Encouragé par le succès mérité du remake de Final Fantasy III sur DS, Square Enix poursuit consciencieusement son travail de dépoussiérage en nous servant une refonte complète du quatrième épisode. Chaînon majeur de la saga à plus d'un égard, Final Fantasy IV s'offre ainsi une conversion de haute volée qui fourmille de nouveautés. L'occasion, même pour les connaisseurs, de redécouvrir complètement l'un des plus fameux RPG de l'histoire de Squaresoft.
Ayant fait ses débuts sur Super Famicom en 1991, Final Fantasy IV n'en est pas à son premier remake. En France, on a pu le découvrir notamment sur PSOne dans la compilation Final Fantasy Anthology aux côtés de FFV, mais aussi sur GBA dans une version entièrement traduite et comportant déjà quelques suppléments de contenu. Pour autant, ces remakes ne s'éloignaient pas tellement du jeu original, ni dans leur approche ni dans leur aspect graphique.
L'épisode DS peut donc se vanter d'offrir une expérience de jeu nettement différente. Les ajouts et améliorations sont nombreux, le lifting graphique en 3D surprend agréablement et le contenu accru relance la rejouabilité du titre. Le double écran affiche à présent des cartes qui se dévoilent petit à petit et qu'on peut compléter à 100% pour obtenir des bonus profitables à l'aventure. Le mode Combat Auto permet de préparer des schémas tactiques tout en nous laissant la possibilité d'intervenir à tout moment, ce qui apporte un bien meilleur confort de jeu lors des combats, surtout si vous augmentez la vitesse de ces derniers au maximum. Les nouvelles compétences ont pour but de rendre les personnages plus polyvalents et de bénéficier de techniques très utiles, comme la contre-attaque ou l'auto-potion. Les trouver est une véritable quête en soi et elles sont même conservées dans le New Game + lorsque vous recommencez le jeu. L'une d'entre elles permet carrément de déclencher des attaques combinées totalement inédites, telles que l'Ultima de Cecil et Rosa. L'inventaire n'étant plus limité, le gros Chocobo propose désormais des services d'un tout autre genre, comme visionner les nouvelles séquences vidéos, écouter les musiques, consulter le bestiaire ou participer à des mini-jeux. On peut aussi personnaliser Pochad, une nouvelle invocation de Rydia que vous pourrez essayer de faire évoluer tout au long de l'aventure. Le doublage des scènes clés est très impressionnant pour la DS, bien que les voix soient en anglais sur la VF, et le thème final est même chanté pour l'occasion. Notez bien que tout ceci n'est qu'un aperçu rapide des nombreux remaniements opérés dans cet excellent remake DS.
Au niveau du gameplay, cet épisode ne manque de toute façon pas de singularité puisqu'il est déjà le premier à autoriser des combats à cinq personnages simultanément, et c'est aussi à partir de cet opus que la jauge ATB (Active Time Battle) fait son apparition. Tout au long de l'aventure, le jeu fait intervenir pas moins de dix héros distincts ayant chacun une classe bien définie : Cecil (paladin), Rosa (mage blanc), Kaïn (chevalier dragon), Rydia (invocatrice), Edge (ninja), Palom (mage blanc), Porom (mage noir), Cid (ingénieur), Tellah (sorcier), Yang (moine guerrier) et Edward (barde), sans compter les invités temporaires comme le sage FuSoYa. Le soft s'arrange toutefois pour faire tourner régulièrement les membres du groupe et ne nous permet donc jamais de les choisir par nous-même. Pas moins de trois mondes peuvent être explorés au cours de l'aventure puisque nos héros voyageront de la Terre à la Lune en faisant un détour par l'Underworld où réside le peuple des nains. Les donjons et quêtes optionnelles sont assez nombreux pour une durée de vie qui dépasse allègrement les quarante heures, mais on regrettera quand même la disparition des ruines lunaires et de la grotte des épreuves où l'on pouvait obtenir des armes ultimes pour Palom, Porom, Yang, Cid et Edward. Par conséquent, il n'est plus possible de revenir chercher ces personnages à Misidia pour les inclure dans le groupe avant d'aller affronter le boss de fin, contrairement à la version GBA.
Apparues dans Final Fantasy III, les chimères entrent à nouveau en scène dans FFIV par l'intermédiaire de Rydia, l'invocatrice aux origines troubles. Cecil la prend sous son aile après la tragédie de Mist, mais la jeune fille n'est pas d'un grand secours avec son invocation Chocobo. Lorsque vous la retrouverez sous sa forme adulte, Rydia pourra recourir à des chimères déjà plus puissantes, comme Shiva, Ramuh, Ifrit, Titan et Dragon. Et si vous vous éloignez de la quête principale pour explorer les donjons les plus reculés, vous pourrez plus tard mettre la main sur Sylph et accéder au pays des éons où trônent Leviathan et la reine Asura. Vous devrez obligatoirement les défier et les vaincre si vous désirez rencontrer ensuite le puissant Odin et le terrible Bahamut, ultimes invocations du jeu. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait vrai car ce serait oublier que Rydia peut aussi obtenir des chimères supplémentaires en récupérant des items rares laissés par certains monstres vaincus. Par ailleurs, l'invocatrice dispose d'une panoplie de sorts noirs très complète et constitue certainement l'un des personnages les plus utiles du jeu. Sur DS, elle récupère également le petit Pochad, évoqué plus haut, dont l'évolution dépendra essentiellement de votre réussite aux mini-jeux.
