Conscient du succès rencontré par Thunder Force III, Technosoft se lance dans le développement du quatrième épisode de sa série fétiche. Attendu par de nombreux fans, ce shoot'em up à scrolling horizontal s'est vu confier la lourde tâche de faire aussi bien, sinon mieux que son illustre prédécesseur. Alors, cruelle désillusion ou totale réussite ? Inutile de faire durer le suspense, il suffit de lancer le jeu moins d'une minute pour voir qu'il s'agit sans doute du meilleur épisode de la série.
Alors que l'empire Orn a été vaincu, la fédération galactique doit de nouveau faire face à une menace grandissante. Cette dernière est en fait composée d'alliés et de résidus de l'armée de leur éternel adversaire cosmique. Encore une fois balayée par les forces ennemies, la fédération va, pour changer, construire un nouvel engin de combat aussi véloce que puissant : le FIRE LEO-04 Rynex. A bord de ce bolide flambant neuf, il ne vous reste plus qu'à débarrasser le monde des ordures qui l'oppriment ! Avec ce scénario à rendre jaloux les plus grands philosophes du siècle des lumières, une chose est sûre : on a affaire à un jeu du type "tirer d'abord et poser les questions ensuite".
Qu'à cela ne tienne ! Voyons s'il remplit sa part du contrat, à savoir nous offrir l'opportunité de nous frayer un chemin à coups de lasers à travers des hordes de monstres en tout genre. Frémissant à l'idée de jouer à la suite d'un chef-d'oeuvre, vous tendez fébrilement le bras vers le bouton de tension de votre machine et appuyez. Une scène d'introduction accompagnée d'une musique hard-rock vous emmène à l'écran titre. Un tantinet secoué, vous parvenez à lancer une partie. Le jeu vous propose de choisir l'ordre de déroulement des quatre premiers niveaux, Technosoft semble avoir compris qu'il tenait là une bonne idée, initiée dans le troisième opus. Bien, vous choisissez l'ordre par défaut, lancez le premier niveau... et vlan ! Rasseyez-vous, ce n'est rien, juste une claque graphique, et rassurez-vous, ça ne laisse pas de trace visible, juste une petite marque au fond du coeur. Dès le premier niveau, on se retrouve nez à nez avec un shoot'em up au scrolling principalement horizontal, mais également vertical. Vous êtes en effet libre de vous déplacer sur une hauteur de deux écrans, exposant un panorama sur un décor montagneux. Votre ascension s'accompagne de l'apparition de nuages tandis que l'approche du sol vous fait découvrir la mer bordant le continent, les vagues frappant les rochers... A la vue de la quantité de détails affichée, vous vérifiez que votre console n'a pas pris feu, on ne sait jamais... Et cette magnificence graphique ne se cantonne pas à ce niveau, mais vous accompagne tout au long du jeu. L'aspect de certains environnements semble davantage issu de la Neo-Geo !
Naturellement, se déplacer sur une si grande distance peut être déstabilisant, surtout si vous êtes habitué à retenir les séquences d'attaque de vos adversaires. Mais le scrolling vertical a été intelligemment implémenté et se déclenche lorsque votre vaisseau se trouve à bonne distance du bord de l'écran, il n'est donc pas question de progresser en aveugle. La disposition des ennemis mêle adroitement des vagues d'assaut indépendantes de votre position et des pièges propres à votre altitude. De la même manière, il est possible de passer à côté d'items sans s'en rendre compte, bien que leur présence soit équitablement répartie sur toute la hauteur de l'aire de jeu. Le level design va même jusqu'à laisser au joueur le choix entre plusieurs itinéraires indépendants. Étudier les niveaux et connaître le meilleur chemin à emprunter demande donc de rejouer certains passages à de multiples reprises. Le jeu dispose néanmoins de plusieurs moments au déroulement plus classique, sur un seul écran, qui seront pour la plupart justifiés par la mise en scène d'un événement important que le joueur ne doit pas manquer. Au final, cette particularité du jeu se dompte assez rapidement et offre surtout une certaine liberté de mouvement dans un genre où on ne l'attendait pas, une vraie réussite !
Le gameplay principal, lui, n'a pas fondamentalement changé depuis le précédent opus. Votre engin dispose toujours de cinq armes dont les deux équipées d'office sont améliorables. Les autres armes et les upgrades doivent être trouvés au fil des niveaux, la perte d'une vie entraînant la disparition de la nouvelle arme équipée. Au final, vous pourrez faire feu à l'avant, à l'arrière, au-dessus et en dessous de votre engin de combat. Le "free way" tire dans la direction opposée à celle de vos déplacements et le "hunter" remplit l'écran de projectiles suivant la cible la plus proche. Il est toujours possible de choisir sa vitesse parmi les quatre proposées, allant de 25% à 100%. On peut également la modifier pour cent par pour cent en maintenant appuyé le bouton de choix de vitesse. Les déplacements sont plus doux et fluides qu'auparavant et il est même agréable de se balader de haut en bas de l'aire de jeu juste pour admirer l'animation de votre vaisseau se penchant dans la direction souhaitée. D'une manière générale, le jeu est un peu moins rapide que son aîné mais reste dans un registre nerveux, marque de fabrique de la série. Vous serez toujours assailli par des adversaires venus de tous côtés, à tel point que quand une accalmie surviendra, vous vous mettrez à balayer l'écran d'un regard affolé, persuadé que le pire est sur le point d'arriver. Cela ressemble à de la paranoïa, mais c'est le prix à payer pour voir le bout du jeu, car le défi est plus grand qu'auparavant.
