Le Live Arcade a la particularité d'alimenter la Xbox 360 en jeux appartenant à des genres peu représentés. City-builder à destination d'un large public, A Kingdom for Keflings est la dernière réalisation de Ninja Bee, à qui l'on doit déjà quelques très bons titres Arcade comme Band of Bugs. Vaut-il pour autant les 800 points nécessaires à son acquisition ?
La première particularité de A Kingdom for Keflings est de tirer parti des avatars Xbox 360, fraîchement débarqués à l'occasion du lancement de la nouvelle interface. Au lancement d'une partie, il vous suffit de sélectionner votre alter-ego virtuel au lieu de choisir l'un des quatre géants prédéfinis : vous aurez alors le plaisir de le voir évoluer parmi les Keflings, parfaitement intégré à l'environnement de jeu. Géants ? Keflings ? Ah oui, que l'on vous explique : le jeu vous permet d'incarner un géant, qui s'est mis dans la tête d'aider des petits lutins à bâtir leur royaume. On n'en sait guère plus sur les motivations de chacun. On se gardera bien, par ailleurs, de se demander si c'est à cause du géant que les Keflings paraissent si petits, ou si c'est à cause d'eux que le géant est considéré comme tel. C'est le genre de question que l'on ne pose pas dans l'univers féerique, sucré et insouciant qui nous est ici proposé.
La principale originalité de A Kingdom for Keflings réside dans sa jouabilité : d'ordinaire, dans les jeux de gestion en général et dans les city-builders en particulier, le joueur effectue toutes ses actions à l'aide d'une interface plus ou moins pratique. Ici, c'est le géant que l'on incarne qui tient le rôle de maître d'oeuvre : on le déplace à l'aide du stick analogique droit et deux ou trois boutons lui suffisent à passer tous les ordres nécessaires aux dociles et laborieux Keflings. Pour cela, rien de plus simple : il suffit de saisir un de ces petits lutins et de le placer à l'endroit où il doit travailler. Si ce sont des ressources (bois, pierre, cristal, laine), il les récoltera ; si c'est un bâtiment il saura qu'il faut y oeuvrer. Cela se complique un petit peu lorsqu'il s'agit de faire comprendre à un Kefling qu'il doit stocker quelque part le fruit de son labeur : il faut d'abord attraper le petite être, le poser sur la ressource, puis le saisir à nouveau et aller lui montrer le bâtiment voulu. Amusant au début, ce principe finit par agacer lorsqu'on a une pléthore de Keflings dont il faut s'occuper. Il faut tout de même préciser que le géant ne restera pas toujours les doigts de pied en éventail à regarder les autres travailler : il paiera lui aussi de sa personne lorsque ce sera nécessaire, et notamment lorsque la main-d'oeuvre viendra à manquer. Le titre a donc d'indéniables faux airs de Black & White, excepté qu'on ne peut se montrer méchant envers ses protégés. La seule possibilité en la matière, qui rappelle un peu les fameuses claques de Dungeon Keeper, est de leur donner un bon coup de pied au derrière pour leur signifier d'accélérer un peu la cadence !
Pour le reste, A Kingdom for Keflings emprunte davantage à la saga des Settlers. Les nombreux bâtiments disponibles sont débloqués au fur et à mesure selon un arbre de construction très précis (mais qui offre une certaine latitude). La construction elle-même prend toutefois une tournure plutôt originale. On commence par sélectionner le plan du bâtiment (traduit par un vilain "blueprint"), sur lequel figurent des éléments à aller commander auprès des différents ateliers. Lesdits éléments requérant pas mal de ressources, il faut parfois attendre un long moment pour les obtenir tous. Le géant les transporte alors à l'endroit désiré et ce n'est qu'en les assemblant selon une configuration précise qu'il parvient à ériger le bâtiment voulu. Les constructions les plus complexes impliquant de nombreux éléments, un guide au sol vous aide à les placer, mais il ne rend pas pour autant les choses plus pratiques : on aurait préféré voir les éléments bien placés se colorer au fur et à mesure sur le plan situé en haut à gauche de l'écran. De même, les différents bâtiments sont parfois trop proches sur le plan du design pour que l'on puisse les distinguer facilement. Heureusement, le centre artistique une fois construit permet de peindre d'une couleur particulière le toit ou les murs d'un bâtiment, ce qui aide à se repérer. Précisons enfin que certains bâtiments ont besoin d'un petit "plus" avant d'être opérationnels : certains doivent être tenus par un Kefling formé (à l'école, au collège , dans le hall des guildes...), d'autres requièrent un objet particulier (par exemple, les maisons ont besoin d'amour, symbolisé par un coeur parfois attribué en récompense par le maire).
