Loin des habituels héros du genre, Gameco Studios nous invite à incarner un personnage un peu atypique dans un jeu vidéo : Mozart en personne ! Dans une ville de Prague secouée d'intrigues de toutes sortes, le célèbre compositeur aura fort à faire pour parvenir au bout de cette aventure historique. Musique maestro !
Des Noces de Figaro à la Flûte Enchantée, en passant par une pléiade de symphonies, d'opéras, de concertos et autres sonates, Mozart a marqué à jamais l'histoire de la musique. Génie précoce, le compositeur a laissé à la postérité une grande quantité d'oeuvres d'une qualité rare. Mais se doutait-il qu'un jour, ses lointains descendants et leurs contemporains manipuleraient un avatar présentant ses traits dans un monde virtuel en trois dimensions, essayant de résoudre des énigmes dans le seul but de se divertir ? Probablement pas. Et nous non plus, d'ailleurs. Nous n'aurions sans doute pas imaginé vivre une telle expérience si Gameco n'avait pas eu l'idée de nous le proposer.
Le Dernier Secret propulse donc le joueur dans les souliers de Mozart, un beau matin de 1788, dans un hôtel de Prague. Son premier souci, bien légitime, sera de boire un café, qu'il va falloir préparer. Moudre un peu de grain, faire chauffer de l'eau... On trouve immédiatement ses marques avec cette première énigme de facture très classique. Comme dans tout point'n click, il s'agit en effet de ramasser des objets et de les combiner pour résoudre un problème. Plus loin, il faudra par exemple réparer une fontaine ou s'évader de prison. Mais Mozart ne se limite heureusement pas à ces puzzles bien connus des amateurs du genre. Le jeu propose également deux autres types d'énigmes : un basé sur l'ésotérisme, car Mozart appartenait à la franc-maçonnerie ; et un second reposant essentiellement sur la musique. Dans le premier cas, il faudra déchiffrer des messages cryptés ou déverrouiller des mécanismes alambiqués pour percer des secrets occultes, dans la grande tradition de jeux comme Nostradamus. Sans trop en dévoiler sur l'histoire, disons que Mozart sera confronté à une machination politique visant l'empereur Joseph II lui-même, ami de notre héros. Il faut dire qu'entre les Bohémiens indépendantistes, les Ottomans, les ambitions de son frère Léopold et les complots des sociétés ésotériques, l'homme a beaucoup de soucis...
Mais le plus intéressant reste donc la résolution de problèmes liés à la musique, placée au coeur du gameplay. En bon compositeur, Mozart devra à plusieurs reprises corriger des partitions dans un mini-jeu qui se complexifie au fil de la progression, qui consiste à placer des notes ou groupes de notes au bon endroit, un cadre coloré indiquant s'il s'agit ou non de la bonne portée. Dans un autre mini-jeu, il faudra battre la mesure avec une baguette en veillant à bien rester dans le tempo, un exercice plus délicat qu'il n'y paraît au premier abord. On peut encore mentionner une phase requérant d'accorder un clavecin pour pouvoir jouer juste. Bref, sans sortir totalement Le Dernier Secret de son classicisme, ces énigmes musicales sont plutôt bien vues. Elles servent surtout de prétexte à une bande originale de haute volée. On retrouve une bonne partie des morceaux les plus connus de Mozart, un régal pour les oreilles. Quelle joie de se laisser porter au rythme des oeuvres du maître ! La partie sonore est un véritable enchantement. Dommage qu'on ne puisse pas en dire autant des graphismes, assez inégaux mais globalement en-deçà des productions actuelles. C'est le principal défaut de ce jeu d'aventure, auquel on peut ajouter une durée de vie un peu légère et quelques soucis dans les déplacements entre écrans. Ca n'empêche pas Mozart : Le Dernier Secret d'être une aventure correcte, recommandable au fans d'énigmes comme aux mélomanes avertis.
- Graphismes9/20
L'aspect visuel est la plus franche déception qui ressort de Mozart. Modélisation parfois sommaire, animations rigides... Le titre de Gameco accuse malheureusement quelques années de retard sur d'autres titres du genre.
- Jouabilité14/20
Mozart : Le Dernier Secret est un jeu d'aventure plutôt classique dans ses mécanismes, si ce n'est que la musique y joue un grand rôle. Que ce soit par le biais des partitions à corriger, d'un instrument à accorder ou des séquences de battage de mesure, la musique est parfaitement intégrée au gameplay. On regrette seulement les déplacements d'un écran à l'autre parfois pénibles.
- Durée de vie9/20
L'aventure est découpée en une quinzaine de chapitres assez courts. Comptez dans les huit heures pour en venir à bout sans trop de difficulté.
- Bande son18/20
Evidemment constituée des meilleures oeuvres du virtuose, la bande originale est d'un niveau rarement atteint. Peu importe le temps qui passe, Wolfgang Amadeus Mozart reste un des plus grands compositeurs de musique classique de tous les temps. Du grand art. Le doublage est convaincant, même si le ton quelque peu affecté du personnage principal pourra agacer.
- Scénario14/20
La force de Mozart : Le Dernier Secret est de s'inscrire parfaitement dans un contexte historique peu usité dans les jeux vidéo : le Saint-Empire romain germanique à la fin du siècle des Lumières. Et plus précisément la ville de Prague, secouée par le conflit contre les Ottomans, les velléités d'indépendance, les intrigues politiques et les complots occultistes.
Mozart : Le Dernier Secret parvient à nous immerger dans l'univers du compositeur, notamment grâce à une musique forcément sublime. Une musique d'ailleurs intelligemment placée au centre du gameplay, aux côtés d'énigmes plus classiques mais néanmoins plaisantes à résoudre. Cette symphonie est malencontreusement inachevée, comme celle de Schubert, mais ses quelques lacunes sont largement contrebalancées par d'indéniables qualités.