Le jeu est en effet composé de pas moins de dix niveaux à la difficulté croissante. Aucun n'est vraiment insurmontable, les ennuis viennent plutôt de l'endurance du joueur, qui sera mise à rude épreuve via des pièges et des attaques inattendues. Les décors traversés sont assez originaux et très travaillés sur le plan graphique. Vous pouvez aussi bien slalomer au sein d'une flotte ennemie que parcourir les restes d'une station spatiale ravagée par la guerre. Vers la moitié du jeu, vous recevrez une nouvelle arme : la Thunder Sword. Équipée en parallèle de votre armement classique, elle se charge lorsque vous ne touchez pas au bouton de tir. Une fois chargée, elle libère un puissant rayon d'énergie qui couvre une grande partie de l'écran. A l'instar des autres armes secondaires, la perte d'une vie s'accompagne de sa disparition. Les affrontements sont dynamiques et mettent en scène de nombreux adversaires différents aux modes d'attaque variés. Hors de question de se placer dans un coin et d'espérer éviter les assauts adverses, ils vous enverront des missiles autoguidés ou ajusteront leur position à la vôtre pour ne pas vous manquer. On est forcé de se placer au sein de l'action pour enrayer l'accumulation de menaces partout à l'écran, une bonne anticipation des placements évitant souvent de se retrouver acculé sans aucun moyen de se défendre. C'est dans ce genre de situation que surgit le principal reproche que l'on peut faire au jeu : l'apparition de légers ralentissements. Certes, ils sont minimes et peuvent même faciliter la tâche du joueur en difficulté, mais cela n'empêche que la fluidité parfaite du précédent opus n'est malheureusement plus d'actualité.
Vient maintenant une des qualités récurrentes de la série, qui atteindra son paroxysme avec le cinquième épisode : les musiques ! Certaines passent assez inaperçues, mais celles qui accompagnent les affrontements contre les boss sont mémorables et restituent parfaitement l'intensité des combats. Et même si le processeur sonore de la Megadrive n'a jamais vraiment brillé par la qualité de ses sons, quand on s'en sert pour composer de la musique hard-rock, le résultat est bien gras, lourd et puissant. Le générique de fin est accompagné de compositions différentes en fonction du niveau de difficulté choisi et terminer le jeu débloque une dizaine de musiques originales dans le sound test, accessible depuis l'écran titre. C'est dire le soin dont a bénéficié la bande-son du jeu !
- Graphismes18/20
On note une grande amélioration par rapport au dernier épisode. Les graphismes sont fins et détaillés. Le vaisseau ainsi que les appareils adverses sont bien animés et les décors sont splendides et même variés au sein d'un même niveau. On regrette cependant l'apparition de ralentissements dans les passages les plus encombrés, bien que cela ne nuise pas vraiment au plaisir de jeu.
- Jouabilité18/20
Les déplacements sont plus précis que jamais et peuvent être ajustés jusqu'au moindre pixel par seconde, un vrai bonheur ! La variété des situations rencontrées est impressionnante grâce aux nombreux mouvements différents des boss et des ennemis. La structure des niveaux, étalés sur plusieurs écrans de haut, est à la fois originale et bien pensée. Le jeu, bien que très rythmé, n'atteint pas la nervosité du précédent opus.
- Durée de vie15/20
Pas aussi long qu'un Super Aleste, le jeu prend néanmoins plus de temps à finir que la moyenne du genre. Sa rejouabilité est assurée par une dizaine de niveaux où plusieurs itinéraires peuvent être empruntés. La difficulté peut être diminuée si vous n'êtes pas emballé à l'idée de devoir recommencer plusieurs passages avant de les maîtriser pleinement. Mais elle peut également être augmentée si vous cherchez plus de challenge.
- Bande son17/20
Les niveaux sont pour la plupart accompagnés de musiques mélodiques plutôt calmes mais d'autres passages, comme le huitième niveau et surtout les boss, vous soumettront du hard-rock bien lourd qui explosera pour le plus grand plaisir de vos tympans.
- Scénario/
La fédération galactique se fait attaquer pour la quatrième fois... A moins que ce ne soit la troisième ? Est-ce vraiment important ?
Thunder Force IV est le meilleur shoot'em up à scrolling horizontal de la Megadrive. Très abouti sur le plan graphique, il l'est également dans son gameplay et la structure de ses niveaux. On ne peut pourtant affirmer sa supériorité face à son prédécesseur sans préciser qu'il perd un peu en nervosité pour gagner en contenu. Fan de shoot'em up ou pas, il est conseillé à tous d'y jouer, vous pourriez tomber amoureux d'un genre qui vous semblait jusque-là inintéressant. Et puis profitez-en au maximum : c'est le dernier épisode de la série sorti dans nos contrées.