Après la chute du groupe Gospel, lui même affilié à la défunte organisation WWW, entité terroriste secrète désireuse de placer un virus d'une puissance inégalée sur le Net, Lan et son Navi (sorte de programme de navigation androïde) Megaman se pensaient légitiment en sécurité. Mais leur destiné étant relativement sujette à de lourds rebondissements, les voilà de nouveau face à un fléau latent. Gospel a t-il décidé de remettre aux goûts du jour son infection binaire, ou s'agit-il simplement d'une alerte minime ? Vos recherches dans le monde torturé et labyrinthique du Net ne font que débuter, et vous entraîneront bien plus loin que vous ne l'espériez.
Comme vous le savez sans doute déjà, le monde dans lequel évolue Lan, jeune garçon peu adepte des journées passées en classe, se situe dans une sorte de futur alternatif, empruntant un cadre peu sujet à la modernité, mettant en avant des intérieurs japonais classiques, sans fioritures technologiques particulières. Mais à côté de cela, les techniques électroniques et surtout informatiques s'avèrent d'un niveau véritablement élevé. Grâce à un PET, sorte de téléphone mobile offrant toutes les fonctions d'un ordinateur complet, les habitants de ce monde aux accents cuivrés peuvent accéder à tous les médias et à l'ensemble des bases de données du monde entier. Un outil comparable à celui que possède la jeune Lain dans la série éponyme. Cependant celui qui nous intéresse possède une faculté plus qu'intéressante, celle de pouvoir envoyer dans les méandres des réseaux internet un avatar nommé Net Navi, chargé d'effectuer diverses tâches pour son propriétaire. Et lorsque le sien se nomme Megaman, il y a de quoi être fier. Vous serez donc amené à sempiternellement passer de votre environnement réel direct à celui virtuel de votre ordinateur, variant ainsi les situations de jeu, empêchant un étouffement découlant d'une absence de rénovation d'un univers graphique qui aurait aisément pu lasser.
En effet, les décors prenant place au coeur des entrelacs de flux d'informations se révèlent assez dépouillés, souhaitant rendre compte de l'aspect froid et rigoureux de la technologie, mais tombent dans un écueil certain, semblant un tantinet invariables, du moins dans le design. Le quartier où résident notre héros et ses camarades s'avère quant à lui très réussi, doté de couleurs vives et bien choisies, affichant une 2D de très bonne qualité. Habitations, objets divers et verdure semblent tout droit tirés d'un dessin animé ciblé jeunes adolescents, avec leurs formes pleines et avenantes. Typiquement japonais dans sa disposition, le lieu de vie de Lan participe activement à l'inspiration manga évidente du titre. De même, le chara-design, complètement différent de Megaman Zero, bien plus sombre et élancé, colle ici parfaitement avec le cadre de vie des intervenants, mettant en avant une utilisation des vêtements conformes à la mode en vigueur aujourd'hui, sobre tout en restant originale et équilibrée, associé à une représentation des humanoïdes simplifiée aboutissant à une sorte de rajeunissement général qui n'est pas pour déplaire. La grande majorité des personnages dispose d'un charisme notable, comme d'habitude éclipsé par l'imposante présence des ennemis majeurs, ayant bénéficié visiblement de toute l'attention des graphistes. Une vraie série animée vivante. On pourra en revanche sans doute reprocher la carence de détails lors des affrontements, ainsi que la faiblesses relative des étapes d'animations durant ces mêmes phases, mais cela s'évanouira bien vite à la découverte des artworks illustrant les Battle Chips, afin de renseigner le joueur sur leur utilité. Certains sont réellement attrayants, au point d'imaginer le petit sprite se démenant sous nos yeux effectuer les actions décrites en adoptant une attitude semblable. Néanmoins ce n'est pas ici l'allure graphique qui prime, mais bel et bien un gameplay emplit d'idées sincèrement intéressantes et pour la plupart mises en forme de manière captivante.
