Dans le monde secoué par des combats incessants, qu'est le domaine vidéoludique, seuls se démarquent les softs disposant de suffisamment d'atouts pour s'extirper du lot. Surtout dans le cadre des titres vous plaçant aux commandes d'automobiles gorgées de puissance et au design agressif. Il est impératif pour se démarquer de posséder une petite chose particulière, un caractère propre. L'innovation devient alors le maître-mot et définit la ligne de conduite à suivre. Sans cette touche légère, il n'est pas rare de sombrer dans l'oubli.
Vous l'avez sûrement déjà deviné, GT Racers appartient à cette dernière catégorie et ne se contente pas de ne pas être original. En effet, il reprend non seulement les qualités de nombreuses productions antérieures, mais il s'octroie le luxe d'en conserver les défauts, sans chercher à les dépasser, au contraire même. Mais commençons cette analyse de ce cas particulier en évoquant les points intéressants contenus dans une enveloppe qui au départ ne laissait échapper aucune mauvaise intention. Tout d'abord, il est évident que le jeu de la gamme Oxygen tant redoutée s'adresse à un public novice en matière de courses automobiles. Clairement orienté vers l'arcade pure, sans aucune fioriture, il permet de se plonger immédiatement dans l'enfer de la vitesse, en se préoccupant seulement de l'accélération et du freinage. Les commandes sont donc accessibles à tout un chacun, ce qui n'aurait pourtant pas dû empêcher les développeurs d'implémenter le strict minimum, mais nous y reviendrons. Une manière simplifiée de prendre la route donc, qui conviendra aux jeunes enfants jusqu'à 7 ans, âge où ils commenceront à avoir des doutes sur la qualité du gameplay. De plus, la vitesse d'animation, ébouriffant les longs cheveux du pilote que vous êtes, donne l'occasion de ressentir avec joie la puissance des bolides placés entre vos mains. Une immersion immédiate donc, qui contentera les personnes désireuses de pénétrer le plus rapidement dans un jeu du même type que celui qui nous intéresse. Malgré tout, je ne crois pas que ces mêmes personnes demeurent longtemps à côté de celui-ci, une fois les défauts restants mis à jour.
Pour en revenir à la jouabilité, et après avoir évoqué sa relative facilité d'accès pour de jeunes débutants en bas âge, il est évident que les mots simplifiés et simplistes ont été confondus. Il est effectivement aberrant de ne pouvoir se servir que du frein et de l'accélérateur, et ce sans aucune finesse. Je veux bien que l'ambiance soit délibérément arcade, mais ce n'est pas une raison pour épurer le gameplay à ce point. Burnout 3 parvient à s'illustrer d'emphatique manière avec des innovations dans le fond, plus que dans la forme, tout comme NFS, qui, bien que je ne l'aime pas énormément, possédait assez de centres d'intérêts pour contenter le joueur. Ici on se trouve avec un gameplay uniquement dépendant des touches "croix" et "carré", qui ne se développe jamais, et qui finit par se perdre définitivement. Très lassante et sans surprise, la conduite ne propose aucune alternative, et de plus se révèle capricieuse dans de nombreux virages. Car, pour ne rien arranger, la physique des véhicules est totalement... abracadabrante. On s'y fait un tant soit peu avec l'habitude, mais on reste la majeure partie du temps sur ses gardes, de peur de s'encastrer avec force dans un mur innocent. En fait, alors que vous amorcez un tournant avec une confiance légitime, vous vous retrouvez sans comprendre en déséquilibre et tentez de maîtriser un tête-à-queue surprenant. Le problème ne vient pas tant de la glissade beaucoup trop appuyée que de la virulence de la manoeuvre. On ne se rend compte de l'horreur qu'une fois à dix centimètres d'une maison bordant la route. Et ce n'est pas terminé.
