Quelle meilleure occasion que celle de l’annonce tonitruante d’un nouveau Twisted Metal sur PS3 pour revenir aux origines de la saga. Sorti sur la Playstation première du nom en novembre 1995 aux USA puis en 1996 en Europe, Twisted Metal semblait alors provenir d’une autre galaxie. Tout comme son créateur d’ailleurs ! En plus d’être à l’origine de la saga des TM, David Jaffe, game designer de renom, a également offert à l’industrie vidéoludique des jeux tels que Mickey Mania ou plus récemment les God of War. Twisted Metal fut le début d’une longue et prospère entente entre Jaffe et Sony.
Le scénario, simple prétexte pour des destructions et autres explosions de véhicules, donnait à lui seul le ton du jeu. Régulièrement, nous racontent Jaffe et son équipe, se tient à la veille de Noël un cirque des plus curieux. Dans cette enceinte peu accueillante s'affronte une douzaine de participants au volant de bolides surarmés. L'objectif de cette folie est évidement de finir premier en massacrant ses ennemis avant de se prendre un missile en pleine figure. Mais pourquoi participer à un tel massacre me direz-vous ? En réalité, il y a quand même une raison à tout ce remue-ménage.
Non content de nous divertir, les protagonistes du jeu sont aussi là pour obtenir le droit de voir n'importe lequel de leurs souhaits se réaliser. En effet, le premier prix de ce carnage est le privilège de rencontrer le grand Calypso en personne, dirigeant sociopathe de ce cirque de fous. Ce mystérieux homme possède, dit-on, le pouvoir de réaliser les voeux les plus incroyables. Il n'en fallait pas plus pour qu'une foule de maniaques du volant à la gâchette facile se pointent illico presto. Le scénario déjanté, mais totalement assumé, propulse le joueur dans un univers fun et décalé où tout est prétexte à s'entretuer. Ainsi, vous rencontrerez plusieurs personnages hauts en couleur, du clown vidéoludique le plus bankable, échappé d'un asile et conduisant un camion de glace, au vieux chauffeur de taxi new yorkais prêt à tout, en passant par l'être maléfique au volant d'un semi-remorque ou encore à l'agent secret au volant de sa Ferrari. Au final, ce ne sont pas moins de douze candidats qui vont s'affronter dans 7 environnements différents. Chaque personnage possède sa propre histoire, avec un dénouement différent à chaque fois, ce qui augmente considérablement la durée de vie. Rajoutez-y un mode deux joueurs et vous voilà prêt à passer plusieurs heures dessus.
Le but, vous l'aurez donc compris, est de récupérer le plus d'armes possible et d'en faire profiter vos adversaires. On voit très rapidement que les game designers ont redoublé d'effort pour nous permettre de nous entretuer joyeusement. En plus des missiles et autres ogives, on retrouve un arsenal à la hauteur de l'histoire : mines, flaques d'huile, mortiers, fusées glaçantes et même rétro-fusées ! Ces armes basiques, qu'il vous faudra trouver aux quatre coins du niveau, ne sont pas les seules qu'il vous sera donné d'utiliser. En effet, chaque protagoniste possède une attaque spéciale. Celles-ci sont illimitées mais mettent un temps fou à se recharger. Cependant, le gameplay du jeu s'en trouve considérablement enrichi. Non seulement les visuels des armes sont à chaque fois différents mais celles-ci ne s'utilisent pas toutes de la même manière, ce qui n'était pas si courant que ça à l'époque. De plus, les coups spéciaux se réalisaient au corps-à-corps, d'autres à une certaine distance et d'autres encore vous permettaient de tirer sur plusieurs ennemis à la fois.
