Malgré le succès de la série Trauma Center, rares sont les développeurs qui ont tenté leur chance dans le domaine de la chirurgie sur DS. Qu'elle soit traitée de manière fantaisiste ou réaliste, l'idée a pourtant de quoi séduire le public mais encore faut-il oser se frotter au jeu d'Atlus. Spike a donc contourné le problème avec Lifesigns en tablant sur une approche très différente, ciblant un tout autre public.
Dans son déroulement, Lifesigns : A Coeur Ouvert a tout du jeu d'aventure. Empruntant beaucoup à la série des Phoenix Wright, le soft fonctionne essentiellement autour des dialogues, les discussions permettant de collecter des informations nécessaires pour faire avancer l'intrigue. Dans la peau de l'interne Dokuta Tendo, le joueur peut ainsi évoluer librement au sein de l'hôpital Seimei, l'histoire progressant au gré des rencontres avec les patients ou avec les collègues de l'établissement. Pour orienter une conversation vers un élément bien précis, il suffit de choisir l'une des informations stockées dans la barre des sujets en haut de l'écran tactile, et de la faire glisser sur l'interlocuteur. Avec son interface ultra accessible et sa narration parfois digne d'un manga shôjo (pour filles), Lifesigns se destine au grand public et ne rebutera que les moins enclins à lire des tonnes de dialogue avant de passer à l'action.
Si l'aspect aventure prédomine, ce n'est pas forcément un mal car les interventions chirurgicales déçoivent à plus d'un titre. Les habitués de Trauma Center seront certainement désappointés de constater que les opérations n'offrent aucune liberté au joueur, celui-ci devant se contenter d'exécuter scrupuleusement ce qu'on lui demande, sans aucune possibilité d'improviser. Les outils nous sont d'ailleurs donnés par l'infirmière sans qu'il soit possible de les choisir, ce qui limite considérablement l'intérêt de ces phases de jeu. Qui plus est, les manipulations demandées sont généralement très simples, la principale difficulté étant de ne pas dévier le stylet d'un millimètre, le soft imposant une exécution au pixel près. Le maniement du bistouri électrique, par exemple, entraînera quelques game over avant d'être parfaitement maîtrisé, le joueur n'ayant qu'une seule chance de réanimer le patient pour éviter l'échec de l'opération. D'un autre côté, même si le soft n'autorise aucune marge d'erreur, cela permet de rendre les opérations suffisamment tendues pour compenser leur nombre un peu léger. L'aventure ne comporte en effet que onze interventions chirurgicales, le seul moyen de les refaire étant de terminer le jeu pour les débloquer dans des versions plus difficiles.
Malgré tout, Lifesigns a au moins le mérite de rester crédible en toutes circonstances. Là où Trauma Center s'autorisait quelques fantaisies pas forcément du goût des puristes, le titre de Spike multiplie les termes issus du jargon médical et reste particulièrement réaliste dans le traitement des opérations. Un bon point pour Lifesigns, même si ça ne compense pas non plus le potentiel limité des interventions en question. Autant dire qu'il vaut mieux accrocher complètement à la partie aventure qui représente l'essentiel du soft, même si quelques mini-jeux surviennent aussi de temps à autre pour diversifier un peu le gameplay. L'examen des patients constitue en revanche un passage obligé avant toute opération, mais il se limite à l'utilisation du stéthoscope et aux palpations des blessures pour déboucher sur un diagnostic. Finalement, le titre reste donc assez superficiel dans son approche, tablant plus sur ses personnages et sur ses rebondissements narratifs pour capter l'attention du joueur. A certains moments, il convient par exemple de convaincre telle ou telle personne en utilisant au bon moment les informations collectées précédemment. D'une manière générale, chaque chapitre comporte des embranchements qui, selon les actions effectuées par le joueur, peuvent déboucher sur des fins différentes. Une bonne manière de nous inciter à recommencer plusieurs fois l'aventure pour tout découvrir, les bonus à débloquer étant plutôt nombreux.
- Graphismes14/20
Le style graphique plaira aux amateurs de mangas et rappelle beaucoup celui d'un Phoenix Wright avec ses personnages aux traits d'humeur marqués. Le réalisme est de mise lors des opérations, le rendu visuel étant plus crédible que celui d'un Trauma Center.
- Jouabilité13/20
Peu nombreuses, les interventions chirurgicales déçoivent par leur côté ultra dirigiste et l'absence de marge d'erreur autorisée. Les phases d'aventure prédominent et sont plus satisfaisantes, même si on avance bien trop facilement. Bon point pour la carte des lieux qui facilite énormément les déplacements.
- Durée de vie13/20
Bien que le soft ne comporte que 11 opérations, l'essentiel du soft tient dans sa partie aventure qui réserve entre 6 à 8 heures de jeu. Il convient d'ailleurs de recommencer le tout plusieurs fois car chacun des 5 épisodes propose 3 fins différentes à découvrir.
- Bande son12/20
Des musiques pas très inspirées qui contribuent à caricaturer un peu trop les situations, mais l'ensemble tient tout de même la route.
- Scénario14/20
Si le joueur a de quoi rester un peu sceptique au début, il ne faut pas longtemps finalement pour se laisser gagner par la narration mouvementée. Les personnages sont agréablement caricaturaux et les dialogues prêtent à sourire. Tous les textes sont traduits en français mais comportent parfois des fautes énormes, surtout dans le chapitre 5.
Lifesigns : A Coeur Ouvert n'est pas une alternative à Trauma Center, c'est un soft d'un tout autre genre qui mise davantage sur sa narration et sur sa partie aventure que sur ses interventions chirurgicales. Trop dirigistes et pas assez nombreuses, les opérations sont plus à voir comme un bonus qui rajoute un peu de pression aux moments clés.