Ubisoft a fait le pari d'être le premier éditeur tiers sur Wii. Première nécessité : couper les ressources vitales de l'ogre Electronic Arts. Etouffer la bestiole, ne pas lui laisser la possibilité de s'installer. Question jeu de courses, face à l'escouade Need For Speed Carbon, ce sont donc deux titres que l'éditeur français propose comme alternatives. Dont ce Monster 4x4 World Circuit, pendant boueux et décomplexé de la course classique sur bitume.
Même principe qu'avec l'achat de GT Pro Series : dans la boîte de Monster 4x4 World Circuit, le jeu est complété par un socle de volant pour votre Wiimote. Le kit tient en trois pièces, la télécommande s'installe au centre, boutons 1 et 2 à droite, et l'assemblage est plutôt solide. Il faudrait vraiment faire du lancer de disque ou compresser le tout dans un étau à agrafes pour que la Wiimote jaillisse de son encart. Par contre, l'ergonomie de l'ensemble est très perfectible. Le dispositif ne se tient pas à pleines mains et le poids du kit assemblé est de deux fois supérieur à celui de la Wiimote seule. Quelques douleurs dans les articulations apparaissent au bout d'une petite heure de jeu. Cette information vous sera utile avant tout à titre préventif. La prise en main reste largement convenable, mais prêtez attention à ne pas abuser sur vos sessions de jeu, ou vous allez sans doute devoir passer du temps avec votre ostéopathe.
Après cet avertissement médical de rigueur, retour sur le jeu. L'analyse va être preste. Le volume de Monster 4x4 World Circuit est dérisoire, sa difficulté totalement absente et ce qui devait être un Mario Kart à base de trucks n'a pas la moindre nervosité, le moindre grain de folie. Désolé d'être aussi expéditif, mais cette production marque le joueur uniquement parce qu'elle donne l'impression de ne pas avoir de propos, sinon celui d'être pleinement maniable avec la Wii. C'est la seule raison de le soutenir : aucun souci de contrôle à signaler. Etonnamment réactive, l'association entre l'inclinaison de la Wiimote et le mouvement des trucks a été bien pensée. La caméra tourne avec le geste du joueur, quelques centièmes de secondes avant que le véhicule n'en fasse autant. Cette disposition, associée à la largeur généreuse des circuits et la non-adhérence des engins, permet de maîtriser totalement la moindre trajectoire par une succession de dérapages et de petits à-coups. De même, les quelques mouvements annexes sont à leur place : petits mouvements secs vers l'avant pour un coup de nitro, et moulinettes horizontales et verticales pour les figures en cours de saut. Ces dernières permettent justement de remplir la jauge de fuel pour les nitros. On garde le contrôle sur la situation quoi qu'il arrive, même si cela est finalement dû à la mollesse des trucks et au manque d'adversité des adversaires. Même les bonus/malus disposés sur la piste, à la manière d'un Mario Kart, ne viennent pas bousculer le rythme encroûté des courses. Les tirs sont trop lents, il arrive même très souvent qu'ils peinent à rattraper leurs cibles qu'après plusieurs longues secondes assez ridicules. Le bouclier est le seul mécanisme intéressant. L'item permet de franchir sans heurt des herses de feu disséminées sur pas mal de circuits, et d'éviter par la même d'être ralenti. Les boosts manquent de vivacité, les contacts entre véhicules sont très sommaires, les sauts ne profitent d'aucune impulsion.
Des chiffres suffisent pour mesurer le peu d'effort accompli par Ubisoft pour un titre pourtant voué à lancer une nouvelle franchise sur une nouvelle console. Deux heures tout au plus pour compléter le mode championnat, seul acte solo, sorti de la course rapide ou de trois pauvres mini-jeux. Une demi-heure pour faire le tour de ces derniers et ne plus jamais y retourner. Quelques minutes intéressantes à la découverte du mode multi, puis la gêne et l'ennui. Quatre environnements seulement, pour quarante circuits falots et franchement répétitifs. 1999, l'année où Monster 4x4 World Circuit aurait été d'un niveau graphique acceptable. 20 euros, grand maximum, le prix auquel le soft devrait être vendu pour rester cohérent avec son contenu. Et encore, même à ce prix-là, il vous restera ce goût insipide du titre sans caractère, sans envie, sans passion. En l'état, Monster 4x4 World Circuit est juste une démonstration probante du combo wiimote/rallye, trucks, kart. Mais rien de plus. On ne sait pas de quoi le futur du jeu de courses sur Wii sera fait, mais ne tombez pas dans l'erreur de combler l'absence de Mario Kart sur le support par l'achat de ce titre-là.
- Graphismes8/20
Si GT Pro Series reste visuellement l'affreux du line-up , Monster 4x4 World Circuit ne fait pas preuve de beaucoup plus de volonté. Côté direction artistique, tout est aseptisé par une forte impression de déjà-vu. Aucune grâce sur le plan technique, même l'effet de lens flare a des sales airs de vingtième siècle.
- Jouabilité10/20
L'association entre le socle de volant, la Wiimote et le comportement des trucks est pleinement maniable. Mais cela tient-il vraiment du dispositif ou de l'apathie du gameplay ? Impossible d'être surpris ou de mettre à contribution ses réflexes dans Monster 4x4 World Circuit : tout est lent et trop simple, du comportement des adversaires à l'exécution des bonus/malus en passant par les trajectoires idéales ou simplement le déclenchement des boosts. Alors qu'on attendait une borne d'arcade chez soi, on se retrouve à tricoter sans secousse avec sa Wiimote.
- Durée de vie6/20
La catastrophe. Le championnat se termine d'un trait, du premier coup, sans la moindre accroche. Les trois mini-jeux sont des petits afters poussifs et mal faits, le multijoueur ne permet qu'une série de courses à quatre maximum, sans véritable challenge. Pas plus de cinq heures de vague amusement en perspective.
- Bande son9/20
Une production sonore terne, à l'image du reste du jeu. Les musiques sont un enchevêtrement confus de guitares mal accordées, et les bruitages manquent de relief.
- Scénario/
-
Quitte à paraître désabusé, la Wii ne pouvait éviter à son lancement des jeux comme Monster 4x4 World Circuit. On y retrouve le tout commun du titre manifestement réglé en quelques mois par des personnes dénuées de la moindre motivation : minimaliste, techniquement très faible, largement trop facile, insipide et mortellement ennuyeux. A oublier.