En ce qui concerne le level design et l'esthétisme, il est nécessaire de se replonger dans le contexte. TM a maintenant quinze ans, ce qui est plus que vénérable pour un jeu vidéo. A l'époque, la diversité et le contenu des environnements (six niveaux, un boss plus un de caché) n'étaient pas chose courante. Cependant, il convient de préciser que ce jeu a assez mal vieilli et que la nostalgie n'empêche pas d'être objectif ! Toutefois, après quelques secondes de retenues l'intense frénésie destructrice revient au galop. Au fur et à mesure de votre avancement au sein du tournoi de Calypso, vous découvrirez alors des niveaux de jeu de plus en plus grands et fournis. Si le premier n'est qu'une simple arène à deux joueurs, Cyberbia, l'avant-dernier environnement, est sans conteste la plus grande arène du jeu. Vous serez amené à y combattre huit autres compétiteurs. Il n'y est pas rare de rouler pendant plusieurs dizaines de secondes sans trouver personne sur qui utiliser son arsenal de fou. Ce temps de repérage sera de toute façon nécessaire pour localiser les points de réapparition des armes et les endroits où sont cachés les spots de réparation.
Ces derniers, sorte de garages à voitures portatifs, vous permettront de récupérer de la vie et de redonner des couleurs à votre tas de ferraille ambulant. Un autre bon point graphique est justement la destruction des véhicules en fonction des dégâts reçus. Il en est de même pour la diversité des endroits visités et le nombre de passages secrets qu'ils contiennent. Ceci nous donne alors l'occasion de circuler dans des villes, des banlieues, des canaux de rivières, des entrepôts et des autoroutes. C'est d'ailleurs sur les toits d'une ville que se déroule le combat final contre le vainqueur du dernier Twisted Metal : Minion autrement dit un véritable char d'assaut possédant toutes les attaques spéciales des autres concurrents, y compris la votre ! En somme, on retrouve avec plaisir un soft qui a clairement su lancer une véritable franchise vidéoludique. Les quelques erreurs récurrentes du jeu (notamment le nombre de bugs de collisions) n'entachent en rien l'expérience du jeu. Cette dernière est dictée de bout en bout par un trente-sixième degré totalement assumé. Un hit pour tous les fans de jeux de caisses à l'humour décalé.
- Graphismes14/20
Sans être un beau jeu, Twisted Metal s’inscrit parfaitement dans ce qui se faisait à l’époque. Sa position de précurseur du genre lui excuse quelques faux pas. Cependant, les bugs de collision et d’affichage sont assez récurrents. Il possède pourtant de véritables qualités graphiques qu’il convient de mettre en avant comme la destruction des décors et des véhicules ainsi que divers effets spéciaux (fumée, feu).
- Jouabilité15/20
La prise en main demande un petit temps d’adaptation mais cela tient plus à son âge qu’au jeu en lui même. Cependant, une fois la voiture maîtrisée, de longues heures de jeu vous attendent.
- Durée de vie15/20
Le soft possède 8 niveaux et trois modes de difficulté. De plus, vous serez amené à revenir sur certains environnements pour y découvrir des passages secrets. Notons également une difficulté évolutive avec un adversaire pour la première arène, trois pour la seconde et jusqu’à huit pour la plus grande. Rajoutez à cela un mode deux joueurs et vous verrez que vous ne voudrez plus jamais lâcher votre pad !
- Bande son12/20
On regrettera l’absence d’une bande-son (ce que les TM suivants s’empresseront de corriger). Cependant, cette première version n’était pas avare en bruitages en tout genre : moteurs, dérapages, accélérations, cris de piétons sauvagement écrasés...
- Scénario12/20
Sans être exceptionnelle, l’histoire de Twisted Metal est bien pensée et nous fait rire. Les douze fin existantes, en fonction du personnage choisi, nous réservent même quelques surprises ! Vous ne verrez plus jamais les cirques et leur monsieur loyal de la même façon...
Avec l’annonce d’un Twisted Metal sur PS3, la saga de Jaffe devient officiellement la plus ancienne licence d’exclusivité de Sony. Avec un premier jeu sortie en 1995 et un prochain attendu en 2011, cela fera seize ans que les joyeux lurons de ce cirque de fous s’entretuent. Pour des personnages qui sont censés mourir à tour de bras, ces fous du volant ont l’air plutôt en forme ! Ce premier opus ouvrait la marche alors que le paysage vidéoludique en était à ses balbutiements en matière de 3D et c’est avec brio que cet ovni a enflammé le coeur de générations entières de joueurs.