Balls Of Fury est une comédie mêlant action et casting douteux qui sortira dans le courant du mois de mai dans les salles obscures. Il n'en fallait pas plus pour voir la chose portée en parodie de jeu vidéo sur Wii, sous la forme d'un titre de tennis de table n'ayant pas grand-chose en commun avec Table Tennis. Toi aussi, incarne Randy Daytona. Ou pas.
Rapidement et pour poser les bases du délire, Balls Of Fury, c'est l'histoire d'un ancien joueur de ping-pong devenu agent de la CIA. Sa mission va être d'infiltrer un tournoi international afin de s'offrir un face-à-face avec le chef de la mafia. Vous incarnez donc Randy Daytona (Dan Folger), le héros au gabarit ne laissant imaginer son passé de sportif de haut niveau, et allez devoir rencontrer une armada de joueurs avant de tenter de battre Feng (Christopher Walken). Le tout dans une ambiance faisant la part belle à la dérision, à un gameplay très arcade et à des affrontements où tactique et technique laissent la place à des coups surréalistes et des grossièretés lancées çà et là. Chacun des acteurs voit donc son beau minois modélisé dans le jeu, avec plus ou moins de réussite. Qu'importe, le titre est de toutes les manières techniquement à la ramasse et se présente avant tout comme une sorte de teasing assez complet du film qui pourrait bien être un nanar s'il emboîte le pas du jeu. Ça, c'est fait.
On est rapidement confronté aux limites visuelles du soft en constatant dès les premiers échanges que le joueur que l'on incarne n'apparaît pas à l'écran. Au lieu de cela, une simple raquette de tennis de table fait l'essuie-glace de gauche à droite, comme dans les plus banals jeux flash que l'on trouve aux quatre coins du net. Et comme aucune caméra additionnelle n'a été prévue, il faut bien faire avec. Il faut aussi faire avec une jouabilité arcade et basique au possible. On a beau s'acharner après la Wiimote, impossible de placer ses coups avec précision et de sortir l'adversaire de l'axe de la table. Soit. Mais alors que nous reste-t-il ? Des coups dits puissants réalisables une fois une jauge remplie, partiellement ou entièrement, en renvoyant simplement la balle. A partir de là, le joueur peut choisir le moment pour déclencher son coup qui variera en fonction du pongiste contrôlé (on en compte dix au total). Ainsi, le "Teleport Shot" vous permettra de faire disparaître la balle au-dessus du filet avant qu'elle ne réapparaisse ailleurs. Le "Fireball" enflammera la sphère, lui procurant une certaine puissance. Le "Loop-de-Loop Shot" lui donne un effet rétro puis aléatoire. Enfin, le "Tornado Shot" fait tourbillonner la balle, rendant imprévisible sa trajectoire. Des effets petitement réalisés, utilisables, sous des formes similaires, au moment de servir.
Tout ceci n'est donc pas très original et encore moins jouable même si l'on parvient toujours à profiter des coups spéciaux pour glaner les points les plus importants d'une rencontre. Mais le fait est que le temps de latence constaté entre le mouvement de la manette et celui du joueur est particulièrement handicapant et ne permet pas de varier ses coups en fonction des situations. Comptez donc sur une certaine frustration sur la plupart des points perdus. Ce sera soit parce que le coup puissant de votre adversaire s'avère imparable, soit parce que vous aurez mimé le mouvement trop tôt et taperez donc ridiculement dans le vide. Pratique ! Et pour ne rien arranger, Balls Of Fury est court, très court. En plus d'être avare en modes de jeu, il se permet le luxe de proposer un mode histoire qui ne vous occupera guère plus d'une heure. Et ce ne sont pas les quelques photos du film qui rectifieront le tir, narrant un scénario aussi plat que celui de Dodgeball. Mais sans Christine Taylor et son shorty moulant donc, forcément moins bon encore. En parallèle de ce mode histoire, le ou les joueurs kamikazes retrouveront des matches exhibitions éclair, un mode arcade et un autre tournoi, tous aussi similaires les uns que les autres. Vous l'aurez compris, Balls Of Fury a tout pour lui et accumule toutes les tares qui en font un jeu bon pour terminer au fond du placard dans lequel sont rangés les cadeaux empoisonnés de tatie Danielle.
- Graphismes8/20
Manque de chance pour Balls Of Fury, le seul point de comparaison sur Wii est Table Tennis, une référence. Du coup, difficile de s'enflammer (mouhahaha) pour une réalisation incapable d'afficher deux pongistes à l'écran. Les animations sont les mêmes, quel que soit le personnage incarné et les salles manquent cruellement de détails. On donne huit points pour l'effort fait sur la modélisation des visages...
- Jouabilité7/20
Pour le plaisir de jeu, on repassera. C'est imprécis, répétitif et surtout pourri par un décalage énorme entre le mouvement de la Wiimote et les gestes des pongistes. Seul ou à deux, le constat n'est pas brillant, c'est le moins que l'on puisse dire.
- Durée de vie4/20
Si vous avez 40 euros à dépenser, allez plutôt investir dans un Ondamania ou des albums de Corbier. Au total, il y en a tout juste pour deux heures de jeu.
- Bande son6/20
Si vous ne comprenez pas l'anglais, vous passerez à côté des provocations verbales entre les joueurs, la seule originalité de la bande-son (et aussi du gameplay puisqu'on les déclenche nous-mêmes). Ah oui tiens, le jeu n'est même pas localisé...
- Scénario/
Précisons simplement que le titre est bien l'adaptation officielle du film et que l'on y retrouve les grands axes, des personnages principaux aux matches du tournoi. Donc c'est fidèle. Malheureusement ?
Si le film Balls Of Fury assumera sans aucun doute son côté kitch et totalement décalé, le jeu ne peut l'imiter et se targuer d'avoir un gameplay moisi à tous les étages. Car l'intérêt d'un jeu vidéo, c'est aussi de s'amuser. Et là, clairement, le joueur préférera se tourner vers Table Tennis.