Toutes ces nouveautés, vous les découvrirez tranquillement lorsque vous serez prêt à vous lancer dans l'une des aventures les plus marquantes de toute la saga. Mais le gameplay est loin d'être le seul argument de Final Fantasy IV et il serait dommage d'oublier que c'est incontestablement à partir de cet épisode que Squaresoft a commencé à s'orienter vers des scénarios beaucoup plus approfondis en mettant davantage l'accent sur le caractère des personnages. Parmi tous les aspects qui font la force du scénario de Final Fantasy IV, la tragédie prend bien souvent le pas sur la romance et entraîne une multiplicité de situations critiques. L'esprit de sacrifice semble profondément ancré dans le coeur de chacun des membres de l'équipe et cela reste une composante essentielle au déroulement de ce quatrième volet. Le développement sinueux de l'intrigue de Final Fantasy IV engendre également bon nombre de fausses pistes concernant les adversaires principaux du groupe de Cecil, notamment le mystérieux Golbez. Mais parmi les adversaires les plus marquants du jeu, les quatre Elemental Lords sont certainement ceux qui en imposent le plus. A l'inverse des autres boss du jeu, ils sont intégrés à l'aventure de façon logique et ont un impact réel sur le déroulement du scénario.
L'évolution du chevalier Cecil sera surtout marquée par un événement significatif qui l'obligera à faire un choix entre le bien et le mal. Mais si Cecil reste une figure solitaire et digne, cela ne l'empêche heureusement pas de s'attirer la sympathie d'autrui, et ils seront nombreux à l'accompagner jusqu'au terme de son aventure. Quant aux cristaux, ils sont, comme dans les précédents volets de la série, au centre de l'intrigue. L'originalité vient ici du fait que le monde de Final Fantasy IV ne renferme pas seulement des cristaux de lumière mais aussi des cristaux noirs dont beaucoup ignorent l'existence. L'histoire démarre justement avec la prise du cristal d'eau de Mysidia que Cecil remet à son roi juste avant d'être accusé de trahison. Dès lors, les événements vont prendre la forme d'une gigantesque chasse aux cristaux qui passeront entre les mains des deux camps sans que personne ne parvienne à les conserver définitivement. Enfin, la question des voyages aériens est réglée dans cet opus par la présence de Cid et son optimisation régulière des vaisseaux à bord desquels ils auront toute latitude pour explorer librement la surface de leur planète et même voler en direction de la lune. Autant dire que l'aventure de ce quatrième volet est une expérience unique à vivre si vous ne l'avez pas encore tentée sur DS.
- Graphismes17/20
Outre l'apport de la 3D, le lifting graphique permet aux personnages de se rapprocher enfin du design original imaginé par Yoshitaka Amano. La carte des donjons à compléter au fur et à mesure tire judicieusement parti du double-écran qui affiche par ailleurs toutes les données utiles pendant les combats.
- Jouabilité16/20
Avec cinq personnages à gérer en même temps et l'apparition de la jauge ATB, Final Fantasy IV ne manquait déjà pas d'audace dans sa version originale et ce remake fourmille encore de nouvelles idées de gameplay. L'acquisition de compétences spéciales inédites permet par exemple de personnaliser librement les capacités de ses héros. Enfin, le rythme des combats peut être optimisé en boostant la vitesse du jeu au maximum et en exploitant judicieusement les possibilités tactiques offertes par le système de combat auto qui rappelle assez les gambits de FFXII.
- Durée de vie16/20
Sur cette version DS, il faut en moyenne une quarantaine d'heures pour aller jusqu'au bout de l'aventure avec des personnages au niveau soixante-dix. Les quêtes annexes ne manquent pas mais on regrette que les deux donjons spécifiques à la version GBA n'aient pas été implémentés aussi sur DS. La liaison sans fil autorise les affrontements à deux joueurs faisant intervenir Pochad, le nouvel éon de Rydia.
- Bande son15/20
Les mélodies composées par Nobuo Uematsu pour Final Fantasy IV sont encore dans toutes les mémoires et on a plaisir à les retrouver ici même si le processeur sonore de la console ne leur rend pas totalement justice. Qui plus est, c'est le premier remake du quatrième volet à proposer des cut-scenes entièrement doublées (en anglais sur la version française).
- Scénario16/20
C'est à partir de cet épisode que Squaresoft a commencé à s'orienter vers des scénarios plus approfondis en mettant davantage l'accent sur le caractère des personnages. Alors même si le canevas narratif a tendance à se répéter, on suit les rebondissements de l'intrigue avec un plaisir certain. Les cut-scenes et les cinématiques inédites renforcent beaucoup l'efficacité de la narration.
Moins surprenant que le troisième volet de la série mais certainement plus ambitieux, ce remake de Final Fantasy IV sur DS porte un regard neuf sur un titre que l'on croyait pourtant connaître sur le bout des doigts. C'est une véritable redécouverte que Square Enix nous donne à contempler avec cette version fourmillant de nouveautés. Prions pour que la firme japonaise ne s'arrête pas en si bon chemin.