Dans l'esprit des deux premiers épisodes sortis sur GBA, Teenage Mutant Ninja Turtles 3 prolonge la série sur Nintendo DS. Une fois de plus, nous voilà contraints de vous mettre en garde contre ce nouvel opus qui prouve que Konami n'a pas su tirer les leçons des précédents volets et continue d'exploiter la licence sans tenir compte des critiques des joueurs. A quand un bon TMNT sur consoles ?
Malgré un changement de support qui aurait pu laisser présager d'une refonte du système de jeu, ce nouvel opus des Tortues Ninjas fonce tête baissée dans la catégorie beat'em all. Non pas que le genre commence à nous lasser, mais innover dans le domaine de la baston est une chose délicate, et ce n'est pas l'équipe chargée du développement du jeu qui aurait songé à prendre un tel risque. On se retrouve donc en face d'un titre conventionnel et sans surprise, à peine sympathique et pas vraiment divertissant. En fait le seul véritable intérêt de ce TMNT 3 est de nous donner la furieuse envie de rejouer à des titres comme Final Fight ou Streets of Rage où le plaisir de jeu était proportionnel au temps passé dessus. Dans le cas de ce Mutant Nightmare, l'envie de jouer aurait plutôt tendance à décroître au fil du temps.
La présence des quatre tortues en guise de héros offre en tout cas la possibilité de personnaliser un tout petit peu l'expérience de jeu en choisissant son style de combat. Cela dit, on s'aperçoit vite que le personnage choisi n'a pas beaucoup d'importance sur le déroulement de l'aventure. Concrètement, les types d'attaques dont ils disposent sont très similaires, même si chacun possède quand même sa petite spécialité qui le démarque des autres. Par ailleurs, et selon la tortue jouée, vous pourrez parfois emprunter des embranchements différents qui débouchent sur des stages plus ou moins cachés. La panoplie de coups proposée reste très conventionnelle et se résume à des enchaînements, des coups de pieds sautés, des coups chargés et des coups spéciaux que vous n'utiliserez de toute façon jamais puisqu'ils ont le malheur de vous enlever de la vie à chaque utilisation. Notez que Raphaël est le seul à pouvoir effectuer des coups de genoux et des projections, et que la glissade deviendra rapidement votre meilleure amie tant les manoeuvres d'esquives sont limitées.
Si les concepteurs du jeu ont pensé à introduire un système de complémentarité qui permet de faire intervenir les quatre tortues au cours de l'aventure, il est très dommage qu'on ne puisse pas changer de personnage une fois celle-ci lancée. Il faut recommencer l'aventure pour chacune des tortues, sachant que les variantes sont vraiment minimes et anecdotiques. Dans ces conditions, pourquoi ne pas avoir proposé quatre progressions complètement différentes, histoire de rallonger la durée de vie de façon un peu plus honnête ? Pour ce qui est de la complémentarité entre les personnages, elle peut se faire soit à l'aide du stylet, soit en passant par le bouton X. A des moments bien précis, vous devrez en effet faire appel à certains alliés pour qu'ils vous aident à franchir des obstacles ou pour éliminer rapidement un groupe d'ennemis. Le stylet intervient aussi à une ou deux reprises lorsque vous devez activer certains mécanismes, par exemple en faisant une rotation pour faire tourner une manivelle. On ne peut pas dire que ces phases simplistes soient d'un très grand intérêt.