Errant seul dans des landes électroniques bien mornes, il vous arrivera souvent d'être assailli par des hordes de virus, sous forme de combats aléatoires. Vous vous doutez aisément que l'attaque étant la meilleur défense, il va falloir connaître les rudiments du pugilat informatique. En lieu et place d'un habituel écran vous plaçant au devant d'un fond censé représenter l'environnement correspondant à celui au sein duquel vous avez rencontré votre ennemi, Megaman Battle Network, vous donne l'occasion d'exercer vos talents de guerrier sur une espèce de damier, composé de six cases sur trois donc 18 pour ceux qui n'ont pas envie de faire le calcul), ornées de couleurs différentes. Les neuf cases bleues sur la gauche sont votre propriété, et celles restantes sont sous le giron de vos opposants. Ne pouvant vous rendre en leur "camp", vous allez devoir gérer la situation de votre côté. Mais n'ayez crainte, la mobilité est de mise. En fait, vous avez la possibilité de vous déplacer librement de case en case dans la limite de votre côté, afin d'éviter les tirs des robots d'assaut et autres machines létales qui n'attendront pas votre accord pour tenter de mettre fin à vos jours. Votre arme de base est bien entendu le Mega Buster, aux munitions illimitées, pouvant être chargé afin de multiplier l'étendue de son pouvoir. Ceci n'est toutefois que la face émergente d'un iceberg de subtilité. Le long de votre périple, il vous arrivera parfois de découvrir des Battle Chips, littéralement puces de combat, qui peuvent s'imbriquer à votre magnifique Megaman dans l'optique de lui conférer des compétences particulières. Celles-ci s'obtiennent soit en terrassant des adversaires, soit en les trouvant au détour d'un couloir. Il est également possible de les acquérir auprès de marchands peu scrupuleux. De trois types nommés "Standard", "Mega-Class", et enfin "Giga Class", elles vous seront d'une grande utilité si vous adoptez une bonne stratégie. Utilisables exclusivement durant les combats, leur mise en place n'est pas difficile à comprendre. Avant chaque tout, il faut choisir une ou davantage (jusqu'à 5) de ces dernières en se focalisant sur leur symbole et sur la lettre indiquée en dessous.
La règle est la suivante : Vous ne pouvez vous servir de plusieurs puces que si leur symbole ou leur lettre correspondent. Par exemple, trois canons B plus un bouclier B est une configuration idéale, mais pas une barrière A et un canon B. Les "chip" marquées d'une croix sont quant à elles compatibles avec n'importe quels types. De plus, l'ordre dans lequel vous déciderez d'équiper ces ajouts n'est pas innocent. Les "attaques plus 10" par exemple, même placées en fin de liste passeront automatiquement en priorité, mais les pioches, servant à casser une case, ne serviront à rien disposées dans le fond de votre classement, étant censées vous protéger de certaines attaques. A ce sujet, il est impératif de profiter de l'environnement pour espérer emporter la victoire. Les assauts rasant le sol peuvent être stoppés par un simple trou par exemple. Il est également possible de gagner des emplacements de déplacement supplémentaires sur ceux de l'ennemi, réduisant leur territoire à 6 plots au lieu de 9, et vous permettant de venir au corps à corps dans le but avoué d'utiliser votre épée. Mais il faut vous dépêcher de vous servir de vos puces, car une jauge de temps, définissant la longueur du tour, ne cesse de se remplir. Mais ne vous inquiétez pas, car même lorsque vos atouts ont été usités, il vous reste votre Mega Buster jusqu'à la fin de la période de jeu. Vous ne demeurez donc jamais impassible, et le rythme ne faiblit pas le moins du monde. D'autant que plus vous éliminez les "monstres" rapidement, et plus l'objet remporté s'avère intéressant. A vous de mettre au point le meilleur rapport rapidité-puissance, en sachant aussi que vous disposez de la possibilité d'échanger en plein pugilat des puces que vous ne voulez pas contre d'autres en sacrifiant un tour. Un système très ingénieux, surpassant de loin nombre de RPG console, et innovant, dans le fond et la forme. Dynamique et simple d'accès, il ne peut que procurer un plaisir immédiat.
