Si les Lemmings aiment marcher, Eets aime manger, et comme moi ou comme un gros bébé, ce qu'il mange détient le pouvoir de faire varier son humeur. Il n'en fallait pas tellement plus pour pondre un puzzle-game addictif et mignon tout plein.
Les jeux de réflexion et moi, c'est une grande histoire de haine et d'amour, pourtant, entre deux massacres d'aliens communistes, un petit coup de Lemmings ça fait du bien, c'est probablement pour cela que j'ai un peu craqué sur Eets, puzzle-game à la guimauve. Eets est une curieuse créature qui a bien du mal à contrôler son estomac et qui se laisse mener par le bout du nez par ce qu'il mange. Evoluant dans un monde de guimauve qui lui donne un côté naïf et enfantin aux tons pastel, Eets doit traverser une grosse centaine de tableaux contenant chacun une pièce de puzzle dont vous devez vous emparer, la difficulté étant d'amener Eets à bon port, ce en contrôlant ses émotions. Selon son état, la petite bestiole ne se comportera pas de la même façon. S'il est effrayé, Eets refusera de sauter par dessus un trou, se contentant d'aller d'un rebord à un autre ; content, il consentira à faire de petits bonds lui permettant d'avancer tout comme de faire une chute mortelle. Enfin, s'il nous pique une colère, il se montrera capable de traverser un demi-tableau d'un saut. Pour faire varier ses états d'âme, la solution la plus directe est de le nourrir avec divers types de guimauve, une pour la peur, une pour le rendre heureux et une pour le mettre en colère, à vous ensuite de placer ces sucreries sur son chemin afin de l'orienter. Bien sûr, le jeu ne s'arrête pas là.
En premier lieu, il existe d'autres façons de manipuler les émotions de cette lunatique bestiole. L'obscurité peut par exemple le plonger dans la frayeur mais, ne voyant plus ce qu'il fait, Eets tombera au moindre trou. De même, en le touchant avec certains projectiles, on pourra le mettre en pétard. C'est donc là que je me ménage l'occasion d'introduire les ustensiles à notre disposition. Pour chaque tableau, vous disposer d'un kit d'accessoires qu'il vous faut placer correctement. On trouvera la baleine farceuse capable d'avaler ce qui passe à sa portée et de le propulser en l'air, le nuage choco-pépite crachant... des pépites de chocolat, la truie fouineuse qui lance un mini-cochon explosif lorsqu'on la touche, les guimauves ballon qui gonflent et s'envolent lorsqu'on les éclaire, des sources de lumière et tout un tas d'autres bidules du même acabit avec lesquels on devra monter de véritables réactions en chaînes parfaitement synchronisées visant à dégager la route à Eets. Sachant que plusieurs solutions sont possibles puisque le jeu vous récompense si vous parvenez à résoudre un niveau en utilisant un nombre minimal d'items.
Et si on parle de synchronisation, ce n'est pas pour rien, car Eets a beau être mignon, il n'a pas oublié d'avoir le QI d'un Lemming. Une fois notre parcours mis en place, Eets commence à marcher et certains objets doivent être activés par un clic, un peu de retard, un truc placé un demi centimètre trop bas, et tout est raté. Ce qui passe au départ pour un puzzle-game enfantin, finit par se montrer plus retors qu'on ne l'aurait pensé de prime abord, les premiers tableaux étant d'une grande simplicité. Par la suite, voir se dessiner une solution devient plus ardu. Pour autant, il est rare de rester bloqué très longtemps et si la chose devait se produire, rien n'empêche d'abandonner le niveau en cours pour se lancer sur l'un des autres puzzles. Monde enchanteur, combinaisons de mécanismes multiples et bien pensées, Eets a de quoi séduire mais il a un gros point faible : sa durée de vie qui fait un peu retomber son challenge. Une fois parti, on a bien du mal à s'arrêter d'enchaîner les épreuves, lorsque soudain, on réalise qu'en deux heures on a bouclé la moitié du jeu. Le niveau de difficulté augmentant, il en faudra un peu plus pour arriver à son terme mais tout de même. Afin de remédier à ce souci, un éditeur de niveaux est intégré, mais résoudre des puzzles qu'on a soi-même conçus n'a rien de très enrichissant.
En termes de réalisation, on nous sert un titre très modeste, mais qu'importe. Certes, il plafonne en 1024, mais Eets est un peu l'archétype du jeu qui se pratique en fenêtre, afin de garder un oeil sur ses mails, son messenger ou sur la webcam qui permet de guetter l'arrivée inopinée de votre patron. Nanti d'un charme désuet, on se gave de couleurs pastel, de formes rondouillardes ou des amusantes attitudes de Eets, particulièrement lorsqu'il est effrayé ou quand il pousse un petit cri de joie après avoir englouti une guimauve. En somme, pour un prix riquiqui, Eets est un petit coup de coeur comme peuvent l'être Lemmings, Zoo Keeper ou l'antique Incredible Machine.
- Graphismes12/20
Rien de bluffant mais Eets offre une esthétique sucrée qui lui va très bien, difficile de ne pas craquer pour lui.
- Jouabilité14/20
Après quelques niveaux de prise en main et de découverte des divers items, on maîtrise le jeu sans problèmes et comme tout bon puzzle-game, son gameplay est très (trop) addictif sans pour autant s'imposer comme une référence.
- Durée de vie6/20
C'est là que le bât blesse avec une durée de vie qui atteint difficilement les 6 heures. L'éditeur de puzzle n'est qu'un pis aller si on ne peut pas facilement trouver des tableaux conçus par d'autres que soi.
- Bande son13/20
Un seule thème par monde traversé, le jeu en comptant 7. Les compositions sont suffisamment discrètes, dans un style un peu jazzy, pour que leur petit nombre ne soit pas un problème. Les rares cris de Eets contribuent à son côté "kro meugnon".
- Scénario/
Eets arrive sans prétentions et on ne vous cachera pas qu'en voyant la boîte du jeu, personne ne le prenait au sérieux. Celui qui passe pour un puzzle-game dédié aux enfants a finalement séduit le grand gamin de la rédaction qui ne crache pas sur un petit tour au pays des guimauves entre deux FPS. Pour moins de 20 euros, on trouvera là un Lemmings-like bien pensé, prenant et charmeur, mais trop court.