Bien que très court, le soft comporte par ailleurs un certain nombre de séquences arcades presque plus sympathiques que les stages classiques de beat'em all. On citera notamment la poursuite en moto en compagnie de Casey Jones, ou la scène aérienne dans le vaisseau d'April O'Neil. On trouve même une petite phase sous-marine qui n'est pas sans rappeler l'un des niveaux les plus galères des TMNT sur NES. Finalement, la progression ne parvient à se renouveler qu'en faisant intervenir des alliés autres que les tortues, à l'instar de maître Splinter ou de la femme ninja qui viennent nous prêter main forte à certains moments clés de l'aventure. Pour le reste, on retiendra surtout le caractère pénible et approximatif du gameplay qui pose problème dès qu'on joue en mode Normal. La maniabilité hasardeuse n'est pas adaptée aux challenges qu'on doit relever, parfois dans un temps très limité, ce qui oblige à recommencer des dizaines de fois la même portion de niveau jusqu'à la connaître par coeur. Les choses se révèlent à l'inverse tout à fait abordables en mode Facile, mais ce dernier est à proscrire dans la mesure où il ne permet pas de découvrir la totalité des niveaux. Parmi les choses les plus pénibles, le moindre coup reçu vous fait faire un bond de 15 mètres en arrière comme à l'époque du premier Ninja Gaiden et vous retire près d'un quart de vos vies, les items de soin étant bien entendu rarissimes. Plus abordable, le soft n'aurait de toute façon pas tenu plus de deux heures entre les mains d'un joueur moyen. Pour cette raison sans doute, les concepteurs ont cru bon de ralentir la progression en oubliant l'existence des checkpoints, histoire de faire durer le "plaisir".
Avec un total de 4 mondes constitués chacun de 6 niveaux souvent très courts, le mode Aventure ne vous tiendra pas en haleine bien longtemps. Le fait de recommencer le jeu avec les trois autres tortues relève de la durée de vie factice, tout comme la collecte des cristaux ou la recherche des quelques embranchements permettant d'accéder aux stages cachés. En marge de la quête principale, le mode Combat est constitué d'une poignée de défis qui consistent à récupérer un maximum de cristaux en évoluant dans des salles piégées où les ennemis sont immortels. Là encore, les parties sont complètement gâchées par des problèmes de gameplay exécrables compte tenu de ce qu'on vous demande de faire. Les plus fous pourront tout de même solliciter le soutien de leurs amis pour relever ces défis en multijoueur, jusqu'à 4 en coopération, à condition toutefois que chacun dispose d'un exemplaire de TMNT 3. Tout aussi creux que ses prédécesseurs, ce troisième volet des Tortues Ninjas n'est pas le meilleur cadeau que vous puissiez (vous) faire. Même en piochant au hasard dans la ludothèque de la DS, vous n'aurez pas de mal à trouver un titre qui mérite davantage le détour.
- Graphismes12/20
Rares sont les stages vraiment détaillés avec des arrière-plans travaillés. Quand on voit des jeux comme Castlevania : Dawn of Sorrow, on se dit qu'on peut faire beaucoup mieux sur la DS en matière de 2D.
- Jouabilité9/20
Les challenges en mode Normal ne sont pas adaptés au gameplay qui souffre de trop grosses lacunes. Il est regrettable qu'on ne puisse pas changer de tortue une fois la partie lancée sans avoir à tout recommencer depuis le début.
- Durée de vie7/20
L'aventure principale comporte 4 mondes de 6 niveaux chacun, généralement extrêmement courts. On peut recommencer n'importe quel niveau déjà terminé pour chercher les cristaux permettant de remplir la galerie d'images, mais ça n'a rien de très motivant. Les défis du mode Combat ne sont pas non plus très intéressants mais on peut y jouer à quatre en coopération.
- Bande son10/20
L'accompagnement sonore s'oublie aussi vite que le jeu en lui-même, ce qui n'est pas une mauvaise chose quand on y pense.
- Scénario10/20
Quelques bribes de dialogues ponctuent l'entrée dans les niveaux, et les personnages emblématiques de la série font tous une apparition à un moment ou un autre de l'histoire.
Le changement de support n'aura pas permis à la série des TMNT de sortir la tête de l'eau. Aussi insipide que les deux premiers opus sur GBA, le titre de Konami ne procure aucun plaisir de jeu et ne tient absolument pas la route sur le long terme. On s'ennuie autant qu'on s'énerve, et là n'est pas vraiment le but recherché.