TaleSpin, ça ne vous évoque rien ? Et Super Baloo, de son titre français, ça ne vous revient toujours pas ? Mais si, souvenez-vous de cette série de dessins animés dans les années 90 qui mettait en scène Baloo et d'autres personnages du livre de la jungle dans un tout autre univers. Le fameux ours y était pilote d'avion-cargo pour sa petite entreprise de livraisons que Shere Khan le tigre tentait de faire couler à chaque épisode. Le succès de la série à donné naissance à une adaptation en jeu vidéo et attachez vos ceintures car le voyage promet d'être mouvementé.
Il ne vous est jamais arrivé étant enfant de supplier vos parents très fort pour avoir le jouet issu de votre dessin animé préféré ou d'avoir commandé au Père Noël le jeu de société qui avait l'air si merveilleux dans la publicité et d'être amèrement déçu du résultat ? Tale Spin fait un peu cet effet-là. Alors au risque d'écourter notre vol, soyez prévenus : fans du dessin animé ou simples amateurs désireux de retrouver un univers familier, préparez votre parachute. L'entreprise de Baloo et de Kit, son jeune assistant, est au bord de la faillite. La seule solution pour éviter le dépôt de bilan est d'accepter le défi de Shere Khan et récupérer de précieuses cargaisons (au nombre de 10 par niveau) aux quatre coins du Monde pour les ramener à la douane. Bien sûr, le fameux tigre a l'intention de gagner son pari et racheter votre petite affaire. Pour cela, il n'hésitera pas à engager les mercenaires de Don Karnage, pirate de l'air de son état pour vous mettre des bâtons dans les roues. Le point de départ semble plutôt alléchant sous ses airs de Tour du monde en 80 jours, mais c'est à partir de cet instant que des turbulences viennent troubler notre enthousiasme. Graphiquement, ça ne pose pas vraiment problème, le titre est visuellement convenable et même si ce n'est pas ce qu'il se fait de mieux sur Megadrive, on reconnaît furtivement les personnages principaux et les décors sont loin d'être vides. On aurait, certes, préféré une animation de meilleure qualité, mais on s'en contente malgré tout. Le problème ne vient pas vraiment de là. Pour que vous compreniez bien, il vous faut savoir, tout d'abord, que le jeu se déroule en séries de 3 niveaux. D'abord un niveau de type action/plates-formes, ensuite vient le niveau de la douane où un boss vous empêchera de passer pour finir par une phase de shoot them up en avion.
Pour commencer votre partie, vous devrez choisir votre personnage entre Kit et Baloo. Quelle que soit votre préférence, les niveaux resteront les mêmes, la jouabilité et le gameplay de certaines scènes seront cependant légèrement différents. Vous vous dites sans doute que Kit est un choix plus judicieux car il a l'air plus fin et plus agile, détrompez-vous. Kit est beaucoup plus petit que son acolyte et sa taille le contraint à avoir une zone de tir plus restreinte en hauteur. Oui, vous avez bien entendu "de tir". Kit se défend en effet grâce à un petit lance-pierre mais la palme revient à Baloo qui, lui, se sert d'une raquette de mini Jokari, sorte de raquette sur laquelle une balle est attachée par un élastique pour ceux qui ne connaissent pas. Une arme redoutable qui en dit long sur le respect du dessin animé dans cette adaptation. N'étant pas suffisamment inutiles à vos yeux, les développeurs ont eu la merveilleuse idée de limiter la portée de l‘arme de Baloo et si le lance-pierre de Kit tire sur toute la longueur de l‘écran, ses coups sont moins puissants.. Comme si cela ne suffisait toujours pas, les passages de plates-formes déjà difficiles avec ce grand dadais de Baloo, deviennent plus pointus avec Kit qui n'a pas droit à l'erreur. A noter que cela constitue le seul avantage de la largeur de Baloo.
