Substituer le stylet pour la Wiimote. Voilà, résumés, les seuls dessous de cette adaptation de Cooking Mama. Si Tecmo a fait des efforts pour rendre la difficulté du jeu plus robuste, les recettes plus internationales et le contenu plus généreux, l'entreprise reste encore une entrée rafraîchissante, mais un peu coûteuse, plutôt qu'un plat de résistance substantiel.
L'intention de Cooking Mama est moins d'apprendre à cuisiner que d'inciter la pratique. Vous devez mener à bien des recettes avec différentes manipulations rigolotes, qui seront autant de mini-jeux très courts, dans la veine d'un party-game classique. Comme dans Wario Ware : Smooth Moves, la télécommande Wii change de fonction au gré des manoeuvres culinaires. Par rapport à la version DS, le fameux périphérique apporte évidemment davantage de possibilités et de dynamisme. Il vous faudra ainsi le faire rouler, le pencher doucement, le secouer sèchement, le retourner etc... Les mouvements demandés sont simplistes mais toujours cohérents avec l'action. Par contre, le périphérique n'est pas aussi précis et docile qu'un stylet. Qu'il s'agisse de l'incliner doucement (pour casser des oeufs) ou de passer rapidement d'un mouvement circulaire, la Wiimote tournée vers le bas, à une séquence de pointage, on tâtone un peu avant de prendre le coup de main. Il arrive même que certaines manipulations un peu plus sophistiquées que la moyenne nous échappent complètement dans les premiers temps. Les explications et les schémas se montrent trop vagues pour que l'on comprenne instantanément. Rien de bien méchant cependant, on finit par découvrir par soi-même ce qu'on attend de nous.
Taito semble avoir concentré son travail sur une difficulté plus accrue. Outre le mode Cuisine, qui consiste simplement à exécuter au mieux les différentes recettes et récupérer des médailles pour obtenir, au compte-goutte, les 300 formules appétissantes du menu, on note l'apparition de modes Défis et Amis. Le premier est une variante sous forme de Time Attack : nulle médaille, mais un classement des meilleurs temps pour chaque recette. Les modes amis sont tout simplement des joutes culinaires, soit contre l'ordinateur, soit un autre joueur, en écran splitté. La règle est d'obtenir le meilleur score à l'issue d'une recette. Cette évalutation est établie sur les mêmes critères que le mode standard : votre rapidité et le nombre d'erreurs que vous avez commises. Avec ces challenges supplémentaires, le titre ne s'épuise pas aussi rapidement que son prédécesseur. Malgré tout, il est difficile de rester suspendu plus d'une heure sans ressentir une vive lassitude. Trop de répétitions dans les manips, pas vraiment de difficulté à les répéter, des enchaînements trop mous, des mini-jeux trop longs : comme tant d'autres sur DS ou Wii, le gameplay reste cantonné à des petites sessions, juste le temps de faire deux ou trois recettes avant de s'ennuyer. A moins que vous ayez une passion naissante pour la cuisine...
Pour ceux-là, Taito a pensé à étendre son catalogue de recettes en l'internationalisant. Si la liste de la version DS était plutôt de consonance asiatique, on retrouve ici une part égale entre les différentes patries culinaires les plus connues ou répandues : Italie, France, Etats-Unis, Chine, Espagne... Cette variété se retrouve même dans les types de recettes. Certaines semblent sorties du guide de l'étudiant fauché, d'autres seront à réserver aux grands soirs. Le titre ne vous épargne pas les plats les plus classiques (pâtes en tout genre, truffes au chocolat, sushis), mais sait également verser dans l'exotisme mi-répugnant mi-attirant. On retiendra particulièrement les différentes compositions à base de crustacés, brillamment mises en valeur par des bruitages particulièrement convaincants.
A ce titre, la mise en forme est exactement similaire à la version DS. Si l'aspect sonore est proche de l'excellence, avec notamment de jolies musiques printanières et des gloussements de Mama assez craquants, le manque d'ambition visuelle est navrant. Ce n'est pas tant le rendu toujours 2D et assez fauché qui gêne, mais le manque de conviction, certains diront "de folie", des animations et des effets spéciaux. Même lors des erreurs de manipulation, votre plan de travail reste immaculé et ne déplore aucune projection de sauce. La farine reste bien sage, les viandes ne "jutent" pas, les instruments sont toujours clean. On a l'impression d'en rester aux petits assemblages de pâtes à sel façon Playschool. C'est dommage. Pour reprendre le slogan malin de 505 Games "Faites la cuisine, pas la guerre !", Cooking Mama reste effectivement un jeu paisible et agréable mais aussi trop timide dans sa représentation et son contenu. S'il ne me plaît pas d'évoquer une nouvelle fois l'aspect financier dans l'achat d'un jeu, celui de Cooking Mama est tout de même à considérer avec sagesse.
- Graphismes8/20
Fac-similé de celui de la version DS, le rendu est vraiment très pauvre. Une petite refonte avec quelques effets 3D et des animations plus travaillées n'aurait pas été du luxe. Au-delà de l'aspect technique, on reste désappointé par la représentation très propre sur elle de cette tambouille. Le côté artificiel de la chose aurait pu être supprimé par des animations exagérées, des effets spéciaux plus expressifs...
- Jouabilité14/20
Les manipulations à la Wiimote ne sont pas plus originales que dans un Wario Ware Smooth mais on s'étonne encore à rigoler devant le dépeçage d'une sèche ou du démoulage de flan. Passé une première phase de découverte, les répétitions sont très récurrentes, et le titre ne s'appréciera qu'avec une utilisation ponctuelle. Les modes Défis et Amis ajoutent enfin un peu de challenge au ragoût, ce qui est un point très positif, surtout en multi 1vs1 où le titre s'avère presque aussi amusant que les derniers Rayman ou Wario Ware.
- Durée de vie9/20
Il y a 300 recettes, à débloquer par l'intermédiaire des trois modes solos, pour environ une cinquantaine de manipulations différentes. Certaines sont un peu obscures à la première utilisation, mais il suffit de trouver la "clé" pour les refaire sans aucun souci par la suite. Encore une fois, il faut vraiment étaler ses sessions, sinon vous allez l'épuiser en une après-midi.
- Bande son14/20
L'accompagnement musical, guilleret et comique, est de très bon goût. C'est étonnant, il garde sa fraîcheur même après deux heures d'écoute en continu. Les bruitages sont excellents, la voix de Mama toujours aussi vivante et ridicule : on sent que l'aspect sonore a été considéré avec soin pendant le développement.
- Scénario/
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Armé d'une bouteille de vin rouge accompagnée d'un hamburger sur sa pochette arrière, Cooking Mama se rêve jeu culinaire fédérateur, qui réunira les amateurs de grande bouffe et les consommateurs de pizzas surgelés, les gros joueurs et ceux qui veulent juste passer un peu de bon temps. Avec son contenu rapidement répétitif et son manque d'audace visuelle, le titre de Taito est quand même plus proche du MacDo vidéoludique : on s'y arrête le temps d'une pause, pour se détendre en faisant l'idiot avec sa Wiimote. Un peu plus fournie et accrocheuse que la première version sur DS, cette adaptation Wii est un bon party-game, mais qui doit être utilisé sur de petites sessions, sous peine d'éventer le gameplay en quelques heures.