Débutant de manière tout à fait classique par une invasion de monstres, sortis des entrailles d'une contrée malsaine et prenant rapidement le contrôle d'un maigre dojo, le soft d'Artoon ne fait pas dans l'originalité. Une ligne directrice qu'il gardera jusqu'à la fin, enchaînant les vieux clichés comme la présence de personnes démoniaques désireuses de détruire l'humanité ou l'enlèvement obligatoire d'une jeune vierge effarouchée et trouble. Une trame on ne peut plus stéréotypée donc, qui conserve quand même sa petite touche de subtilité en jouant sur la souffrance ressentie par des êtres n'appartenant à aucun monde. Une variation assez convenue mais qui a le mérite de donner un peu plus de crédit aux grands méchants qui aiment visiblement le cuir et les tenues peu orthodoxes. Un scénario dont on se passe aisément et qui ne cherche pas à développer des pseudo thèmes de réflexion. Il est ce qu'il est et s'assume complètement. Un bon point qui permet du coup de se pencher rapidement sur le gameplay, ressortant facilement de cette première impression mitigée. Et c'est à ce moment précis que l'on se rend compte avec un petit sourire en coin que les prochaines heures à venir vont se résumer par des cris, des larmes et des hits combos à trois chiffres. Car l'entrée en matière de Swords Of Destiny s'avère prenante, violente et jouissive. Devant une telle preuve de bonne volonté, vous prendrez votre pad bien fermement avec la vive intention de démembrer la moindre trace démoniaque des environs.

Un choix des plus légitimes, tant les premiers combats diffusent ce petit parfum de plaisir ludique que l'on ne retrouve que dans certains titres bien particuliers. Aussi jouissif dès les premières secondes qu'un DMC 3 au bout d'une heure de jeu, le soft d'Artoon donne immédiatement une cadence qui ne faiblira pas tout au long de l'aventure. Vous êtes ici pour trancher, laminer, découper et le titre vous le fait bien sentir. Une impression qui passe par un système de combat bien pensé et volontairement spectaculaire. Dans son principe il ressemble à s'y méprendre à un mélange plus ou moins savant entre les possibilités d'un DMC et de Bujingai. Il prend en fait le côté sauvage du premier et l'aspect aérien du second. En effet, vous passerez bien plus de temps en l'air que sur la terre ferme. La raison dépend tout simplement de la manière de se battre par défaut du héros. Ce dernier dispose d'un coup permettant de propulser les adversaires en hauteur avant de les suivre pour poursuivre l'enchaînement sans poser le pied au sol. Une idée qui rappelle évidemment les projections d'un certain Dante qui lui préférait terminer le travail à l'arme à feu. Mais ce n'est pas tout, car une fois lancé dans cette chorégraphie il vous est possible de changer de cible et de passer d'ennemi en ennemi si vous respectez un timing serré. S'en suivent alors des duels légers et très impressionnants, donnant réellement l'impression de "voler" pour ensuite fondre sur sa proie. S'il vous faudra une longue maîtrise avant de décimer plus de deux opposants avec cette technique, elle reste terriblement attirante et pousse à l'entraînement.

Vous pourrez également profiter d'une variante de ce système en observant attentivement les monstres énervés et fourbes qui vous entourent. Juste avant de déclencher leur attaque, si vous avez pensé à les cibler, un cercle rouge apparaît durant un court instant. Il vous suffit alors de donner un coup à ce moment précis pour déclencher une sorte de furie qui débute par une projection agressive. Toutes les créatures étant proches de vous sont alors en une fraction de seconde propulsées dans les airs et attendent simplement leur mort en silence. Profitant d'un ralentissement du temps, il vous suffit de les frapper chacune à leur tour d'un ou plusieurs coups fatals afin de les voir retomber autour de vous comme de lourdes feuilles mortes. Une phase qui demande un peu de dextérité, mais qui apporte un souffle épique aux combats et ce côté poseur qui manquait au jeu. Cependant, il est nécessaire de posséder quelques petites armes pour réaliser correctement ces acrobaties. Et de ce côté-là Swords Of Destiny est une espèce d'armurerie cachée sous un jeu d'action. Mis à part les trois épées de la destinée (d'où le titre) que vous devrez récupérer pour faire avancer l'histoire, vous pourrez aussi ramasser les armes que les ennemis laissent derrière eux après leur décès. Heureusement, cela ne s'arrête pas en si bon chemin. Etant maudites, ces haches, épées et autres objets coupants ne peuvent être portés par un héros pur et presque charismatique. La solution à ce problème repose dans les trois sabres divins qui vous donneront le pouvoir de purifier ces outils démoniaques, en y insérant l'esprit de l'un des dieux habitant ces lames sacrées. Vous devrez donc faire des fusions entre différentes armes afin d'avoir l'occasion de vous en servir en combat. Ce système permet de multiplier le nombre d'épées à votre disposition et fait varier leurs caractéristiques en fonction de vos choix d'association.

Ce sera alors à vous de décider si vous voulez plus de puissance, d'agilité ou de maîtrise du temps. Une trouvaille relançant l'approche des affrontements et motivant la progression par un côté collection assez attirant. De plus, chaque sabre du trio principal vous donne accès à un pouvoir en rapport avec l'animal sacré qu'il symbolise, à savoir le dragon, le tigre et le phénix. Ancré dans la mythologie chinoise, le titre vous fait voyager dans de nombreux temples et bâtisses aux architectures variées, collant toujours avec ce côté mythique et pour le coup asiatique. Si l'ensemble du soft reste très sombre, voire trop parfois, il est égayé par des effets lumineux de grandes qualité, issus des innombrables attaques que vous lancez. Un atout qui devient également un défaut, dans le sens où le titre ne vous donne pas suffisamment l'occasion de varier vos assauts et n'arrive pas à diversifier les ennemis. On a vraiment l'impression de revoir les mêmes séquences en se servant de stratégies identiques. Une répétition générale qui gâche un peu l'excitation, mais qui nuit assez peu au plaisir de jeu qui surgit encore face à une horde d'ennemis puissants. A ce sujet, les duels contre les boss restent de grands moments épiques, tant ces derniers s'avèrent résistants et impressionnants. Bénéficiant d'une ambiance accrocheuse, d'un système de combat surprenant et d'un réel style, Swords Of Destiny est plus qu'un clone raté d'Onimusha ou de Bujingai. Même si des problèmes de caméra et de construction viennent ternir le tableau, le titre d'Artoon vaut clairement un coup d'oeil attentif. Surtout à 30 euros.