La plate-forme, vous l'aurez compris, n'est pas le point fort du titre. La plupart des passages énervants se soldant par de nombreuses tentatives inutiles, le moindre écart de quelques centimètres se terminant souvent dans une rivière dont le courant vous ramènera automatiquement au point de départ. S'il vous reste encore quelques cheveux, ne vous inquiétez pas, la recherche des dix cargaisons éparpillées dans le niveau aura raison de leur arrogance. Ces moments sont particulièrement pénibles et rébarbatifs car les cargaisons sont parfois si bien cachées qu'on finit toujours par tourner en rond avec une migraine en se demandant où est passée cette fameuse dernière caisse que l'on ne trouvera jamais. Enfin chauve ? Bien, maintenant munissez-vous d'un ami devant qui vous jouerez. Il est, en effet, fort pratique d'avoir un crâne supplémentaire car la suite nécessite également un arrachage capillaire conséquent. Passées les phases de plates-formes horripilantes, vous aurez également affaire à quelques ennemis et divers pièges. Tenez-vous bien car non seulement le bestiaire ne respecte pas du tout l'univers du dessin animé mais l'armement des personnages jouables est de si courte portée et de si faible efficacité qu'il est presque impossible de se débarrasser de ses adversaires sans y laisser un ou deux points de vie. Il est également très difficile de se défendre lorsque l'on est pris au dépourvu par la vitesse de certains ennemis ô combien sérieux, comme les mouettes assoiffées de sang qui se jetteront littéralement sur vous et qui semblent directement sorties d'un film d'Hitchcock, ce qui constituerait l'un des cross-over les plus mémorables de toute l'histoire.
Le monde de super Baloo est encore plus hostile que des vacances à Jurassic Park (encore un cross-over ?). Tout est là pour vous éliminer, tout et n'importe quoi pour être précis. Les bulles crachées par les huîtres dans les passages aquatiques sont toxiques et si les vis qui tombent des toits des maisons ne vous tuent pas du tétanos, c'est l'eau des fontaines qui vous achèvera. Ce qui, soit dit en passant, donne à réfléchir sur l'état de propreté de nos fontaines... ou sur celui des ours dans les dessins animés de Disney qui évitent l'eau comme la peste. Le temps lui-même est un ennemi redoutable car pour enfoncer le clou, les développeurs ont décidé de vous donner un temps limité, faisant monter la tension nerveuse encore plus. Et c'est au moment où le chronomètre est presque écoulé que tout se mélange dans votre tête : des huîtres qui crachent des mouettes sur votre ami chauve tandis que la dernière plate-forme assoiffée de sang est introuvable et que les bulles du chronomètre sont bientôt à zéro. Tout se mélange, n'est-ce pas ? Vous aurez compris que le temps limité de ces niveaux est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est toujours quand il ne reste qu'une minute au chrono que vous ratez 36 fois la même plate-forme et que vous ne parvenez pas à mettre la main sur la seule cargaison qu'il vous manque. Alors vous courez tant bien que mal à travers des nuées de mouettes en espérant que ça passera...
C'est dans ces horribles moments de stress que la musique commence également à vous taper sur les nerfs. Et parlons-en de la musique, tiens ! Exécrable tant au niveau de sa composition que de sa qualité sonore, la musique ne fait pas honneur à la Megadrive et ce n'est rien de le dire. Comment peut-on tolérer de telles ignominies alors qu'un an auparavant sortait Sonic 1 et sa bande-son irréprochable ? Certains thèmes sont complètement ratés comme le thème du générique du dessin animé que l'on peine à reconnaître : un comble pour l'adaptation d'une licence. Les bruitages ne sont pas épargnés au même titre que nos oreilles. Non seulement ils sont d'une qualité infâme, mais en plus ils représentent mal l'action à l'image du "plop!" qui retentit quand vous tuez un ennemi.
Après une phase d'action/plates-formes pénible, il est temps d'aller faire valider vos colis à la douane. Et là, les fans retrouveront enfin des éléments familiers : les boss. Ils apparaissent tous dans le dessin animé et leurs attaques évoqueront également la série comme par exemple l'inventeur fou et son pistolet-aimant ou bien encore le loup mitrailleur des pirates de l'air. Les boss sont certes difficiles à battre, mais ils ont chacun une technique d'attaque qui leur est propre et qu'il vous faudra apprendre à anticiper pour les toucher au bon moment. C'est bien là tout ce qu'on attend d'un combat contre un boss. Autre point positif, il apparaît que c'est l'un des seuls moments où la musique semble entraînante en dépit de la basse qualité du son. Cela semble léger, mais il est important de le noter car c'est un événement extrêmement rare dans l'ensemble du jeu.