A Kingdom for Keflings a donc tout le potentiel requis pour se montrer addictif. Pourtant, il faut bien avouer qu'au bout d'un moment, l'ennui commence à poindre. Bien qu'original, le système de jeu est quand même sacrément répétitif, et l'ensemble souffre d'un manque flagrant de challenge. La finalité, dont nous n'avons volontairement pas parlé jusqu'ici, consiste à bâtir un château pour ses Keflings, et rien de plus. Hormis le fait que cette tâche sera plus ou moins longue selon la façon dont on s'est organisé, rien n'empêche jamais de parvenir à ses fins. Une fois le château construit et le royaume agrémenté de divers éléments de décoration (statues, végétation...), on reste donc sur sa faim. On aurait apprécié la présence d'une opposition (quelle que soit la forme qu'elle prenne) ou bien au minimum d'événements aléatoires à la Sim City (catastrophes naturelles, maladies, révoltes...). Du coup, la replay value semble bien faible (le jeu ne propose qu'une seule partie à rejouer indéfinivement) en dépit de la présence d'un mode multijoueur en ligne permettant de bâtir un royaume à quatre en coopération. Reste que le jeu ravira sans doute les joueurs occasionnels, qui se plairont à bâtir patiemment leur royaume en y ajoutant de temps en temps deux ou trois bâtiments. Pour leur plaire, A Kingdom for Keflings s'appuie sur un design particulièrement mignon, qui compense partiellement ses lacunes techniques (modélisation anguleuse, animation robotique et ralentissements lors du passage des saisons) et son ambiance sonore extrêmement décevante. Pour 800 points, il est possible de se laisser tenter après avoir essayé la démo disponible.
- Graphismes11/20
Le design rondouillard et coloré est agréable à l'oeil, mais a bien du mal à masquer la brouette de défauts techniques : modélisation anguleuse, animation robotique, gestion des collisions perfectible et chute importante de framerate à chaque passage de saison. Ca fait quand même beaucoup, même pour un jeu Arcade. On apprécie tout de même l'intégration des avatars Xbox 360.
- Jouabilité14/20
Le gameplay original consiste à passer ses ordres par l'intermédiaire du géant ; l'interface est donc réduite à sa plus simple expression. Les quelques menus se révèlent pourtant relativement clairs et efficaces. On pointera tout de même quelques défauts d'ergonomie lors des phases de construction, ainsi que la qualité déplorable de la traduction française.
- Durée de vie8/20
Il ne faut pas plus de 7 à 8 heures de jeu pour ériger un château pour ses Keflings. Ensuite, c'est un peu le vide intersidéral : le potentiel de rejouabilité du titre est extrêmement maigre et le mode multijoueur coopératif semble peu pertinent (difficile de réunir des joueurs online sur de longues sessions de jeu). Reste que le titre ne coûte que 800 points Microsoft.
- Bande son7/20
C'est sans conteste l'aspect le plus décevant du titre. Les effets sonores et les bruitages sont quasi-inexistants et de toute façon d'assez mauvaise qualité (seul le cri des Keflings que l'on saisit vaut la peine d'être entendu). Au niveau musical, deux ou trois thèmes plaisants et variés (musique traditionnelle, country...) mais beaucoup trop courts, tournent en boucle jusqu'à l'écoeurement.
- Scénario/
A Kingdom for Keflings est un city-builder grand public qui brille par son originalité et par son design mignon et coloré. Hélas, ses mécanismes répétitifs et son absence de challenge en font un passe-temps plus qu'un vrai jeu. Il reste que les titres du genre ne se bousculent pas au portillon de la Xbox 360 et que pour 800 points, vous aurez là de quoi vous détendre paisiblement entre deux sessions de Left 4 Dead.