S'appuyer sur un nom qui s'est construit une réputation au cinéma pour en créer un jeu vidéo, c'est un risque, même en cas de chez-d'oeuvre artistique. Imaginez qu'en plus de cela, le film soit un navet et que le marché ciblé soit déjà plus qu'envahi de références du genre. Cela débouche logiquement sur une adaptation (ou plutôt pseudo-adaptation dans le cas présent) d'une rare médiocrité. C'est le cas pour Tokyo Drift. Et on ne tentera même pas d'entretenir un faux suspense pour vous donner envie de croire que le jeu a des qualités, et que, peut-être, dans un excès de folie inconsidéré, il serait envisageable de lui accorder un certain crédit. Même pas.
Autant l'annoncer tout de suite, ce test ne sera pas un exemple d'exhaustivité en terme de contenu et se contentera de vous persuader qu'il n'y a décidément rien de rien qui pourra vous faire craquer dans ce jeu de courses. The Fast And The Furious : Tokyo Drift n'a de rapide et de furieux que le nom et de Tokyo que ses longues et ennuyeuses autoroutes sur lesquelles le pilotage n'a absolument aucune incidence sur le résultat d'un duel. En effet, tout est question de puissance et l'on sait dès les cinq premières secondes si l'épreuve en cours sera une réussite ou non. Une sorte de simulation de tuning plus qu'un titre où le joueur peut démontrer qu'il existe bel et bien une élite de pilotes contre laquelle un moteur boosté à souhait ne peut rien. Eh puis finalement, à quoi bon s'entêter à trouver un quelconque intérêt à un titre qui manque cruellement de personnalité tant l'équipe de développement d'Eutechnyx nous ressort du re-re-re-réchauffé... Résultat : c'est l'indigestion.
Une indigestion multiple qui combine une durée de vie dérisoire, des sensations littéralement absentes, une originalité tellement cachée qu'on la cherche toujours, une bande-son bien kitch comme seuls de vrais bons kékés peuvent l'aimer, un gameplay d'antan et quelques incohérences bien frappantes comme l'impossibilité de changer de vue en pleine course. Pratique. Alors certes, le tunning vaut le coup d'oeil de par la variété des combinaisons proposées, jusqu'à ce qu'il devienne même capital de ne pas être trop ignare en matière de mécanique et d'équilibre général de la voiture. Un côté simulation bienvenu mais qui ne pourra être apprécié que par les quelques mordus, passionnés, amoureux de la discipline qui consiste à provoquer en duel des inconnus errant sur des autoroutes. Extérieurement parlant, là aussi, vous pourrez crier hourra : ailerons, pare-chocs, jupes, capots, vinyles, néons, peinture, carrosserie, stickers... De quoi monter de toutes pièces un véhicule entièrement personnalisé. Mais encore une fois et au risque de me répéter, l'intérêt reste nul au final tant les courses peinent à enthousiasmer de par leur lenteur et leur répétitivité, que ce soit en drift ou non.
En terme de contenu, le joueur a rapidement le sentiment de s'être fait voler pour peu qu'il ne possède pas de connexion Online. Un simple mode carrière s'offre donc à lui, avec la progression rapidement abordée ci-dessus. On se balade sur l'autoroute, provoque des adversaires à coups d'appels de phares, remporte de l'argent et tune sa monture pour défier les meilleurs pilotes qui se trouvent répartis dans certains "quartiers" de la ville de Tokyo. Tokyo et ses axes majeurs qui semblent avoir subi du manque de moyens flagrant pour développer le jeu. On fait le tour des différents lieux de courses extrêmement rapidement et ce n'est pas les quelques virages agencés ça et là qui donneront l'impression de diversité du tracé. Nous terminerons en citant tout de même quelques-uns des modèles présents au début du jeu et sur lesquels il faut parier en veillant à effectuer un achat le plus efficace possible : 180 SX, Eclipse GT, Eclipse CSX, MRS, RX-7, Silvia... Et après tout ceci, vous pourrez exhiber votre protégée dans un mode Online bien peu inspiré et n'offrant guère plus de garanties.
- Graphismes11/20
C'est sans nul doute le point le moins décevant du jeu. Techniquement en tout cas, malgré un peu d'aliasing et des textures de sols souvent limites. Car en terme de variété d'image, c'est très triste et ô combien répétitif.
- Jouabilité5/20
C'est mou, c'est lent et c'est surtout complètement massacré par une caméra très instable. Le titre est réellement avare en sensations fortes et ne propose rien de ce qui se rapproche d'un pilotage original.
- Durée de vie6/20
Inutile d'acheter le jeu si vous ne jouez pas Online. D'ailleurs, inutile d'acheter le jeu si vous jouez Online également donc... En solo ou à deux, Tokyo Drift a le même problème : malgré de très nombreuses possibilités de tuning, le plaisir de jeu ne justifie pas le temps passé dans les menus.
- Bande son5/20
Extrêmement nombreux, les morceaux musicaux ont un point en commun : ils vous feront détester la dance et la techno. A côté de cela, les moteurs tentent de percer, sans convaincre. Décidément...
- Scénario/
Ca ne sentait déjà pas le chez-d'oeuvre, c'est pire que ça. Finalement, Tokyo Drift ne vit qu'à travers son tuning poussé mais ne possède en dehors de ça que de lourdes tares qui en font un titre que même les connaisseurs auront du mal à terminer. Il vous laissera un bien mauvais souvenir.