Vous avez vaincu le boss au prix de quelques vies ? Attaquons-nous maintenant à la phase réellement intéressante : le shoot them up aérien. Le but, cette fois-ci est de dégommer le plus d'ennemis possible en évitant de prendre trop de coups pour préserver sa cargaison, cela s'illustre en pratique par du combat aérien en vue de profil. Le gameplay de ces niveaux varie un peu en fonction du personnage choisi. Ainsi, si vous incarnez Baloo, vous serez aux commandes du superbe Sea Duck, l'hydravion du dessin animé. Tandis que si vous incarnez Kit, vous ferez du ski nautique dans les airs, accroché à l'appareil par une corde. L'ennui c'est que dans cette situation, le Sea Duck sera piloté par l'intelligence artificielle qui porte bien mal son nom. La difficulté consiste à tirer sur des vagues d'ennemis tout en récupérant les bonus de réparation sous peine de voir son avion s'écraser bêtement. Le problème vient du fait que le pilote semble bien décidé à les éviter comme la peste, ainsi il est donc, en réalité, presque impossible de vous en sortir seul si vous jouez avec Kit, ce qui est totalement aberrant. Mieux vaut donc incarner le pilote et dans ce cas aucun problème, le jeu en devient véritablement amusant voire exaltant. Le véhicule est simple à manier et surtout, le désir du fan est comblé. Pouvoir rejouer les grands moments de la série - les célèbres batailles aériennes - est une véritable bouffée d'air frais.
Si la partie solo vous sort par les yeux, le jeu s'en sort bien mieux à deux. Reprenez donc votre ami chauve et mettez-lui une manette dans les mains. Si les niveaux orientés action et plates-formes sont toujours aussi durs, ils vous paraîtront moins ennuyeux à deux. Vous n'êtes malheureusement pas à l'abri de quelques engueulades car les nerfs peuvent lâcher lorsque les deux personnages sont obligés de passer les moments pénibles qui sont déjà calamiteux seul. Notez cependant qu'il est possible de porter Kit sur vos épaules épargnant au deuxième joueur quelques moments de sueur. Une idée fort sympathique si elle n'était pas aussi pénible à réaliser. Les deux joueurs doivent en effet synchroniser leurs mouvements de façon très précise, ce qui est d'autant moins évident si vous faites équipe avec un joueur débutant. Les niveaux aériens constituent toutefois des moments particulièrement amusants à deux. Kit peut enfin skier comme bon lui semble sans aller vers une mort certaine et faire équipe est vraiment payant. Mettre la pâtée aux pirates en duo est totalement jouissif et c'est un véritable défouloir. Il est cependant fâcheux que ce défouloir arrive trop tard car c'est un antistress qui aurait pu sauver votre chevelure.
- Graphismes14/20
Les graphismes sont passables, on reconnaît furtivement les personnages. Les décors ne cassent pas trois pattes à un canard mais ils ont le mérite de nous montrer plusieurs environnements différents.
- Jouabilité10/20
Les passages de shoot them up sont faciles à prendre en main tandis que les stages d'action sont ignobles de difficulté car les mouvements des personnages sont inadaptés aux situations, pour attaquer l'ennemi notamment...
- Durée de vie12/20
Si les premiers niveaux sont facilement passés si vous connaissez l’emplacement des caisses à récolter, il faut le temps de s’habituer à la difficulté générale qui augmente au fil de la partie. Il existe une dizaine de niveaux sans compter les boss et les passages en shoot them up. Heureusement certains passages à deux peuvent donner l’envie de s’y risquer encore un peu.
- Bande son8/20
Les musiques et les bruitages ne sont pas seulement mauvais, ils sont aussi désagréables et sont à des années-lumière du dessin animé original. Un ou deux thèmes potables ne suffisent pas à sauver le massacre.
- Scénario/
La petite histoire d'introduction est sympathique mais ne constitue pas un scénario évaluable.
Le résultat est très partagé. Autant les niveaux de plates-formes sont une torture mentale à s'en cogner la tête contre les murs, autant les passages d'aviation sont agréables, respectueux de l'œuvre originale et très fun, plus particulièrement à deux joueurs. Bien qu'après une partie, l'envie nous prend de ne pas mettre la moyenne à ce jeu, il serait dommage de ne pas souligner les rares moments plaisants et les quelques bonnes idées présents dans ce titre. La déception est tout de même présente face à un jeu Disney, ce qui était pourtant un gage de qualité autrefois...