Restée pendant trop longtemps exclusivement réservée au marché japonais, la série des Sakura Taisen constitue sans aucun doute la franchise la plus prestigieuse du studio RED Entertainment. Cette dernière, caractérisée par ses phases de jeu orientées RPG tactique et ses séquences fonctionnant sur le principe des « dating sim » (simulation de drague), a pourtant attiré l'attention de nombreux fans occidentaux friands de ce genre de titres jugés inadaptés aux publics américain et européen. Bien qu'elle existe depuis 1996, la série n'a donc jamais franchi les frontières de notre pays, le nom de Sakura Wars n'étant connu chez nous qu'au travers de ses adaptations animées.

Alors certes, Sakura Wars : So Long, My Love n'est qu'une déclinaison du cinquième volet de la série sorti en 2005 au Japon sur PS2. Mais l'initiative de NIS America est d'autant plus louable qu'elle témoigne de la volonté de cet éditeur de rendre le jeu accessible à tous les joueurs occidentaux qui, à moins d'être japonisants, n'avaient jusqu'à présent aucun moyen d'en profiter. L'éditeur a d'ailleurs pris la peine de localiser le titre aux Etats-Unis mais aussi en Europe, estimant à juste titre que les fans ne se laisseraient pas impressionner par les textes en anglais, motivés par leur envie de goûter eux aussi à l'expérience Sakura Wars. Pour l'occasion, NIS America a même transposé le titre sur deux supports différents, Wii et PS2, cette seconde version bénéficiant d'ailleurs, dans sa version premium, de suppléments très intéressants comme le doublage original japonais et un artbook tiré de la série. On ne peut donc qu'être terriblement déçu de constater que seule la version Wii est finalement distribuée sur le territoire européen, l'édition PS2 étant réservée au marché américain. Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir et découvrons sans plus attendre ce que nous réserve le soft.

Après avoir pris pour cadre le Japon et la France des années 1920, la série de RED Entertainment a choisi l'Amérique comme nouvelle terre d'accueil. Sakura Wars : So Long, My Love se déroule donc à New York, au début du XXème siècle, dans une réalité alternative où la population est menacée par l'invasion de forces démoniaques. Le salut viendra d'une division de combattants mécanisés connue sous le nom de New York Combat Revue (New York Kagekidan) et composée essentiellement de demoiselles capables de contrôler des méchas appelés STARs à l'aide de leur énergie spirituelle. Des héroïnes qui, le soir venu, troquent leurs uniformes contre des costumes d'opéra pour venir interpréter des spectacles musicaux à la manière de Broadway au Little Lip Theater. A l'évidence, la troupe théâtrale du Kagekidan trouve son inspiration dans le Takarazuka japonais où tous les rôles sont joués par des femmes et qui est lui aussi réparti en plusieurs troupes qualifiées par un nom tel que la division des fleurs, du vent, de la lune, etc. Le joueur incarne Shinjirô Taiga, un jeune Japonais destiné à devenir le nouveau commandant de la division new-yorkaise et qui n'est autre que le neveu d'Ichirô Ôgami, le héros des anciens volets de la série.

Le déroulement du soft fait en sorte d'alterner l'aventure et les combats dans des phases de jeu radicalement distinctes. En mode Aventure, vous contrôlez Shinjirô Taiga dans les environnements de New York pour faire avancer le scénario à mesure de vos rencontres avec les différents personnages du jeu. Chacune des discussions que vous engagez est susceptible d'influer sur le déroulement de l'histoire ainsi que sur vos capacités de combat grâce au concept du LIPS (Live & Interactive Picture System). Concrètement, les réponses que vous donnerez à vos interlocuteurs vont être plus ou moins bien perçues, la difficulté étant de faire le meilleur choix possible dans le court laps de temps qui nous est imparti pour répondre. Pour compliquer la donne, l'interface du LIPS peut prendre de nombreuses formes, vous obligeant à réagir au quart de tour pour valider votre choix en donnant plus ou moins de force à votre voix ou en effectuant une série de manipulations diverses. De cette manière, le joueur est directement impliqué dans ces conversations qui, si elles sont bien menées, permettent de renforcer les aptitudes des personnages de manière non négligeable durant les phases de combat.

Les batailles, situées généralement en fin de chapitre, se déroulent à la manière d'un RPG tactique dans la lignée des Super Robot Taisen par exemple. Le système de combat au sol s'appuie sur la notion de ARMS (Active & Real-time Machine System) et consiste à envoyer ses troupes au contact de l'ennemi en utilisant les spécificités de chaque mécha. Le joueur contrôle l'ensemble des STARs, pas seulement celui de Shinjirô Taiga mais aussi ceux qui sont pilotés par les cinq héroïnes du jeu. Chaque déplacement ou action coûte un certain nombre de points de mobilité, à vous donc d'utiliser cette jauge de manière intelligente en fonction des objectifs qui vous sont donnés. En adoptant différents stratagèmes, vous pourrez modifier le quota de points requis pour recourir aux actions de base : l'attaque, la défense et le regain de SP (pour les coups spéciaux). Vos adversaires étant généralement en surnombre, vous aurez tout intérêt à les encercler pour déclencher des attaques combinées avec vos partenaires. Mais l'efficacité de ces techniques d'alliés dépend justement des bonnes relations que vous avez entretenues avec vos compagnons durant les phases d'aventure.

Plus riche qu'il n'y paraît à première vue, le gameplay de Sakura Wars : So Long, My Love durant les batailles peut également se poursuivre dans les airs. Cette idée, inédite dans la série, permet de voir les STARs se transformer en vaisseaux pour s'attaquer à des boss souvent gigantesques. Le fonctionnement des joutes aériennes reste similaire aux combats au sol, à cela près qu'il faut aussi jouer sur l'altitude pour se rapprocher de ses cibles. Les techniques spéciales et les attaques combinées que l'on peut déclencher dans le ciel diffèrent également, donnant lieu à des séquences animées du plus bel effet. Aux commandes de Shinjirô, il est possible de donner des ordres supplémentaires, par exemple pour protéger un allié en danger ou appeler une autre unité en renfort. Certaines zones sont parfois scindées en plusieurs sections, vous obligeant à changer de lieu en cas de nécessité. Tout ceci rend les phases de T-RPG vraiment prenantes, d'autant que le niveau de difficulté est plutôt bien dosé.

Il faut quand même garder à l'esprit que ces séquences de jeu sont généralement reléguées au second plan, à l'exception du dernier chapitre où les batailles sont plus nombreuses que les phases d'aventure. Sakura Wars : So Long, My Love trouve justement sa particularité dans ce mélange action/discussions savamment dosé, l'immersion se faisant de plus en plus forte à mesure que l'on avance dans le scénario. Si les huit chapitres peuvent être achevés en une petite vingtaine d'heures, la séquence de fin dépend de l'héroïne avec laquelle vous vous êtes le plus rapproché et incite à recommencer plusieurs fois l'aventure en essayant d'autres approches. S'ajoutent à cela les multiples bonus qui se débloquent en fin de partie, le quiz et la collecte des photos via le cameratron, sorte de mini-jeu permettant de vérifier si vous êtes capable de cerner la personnalité profonde de chacune de vos alliées. Le charisme de ces cinq filles très différentes compte évidemment pour beaucoup dans l'attrait que l'on peut avoir pour ce titre, la série s'adressant avant tout aux passionnés de mangas et d'animation japonaise.