Parrainé par le National Geographic, Arctic Tale est un titre assez contemplatif qui nous glisse sous la fourrure soyeuse d'un ours polaire et nous invite à partager le quotidien des animaux du continent arctique. Si le jeu part d'une bonne intention, il donne hélas l'impression d'avoir pas loin de dix ans de retard sur la production vidéoludique actuelle.
En jouant à Arctic Tale, ne vous attendez pas à vivre une expérience aussi rafraîchissante que celle qu'a pu nous offrir Endless Ocean dans le domaine de la plongée. Ne sachant pas trop à quel saint se vouer, Arctic Tale nous égare sur une voie faussement tournée vers l'aventure, pour bifurquer bien rapidement vers le party-game. Un choix bien étrange de la part des concepteurs de ce titre qui n'ont visiblement pas su quel ton adopter, au point d'aboutir au triste résultat que voici.
Paisible et monotone, la vie d'un ours polaire n'a, a priori, rien de franchement palpitant. Explorer la banquise dans la peau de l'un de ces animaux à fourrure aurait, en revanche, pu nous donner l'occasion d'admirer des paysages grandioses, mais la réalité est cruelle et la réalisation d'Arctic Tale est sans doute la pire que l'on ait pu voir sur Wii. Les textures affreuses qui habillent les décors taillés à la serpe sont un affront à la beauté du continent arctique, le résultat étant à la limite de l'insoutenable. Sous sa forme juvénile, l'ours polaire semble aussi réaliste que la mascotte de la publicité Cajoline, et son animation n'est guère plus réaliste sous sa forme adulte. En quête de proies faciles pour se nourrir, le jeune ursidé pérégrine en quête d'attractions susceptibles de la monotonie de son quotidien, mais le pauvre n'est pas gâté non plus par la qualité des activités imaginées par les programmeurs.
L'ours n'est d'ailleurs le seul animal que le soft nous propose de contrôler, puisqu'on trouve également un orque, un morse et un renard arctique. Il est vrai que la faune n'est pas des plus développée, mais les puristes n'auraient pas craché sur la possibilité de diriger aussi un caribou, un lemming ou un boeuf musqué. Le joueur est plus ou moins libre de passer de l'un à l'autre à tout moment, à condition toutefois de posséder suffisamment de médailles acquises en explorant la banquise ou en remportant des mini-jeux. Ces derniers sont accessibles à certains endroits des niveaux et se résument à des activités toutes plus lamentables les unes que les autres. Les plus jouables consistent simplement à appuyer sur le bon bouton pour vaincre un ours à la lutte ou faire chanter un morse. Les plus atroces utilisent la Wiimote comme pointeur de direction, imposant des déplacements parfois complètement injouables. Débrouillez-vous comme vous le pouvez pour dévaler une pente sans vous cogner contre les murs et pour guider le petit renard sur son bloc de glace sans percuter les rochers entraînés par le courant. Moins agaçantes mais tout aussi navrantes, les autres épreuves vous demanderont par exemple d'assommer les phoques qui mettent le nez hors de l'eau ou de voler la nourriture de vos congénères. Les déplacements inadaptés rendent le tout très pénible et surtout passablement ennuyeux.
Car errer sur la banquise en courant d'un mini-jeux à un autre finit forcément par devenir lassant, surtout lorsqu'on ne sait pas vraiment ce que le jeu attend de nous. La carte est bien là pour nous aiguiller vers les différents défis, mais le déroulement de l'aventure traîne en longueur et nous oblige à rester trop longtemps dans un même environnement. Le fait de pouvoir changer d'animal ne relance d'ailleurs aucunement l'intérêt du jeu, bien au contraire, car le maniement des mammifères marins se révèle encore plus désastreux que celui de l'ours et du renard. L'orque aurait bien besoin de prendre des leçons de natation auprès de son copain Ecco, et le morse est largement mis de côté tout au long du jeu. Autant dire que ni les phases d'exploration, ni les défis proposés ne rendent le titre un tant soit peu attractif, le jeu ne s'adressant finalement à aucune personne douée de raison.
- Graphismes3/20
On touche le fond avec ce titre dont la réalisation est une insulte à la beauté du milieu polaire. C'est d'autant plus navrant que le jeu se devait de mettre en avant le caractère onirique des paysages du continent arctique.
- Jouabilité5/20
Limité au seul usage de la Wiimote, le gameplay est loin d'être convaincant. Les déplacements relatifs au pointeur de la télécommande ne sont pas adaptés aux épreuves proposées et la plupart des défis sont totalement dénués d'intérêt.
- Durée de vie6/20
La découverte des environnements traîne en longueur et la possibilité de recommencer chaque défi pour obtenir toutes les médailles n'est pas franchement motivante. Le multijoueur est limité à deux participants.
- Bande son5/20
A peine suffisants pour assurer une ambiance sonore digne de ce nom, les musiques et les bruitages du jeu passent totalement inaperçus.
- Scénario/
Si la banquise et ses aurores boréales vous fascinent, ne posez pas les yeux sur Arctic Tale si vous ne voulez pas que votre vision du pôle Nord ne soit dénaturée par la réalisation affligeante de ce titre. Même dans nos pires cauchemars, la vie sur la banquise ne nous avait jamais paru aussi vide de sens.