Après Mercury Meltdown et Spinout, la PlayStation Portable accueille encore un autre jeu d'adresse qui consiste à diriger une boule. Voyons ce qu'offre ce nouveau représentant du genre pour se démarquer de la concurrence.
Il existe deux grandes familles de jeux de boules. Il y a ceux où on dirige directement la boule (Ballance, Spinout). Et ceux où on dirige plutôt le plateau en l'inclinant (Monkey Ball, Neverball). Fading Shadows appartient à la première catégorie. Enfin presque, car en fait on ne contrôle pas directement la boule (ici appelée orbe), mais plutôt un rayon qui a un puissant pouvoir attractif. C'est la principale originalité du gameplay de Fading Shadows, par ailleurs mélange plutôt classique d'adresse et de réflexion. Ca peut paraître bien maigre pour sortir du lot, mais cette petite innovation est bien plus déroutante qu'il n'y paraît.
En effet, cette particularité induit une inertie qu'il faut apprendre à gérer. Comme l'orbe suit le rayon avec un certain retard, il faut anticiper ses mouvements, qui auront une amplitude d'autant plus grande que le rayon est concentré. C'est un des seuls paramètres que le joueur peut maîtriser : l'intensité du trait de lumière. Une simple pression sur un bouton suffit pour jouer sur l'épaisseur du rayon, une plus grande finesse étant synonyme d'une plus grande attraction, avec tout ce que cela implique en termes de vitesse et de trajectoire. Il faudra toutefois faire attention, car un rayon trop concentré pourra réduire l'orbe de bois en cendres. Car notre orbe, décidément bien facétieux, peut changer de matière en passant sur les cases correspondantes. En bois, il sera donc vulnérable au feu, mais pourra flotter sur l'eau. En métal au contraire, il coulera et rouillera, mais sera capable de bondir comme un cabri. Enfin, il existe une forme intermédiaire, le verre, qui à la différence des deux autres est accessible à tout moment via une touche.
Comme on peut le voir, le gameplay est donc enfantin. Reste à mettre tout ça en application à travers la quarantaine de niveaux qui compose Fading Shadows. On y rencontre principalement deux types de pièges : ceux basés sur l'adresse, et ceux faisant plutôt appel à la réflexion. Les premiers mettront à rude épreuve votre vitesse et vos réflexes. Bondir de plate-forme en plate-forme sans tomber dans le vide, éviter les obstacles, les dangers... Les puzzles, eux, sollicitent les méninges mais ne sont jamais trop difficiles à résoudre. La plupart des énigmes sont basées sur des interrupteurs à actionner, parfois à l'aide de miroir, à d'autres moments en parcourant des dalles dans une séquence donnée. Rien de bien sorcier, ce qui fait qu'on arrive rapidement à la fin du jeu. Voilà le principal problème de Fading Shadows : sa faible durée de vie. Son concept est intéressant, bien que manquant un peu de profondeur (une ou deux matières supplémentaires n'auraient pas fait de mal pour étoffer le gameplay). Mais c'est surtout par la longueur que le titre d'Ivolgamus pèche. Un challenge plus corsé et plus de niveaux auraient permis à l'UMD de rester quelques heures de plus dans la console, au lieu de vite rejoindre sa boîte pour prendre la poussière. Reste néanmoins un jeu honnête qui satisfera les amateurs du genre à défaut de totalement les combler.
- Graphismes14/20
L'univers visuel est archi-classique : on a affaire à du médiéval fantastique pur jus, avec ses environnements marécageux, montagneux ou fortifiés. Hormis ce manque flagrant d'originalité, les graphismes de Fading Shadows sont propres, sans fioritures inutiles ni éclat de génie.
- Jouabilité14/20
La jouabilité ne souffre d'aucune faille, si ce n'est qu'il faut replacer fréquemment la caméra pour voir où l'on va. L'idée de diriger indirectement la boule n'est pas anodine et apporte une vraie fraîcheur. On aurait tout de même apprécié un peu plus d'épaisseur niveau gameplay, avec une matière de plus ou des énigmes vraiment élaborées.
- Durée de vie10/20
La quarantaine de niveaux se finit bien vite, et il ne faut pas compter sur les trois misérables puzzles à débloquer et le mode multijoueur pour prolonger l'intérêt.
- Bande son12/20
La musique se laisse écouter sans déplaisir. Disons qu'elle remplit correctement son office.
- Scénario/
Les développeurs ont jugé utile d'intégrer une histoire, on se demande s'ils ont bien fait. Voyez plutôt : l'orbe contient en fait l'âme du jeune Erwyn, qui doit aller au Château du Paradis pour accomplir une vague prophétie. Mais c'est sans compter avec le maléfique Maître Gardal et ses sbires Quiph et Morg... Dispensable et même ridicule, on dirait un scénario écrit dans une marge de cahier par un enfant de dix ans. C'est heureusement accessoire dans ce genre de jeux.
Fading Shadows est un jeu ordinaire, qui n'atteint jamais l'excellence en quoi que ce soit mais parvient néanmoins à remplir honorablement son contrat : nous divertir quelques heures. C'est déjà pas mal, d'autant qu'avec son système de contrôle indirect original, le titre d'Ivolgamus sort intelligemment du lot.