Une femme s'apprête à traverser devant vous, et une voiture va tourner à droite au croisement d'en face : a) Vous laissez passer la femme et la voiture, b) Vous ralentissez mais vous passez, car vous êtes prioritaire, c) vous accélérez pour exploser la dame, puis rentrer de plein fouet dans la voiture pour obtenir un combo bonus. Si vous avez répondu c), bienvenue dans Carmageddon.
1997. Stainless Softwares sortait Carmageddon, clairement inspiré du film "Death Race 2000". Scandale ! Polémique ! Le jeu a clairement fait parler de lui à sa sortie jusqu'à faire frémir les parents du Monde entier. A bord de bolides que ne renierait pas un certain Mad Max, vous êtes lâché dans des circuits ouverts où le but est d'arriver premier. Enfin... façon de parler, tant le classement dans le peloton importe peu. Disons que le véritable objectif est plutôt d'être le dernier survivant parmi la dizaine de concurrents. Pour cela, vous avez droit à quelques bonus, beaucoup de vitesse et une dose de méchanceté sans précédent. Et tant pis pour les piétons qui viennent à se retrouver entre vos pneus et le bitume. Le principe est on ne peut plus simple, un peu comme un mode Arène de Destruction Derby. La différence est qu'ici, les moyens mis en œuvre pour atteindre la première place du podium sont légèrement plus... radicaux. Vous évoluez dans plus d'une dizaine de gigantesques circuits ouverts aux architectures complètement dingues (loopings, tremplins...), propices à moultes cascades qui définissent à elles seules la notion d'"arcade", tant la conduite s'apparente à du grand n'importe quoi complètement jouissif.
Une fois lancé dans la course, vous avez trois ennemis : les concurrents, les piétons, le chrono. Bon, admettons que les piétons ne soient pas vraiment des ennemis. Il n'en reste pas moins que vous leur rentrerez dedans par douzaines afin d'ajouter de précieuses secondes à votre compte à rebours qui, s'il tombe à zéro, implique évidemment un fatidique game over. Notez aussi que plus vous tuerez de piétons à la chaîne, et/ou avec style (exemple : en dérapant), plus vous gagnerez du temps. Mais écraser les piétons n'est pas le seul moyen de gagner des secondes. Rentrer violemment dans les concurrents, faire des cascades de dingue et exploser les divers bidons verts ici et là vous donneront aussi tout le temps nécessaire à un massacre propre et en règle. Tout est donc réglé pour transformer les courses en des affrontements véritablement nerveux, où aucun temps mort n'est permis. Des armes seront également disponibles dans des bidons rouges à exploser. Mais prudence ! Parfois, ces bidons révèlent de bien mauvaises surprises... Ajoutons enfin qu'au fur et à mesure des circuits, la police viendra mettre son grain de sel. Vous passer les menottes ne sera que le dernier des soucis des forces de l'ordre. Leur véritable mission (la seule, en fait) sera votre élimination pure et simple.
En plus du temps, vous gagnerez également des crédits, indispensables pour réparer votre voiture en cours de jeu via un simple bouton. Car même s'il faut que vos concurrents soient vraiment acharnés pour vous tuer, votre bolide perdra rapidement de la vitesse et sera beaucoup plus difficile à manier s'il est en charpie. Notez que les déformations de carrosseries sont présentes, ce qui était rare à l'époque. L'argent vous donnera également la possibilité d'améliorer votre véhicule, que ce soit sa vitesse, sa défense ou ses possibilités d'attaque. Signalons enfin que de très nombreuses voitures sont présentes dans le jeu et peuvent être achetées et améliorées. Un vrai plaisir que de se battre dans le but de conduire une dépanneuse ou une coccinelle tunée en version hardcore. Les circuits sont eux aussi nombreux et il vous faudra du temps pour tous les débloquer.
Malgré tout, le fun omniprésent et l'ambiance destroy peuvent être un peu gâchés par une jouabilité parfois à la limite du supportable, particulièrement au clavier. En effet, les caisses sont de vraies patinettes, et rester droit relèvera parfois du miracle. Chaque véhicule possède une conduite différente mais, dans l'ensemble, ça glisse au pays des accidents de la route. Heureusement, rester sur le droit chemin n'est pas indispensable, et un écart loin des routes vous permettra toujours de croiser des piétons… On regrettera tout de même un unique mode solo (pourtant assez complet) accompagné d'un mode en ligne. Quoi qu'il en soit, le jeu est suffisamment fun et long, et l'humour noir toujours assez présent pour nous faire passer un bon moment, même 13 ans après. Pour peu que l'on soit capable de passer outre une certaine bouillie de pixels bien entendu.
- Graphismes14/20
Difficile de juger après 13 ans, mais avouons que ce n'était pas mal pour l'époque. Certains véhicules sont un peu trop "carrés" et les circuits un peu vides niveau décor, mais dans l'ensemble le design hardcore fait mouche.
- Jouabilité12/20
Le point noir, surtout au clavier. Les voitures étant de vrais blocs de savon il est parfois difficile de se diriger, surtout lors des premières parties. Néanmoins, une manette et/ou l'habitude atténue(ent) cet effet.
- Durée de vie16/20
Un seul mode de jeu solo et un mode online. Ça peut paraître court mais il faudra passer du temps pour débloquer les circuits et acheter les voitures. D'autant que Carmageddon possède un certain goût de "reviens-y" indéniable.
- Bande son15/20
Pas de musiques, excepté dans l'intro où un bon vieux Fear Factory se fond tout à fait dans l'ambiance. A part ça, les bruits de tôle froissée, les cris des passants, les "sprouitchs" lorsqu'ils passent sous la voiture et les répliques du pilote sont plutôt marrants.
- Scénario/
Vous avez une voiture, vous êtes énervé. Ça s'arrête là.
Véritable éclate purement arcade, gore et immoral, Carmageddon est une dose de fun concentrée. Si certains lui reprocheront cette violence gratuite, les autres prendront des heures de plaisir à arpenter les nombreux circuits au volant de leurs bolides tous plus trash les uns que les autres pour des courses violentes, rapides et intenses. Un jeu qu'on ne lâche pas facilement, sauf peut-être pour jouer à la suite ?