Martine a déjà entraîné des générations de jeunes lectrices dans sa découverte des animaux et des tâches ménagères. Après plus de 50 ans de bons et loyaux services, la petite fille la plus vieille du monde nous revient sur Nintendo DS. Les plus jeunes retrouveront dans ce Martine à la Montagne une adaptation assez fidèle de l'univers des albums originaux. Ils regretteront cependant que l'aventure ne les tienne pas plus d'une demi-heure en haleine.
Voilà plus de 50 ans que Martine fait rêver les jeunes lectrices mais son arrivée dans l'univers des jeux vidéo est plutôt récente : après nous avoir fait découvrir la ferme puis la montagne sur PC, Nobilis finit par transposer ces deux titres sur Nintendo DS. Avec ce Martine à la Montagne vous apprendrez que la jeune fille ne passe pas ses vacances cloîtrée dans le chalet de Papy Jean à se gaver de fondue. En effet la jeune fille s'est trouvée une quête épique : elle veut découvrir pourquoi les marmottes ne sortent pas le bout de leur nez alors que le printemps est arrivé. Pour répondre à cette trépidante question, Martine va sillonner la montagne en compagnie de son chien Patapouf et de son cousin Jean-Marc. Ils y rencontreront un vieil homme au sommeil de plomb, un saint-bernard plutôt timide et un aigle très prétentieux. Sans prendre le risque de vous dévoiler le dénouement de l'histoire, on peut tout de même vous rassurer en citant les dernières paroles de Martine : "Finalement, tout se finit bien !"...
Le scénario du jeu en lui-même est donc très proche de l'esprit des albums de la série : des bons sentiments à souhait, quelques leçons d'écologie et une poignée de connaissances concernant la faune des montagnes. On remarque au passage qu'au fil des années les tâches de Martine sont passées de l'entretien de la maison à la sauvegarde de la nature. Le cousin Jean-Marc en prend au passage pour son grade : non seulement il est peureux mais il manque aussi de jugeote. Il refuse par exemple de jeter un coup d'oeil par une fenêtre de crainte de le perdre. Finalement on se réjouit que Martine ne soit plus ce stéréotype de femme soumise et qu'elle devienne un modèle plus moderne pour les jeunes filles. Certes on peut toujours trouver que Martine à la Montagne met en scène des personnages un peu ringards et des situations trop naïves, mais il faut tout de même saluer l'effort des concepteurs qui ont cherché à actualiser les valeurs transmises par le jeu.
La fidélité du titre par rapport à la série réserve aussi de mauvaises surprises. En effet l'aventure avance de manière très linéaire et dirigiste. On vous dit toujours où pointer le stylet sur l'écran tactile et vous n'aurez d'autre choix que de faire défiler l'histoire afin de passer d'un mini-jeu à l'autre. Le résultat tient ainsi davantage du livre interactif que du jeu d'aventure. Le deuxième défaut majeur du titre tient au fait que les textes ne sont pas lus, les seuls doublages auxquels vous aurez droit sont les petites onomatopées de l'ami Jean-Marc qui lui donnent un air encore plus idiot. Les jeunes joueurs qui ont encore du mal avec la lecture devront donc se faire aider par un adulte pour comprendre le scénario. On en arrive enfin au défaut principal de Martine à la Montagne : vous ferez le tour de l'aventure aussi vite que vous feuilletez un album de la série. On est alors en droit de se demander s'il est raisonnable d'acheter au prix fort un jeu vidéo que l'on peut boucler en moins d'une demi-heure.
Quelques bonus permettent d'allonger un peu cette durée de vie catastrophique : finir l'histoire permet de débloquer des informations sur les animaux des montagnes, des puzzles, des coloriages, des accessoires pour habiller son bonhomme de neige ou un jeu de reconnaissance du cri des animaux. Vous pourrez aussi revenir sur les activités rencontrées lors de l'aventure, mais si celles-ci sont diversifiées, elles sont loin de toutes briller par leur intérêt. Si la bataille de boules de neige ou la course de luge peuvent sembler attrayantes aux premiers abords, il faut beaucoup plus d'imagination pour s'amuser à dégivrer une vitre, à récolter les déchets laissés dans la nature ou à trouver une clef sous un amas de paperasse. Les activités les moins intéressantes ne sont pas forcément les moins plaisantes à jouer : il vous faudra parfois utiliser le micro pour dégager la neige en soufflant ou pour tenter de réveiller un vieil homme dans sa sieste. Cette diversité des mini-jeux proposés ne suffit cependant pas à relancer l'intérêt pour ce titre dramatiquement court. En conclusion on regrette que ce Martine à la Montagne ne propose pas une aventure plus longue et davantage de mini-jeux.
- Graphismes13/20
Les gros plans des personnages sont plutôt réussis, les décors sont assez agréables. On regrettera seulement que les environnements de certains mini-jeux tels que la course de luge ne soient pas plus travaillés.
- Jouabilité8/20
Martine à la Montagne ressemble à un jeu d'aventure classique mais l'aventure en elle-même y est tellement dirigée que le titre s'apparente finalement davantage à un livre interactif qui vous guide d'un mini-jeu à l'autre.
- Durée de vie2/20
C'est le principal défaut du jeu : comptez moins d'une demi-heure pour terminer l'aventure en mode difficile. Il est inadmissible qu'un titre propose une durée de vie aussi courte.
- Bande son9/20
Les musiques sont correctes mais les exclamations du cousin Jean-Marc sont réellement ridicules. On regrette aussi que les dialogues ne soient pas doublés.
- Scénario12/20
Le scénario est certes très naïf mais il faut reconnaître que les auteurs ont fait en sorte que les valeurs transmises dans le jeu soient en phase avec la société moderne.
Martine à la Montagne n'est pas un mauvais jeu en soi mais il déçoit par sa durée de vie terriblement courte. En une heure de jeu vous aurez le temps de terminer l'aventure en mode normal puis en mode difficile, mais aussi d'essayer les différentes activités proposées en bonus. Dans ces conditions autant vous rabattre sur la collection des albums cartonnés de la série...