Ne croyez pas pour autant vos "chip" seules garantes de l'acquisition de puissance. Plus en aval dans le jeu, en effet, vous obtiendrez la capacité de modifier votre Megaman chéri, grâce à des programmes de diverses natures, qui vous seront accessibles dans l'écran de statut. Il ne tient ensuite qu'à vous de les configurer en retirant ou en modifiant les composantes de ces derniers, dans l'optique de créer l'humanoïde de votre choix. Jongler entre les sections afin de les rendre compatibles du point de vue du style et de la couleur sera votre leitmotiv. Attention néanmoins à ne pas provoquer d'erreurs programme, ce qui affecterait le comportement de l'être vêtu de bleu de façon plus ou moins radicale. Compiler différents programmes entre eux peut aussi être une solution, aboutissant à des capacités spécifiques et inédites, pour la plupart vraiment utiles. Vous l'aurez sans doute compris, la profondeur de ce soft est abyssale, et je ne peux décemment pas tout clarifier de fond en comble sous peine de plusieurs paragraphes inintéressants en plus, et surtout de peur de vous gâcher la "surprise". Au final donc, novateur, attirant, réalisé de manière sérieuse, profond et attachant, ce RPG, malgré un scénario convenu, se place dans les meilleurs édités à ce jour sur GBA. Une perle que tout amateur de Megaman ou tout simplement de bon jeu se doit de posséder sous peine de passer à côté de l'essence même d'un titre réussi. Le design devrait finir de vous convaincre. Megaman, jack in !
- Graphismes16/20
La 2D est utilisée avec classe et prouve une nouvelle fois que certains titres 3D devraient se pencher sur cet aspect graphique chaleureux et proposant une qualité émotionnelle incontestable. Proposant des couleurs vives et des graphismes chaleureux, Megaman Battle Network exploite magnifiquement bien le potentiel de la GBA, toujours à même de faire rêver. Les animations restreintes des personnages et l'aspect dépouillé des décors informatiques ne parviennent pas à faire oublier un design accrocheur et un univers fort joliment présenté.
- Jouabilité17/20
Le gameplay et sans conteste l'un des plus fins et des plus agréables rencontré dans un RPG. Offrant un nombre de possibilités tout simplement incroyables et se renouvelant sans cesse, il attire et passionne. Les commandes répondent immédiatement, et la compréhension du système de combat est intuitive et vraiment simple. Un fantastique mélange entre accessibilité et complexité. Impressionnant.
- Durée de vie15/20
Entre les nombreuses "chip" et programmes à récupérer au sein du Net, vous aurez de quoi vous occuper durant de longues heures de contentement. De plus la présence d'une possibilité d'échanges de puces électroniques entre amis via le câble link de la GBA, agrémentée de modes permettant à plusieurs joueurs de s'affronter sur le Net décuple la durée de vie du soft qui en devient imposante. On regrette toutefois l'aspect Pokémon du principe d'exclusivité entre les version White et Blue.
- Bande son14/20
Les compositions musicales, bien que dans l'ensemble sympathiques se trouvent limitées de par le crépitement du processeur sonore de la portable estampillée Nintendo. Malgré tout, assez variées, elles s'inscrivent bien dans le style du titre. Les effets sonores sont quant à eux moyennement convaincant, car pas assez "explosifs", et peu présents. Dommage.
- Scénario14/20
Bien que la trame ne soit pas des plus originale, le principe même de déambuler à l'intérieur d'un réseau informatique est accaparant. Le tout est très cohérent, et la société mise en place reste crédible.
Après des épisodes "Zero" d'une qualité plus qu'importante, Megaman nous revient au sein de sa troisième aventure prenant la forme d'un RPG sensationnel. Prenant, immersif et passionnant, voici les trois termes qui sont les plus à même de décrire un jeu de rôle de qualité, et, comble du bonheur, se retrouvent joyeusement dans ce titre fantastique. Que dire de plus si ce n'est que la profondeur de son gameplay ravira tout un chacun et que la mise en place d'innovations notables se révèle faite de manière intelligente. Un grand jeu, qui ne saurait être pris en défaut que sur ses compositions sonores et son animations. Un nouveau pallier est franchi par le petit robot. Espérons qu'il continue sur cette voie.