façons en éclats lorsqu'on nous autorise à sortir des armes anachroniques. Visiblement, personne n'est surpris de nous voir utiliser des mitrailleuses de l'espace en pleine guerre civile américaine. Non, non, tout le monde s'en cogne. Ça fait un peu tache quand le jeu nous bassine de discours sur l'importance de ne pas perturber le flux de l'Histoire et de ne pas interférer.
Par ailleurs, les missions elles-mêmes sont affreusement mal conçues. Elles consistent toutes à se rendre d'un point A à un point B sur une fausse carte ouverte. Une fois arrivé, on fait ce qu'on nous demande, ce qui revient de toutes façons à tuer tout ce qui passe devant le canon, puis on va à un autre endroit et enfin on termine la mission. Et si on espérait voir un peu de diversité du fait des changements d'époques, on est bien déçu de constater que les environnements sont quasiment tous identiques, à quelques exceptions près. Le point commun qui lie l'ensemble, ce sont malheureusement les innombrables bugs de collision ou d'affichages, sans parler des plantages réguliers. La réalisation est de plus paresseuse. Exemple criant, lorsque votre arme s'enraye et que le personnage est supposé la débloquer, il n'y a pas l'ombre d'une animation même minimaliste. Non, non, l'arme reste juste plantée là et d'un coup elle fonctionne de nouveau. Alors certes, on veut bien faire l'impasse sur le moteur 3D, mais il y a des limites à la tolérance.
- Graphismes10/20
Réalisé avec fort peu de moyens, Darkest of Days est affreusement vilain d'un point de vue technique. Mais il y a une chose qui ne coûte pas cher : la diversité. Or il en manque carrément et on se lasse vite de parcourir en long et en large des plaines et des forêts. En outre, le jeu est truffé de bugs d'affichage et de collisions.
- Jouabilité9/20
L'idée de nous faire voyager dans le temps pour nous plonger au coeur de batailles célèbres était bonne, mais au final, elle est mal appliquée. Les batailles épiques ressemblent à un numéro de clown en raison d'une IA dans les choux, le feeling des armes est inexistant et les affrontements mollassons.
- Durée de vie11/20
Comptez une petite douzaine d'heures en poussant la difficulté. Pas de multijoueur à signaler.
- Bande son11/20
Les effets sont franchement mauvais et la plupart des thèmes musicaux tombent comme des cheveux sur la soupe. Les doublages sont corrects pour un jeu à petit budget.
- Scénario13/20
L'idée est intéressante et même assez bien développée. On regrette toutefois qu'aucun soin ne soit apporté aux détails, ce qui fait sauter toute vraisemblance (personne n'est surpris de voir un soldat en trop dans une escouade de 6, soldat qui en plus se trimballe parfois avec une mitrailleuse).
Darkest of Days partait bien grâce à un concept original et porteur et même quelques bonnes idées. Rien que pour ça, on lui aurait pardonné sa réalisation faiblarde. Mais si on peut excuser ce qui tient à des problèmes d'argent, le reste passe plus difficilement. L'IA est catastrophique, les combats n'ont quasiment aucun intérêt et quitte à utiliser l'idée du voyage dans le temps, autant y aller à fond et ne pas en faire qu'un prétexte superficiel en oubliant que pour plonger un joueur dans une histoire, il faut qu'elle ait un minimum de cohérence. Le jeu étant proposé à petit prix, les curieux peuvent toujours se pencher dessus si le coeur leur en dit.