Une fois aux abords des pavillons donc, profitez-en pour observer les textures baveuses et pas du tout crédibles accompagnées d'une sorte de lissage malvenu qui semble tout droit sorti de la vaillante N64. Les habitations se ressemblent toutes, et il est parfois réellement difficile de savoir dans quelle ville on se trouve tant que l'on n'a pas vu le monument local. A ce propos, vous ne pourrez visiter que cinq agglomérations, ce qui suppose cinq circuits, ce qui est bien peu pour un jeu de courses automobiles, voire risible. Pour varier les plaisirs vous disposerez tout de même de ces pistes de nuit, au sein desquelles vous roulerez gaiement sans jamais avoir à allumer vos phares, qui ne peuvent pas l'être de toute façon. L'atmosphère nocturne se résumant d'ailleurs à des nuages noirs planant au dessus d'immeubles identiques. Plus un ciel d'orage qu'une belle soirée. Ce qui n'empêche pas des réverbères à la lueur bleue de scintiller. Cela demeure jusque-là normal, sauf quand on s'approche du sol et que l'on se rend compte de la présence de reflets rouges sortant d'on ne sait où. Il serait aisé de vérifier aux alentours, si seulement plusieurs vues étaient disponibles. Mais non, que nenni ! Une seule caméra interne, avec l'unique possibilité d'observer ce qui se trame derrière vous ! Voilà une innovation, mais qui n'est pas franchement notable. Néanmoins cette vue dédiée est amplement suffisante pour recueillir l'inintérêt général du soft, poussant le vice jusqu'à proposer des bugs de collision à chaque obstacle rencontrée, la possibilité de s'enfoncer longuement dans les textures, de se rebondir contre les façades, et de se retourner sans raison apparente. Bien d'autres choses encore, dans ce qui pourrait devenir un inventaire à la Prévert. J'oubliais la distance d'affichage limitée à 50 mètres, ainsi que le clipping et l'aliasing se donnant la main dans une danse joviale. Et puis, et puis...
Et puis c'est tout. En effet, cela ne sert à rien de continuer à agresser ce pauvre titre, dont vous avez amplement pu considérer les très lourds défauts. Ce n'est intéressant ni pour moi, ni pour vous, ni même, et surtout pour les développeurs, de scruter une liste de carences exhaustives. Le soft est mauvais, voilà tout. Ce n'est pas la peine de le mettre encore plus en lumière. Au final donc, ce dernier restera sûrement comme invendu sur les étals d'un marchand de jeux vidéo, n'attendant qu'une chose, être acheté. Un conseil, ne répondez pas à son appel, et laissez-le disparaître en paix. Espérons par contre qu'une suite ne voit pas le jour, ce serait de l'acharnement thérapeutique.
- Graphismes5/20
Une qualité graphique digne des premières productions sur N64, dans lesquelles le brouillard se faisait tenace, et les textures dérangeantes. Dépositaires d'un aspect trop lisse et baveux, elles apparaissent comme extrêmement lacunaires, et se joignent à de nombreux bugs de collision, pour ôter toute envie de s'approcher des bords du décor. La distance d'affichage quant à elle est tout bonnement surprenante pour une PS2 capable de faire mille fois mieux, et s'associe à un clipping massif et à un aliasing qui pique les yeux. Rien ne permet de rehausser le niveau de GT Racers, et surtout pas son design emprunté et relativement fade.
- Jouabilité6/20
Les commandes sont certes intuitives et simplifiées à l'extrême, mais desservent un gameplay détestable, qui se trouve fondé sur des glissades inconsidérées et violentes. Très limité, ce dernier ne se base que sur l'accélération et le freinage, sans se soucier d'implémenter des petit plus permettant de donner au titre une légitimité ludique. On se trouve par conséquent face à une absence totale d'innovation, et à une lassitude pesante.
- Durée de vie5/20
Les championnats, bien que laborieux (10 courses dont 5 de base et les mêmes de nuit), se terminent très rapidement, et sans grande difficulté. Le tout étant de savoir sur quels murs rebondir pour doubler ses adversaires. De plus, l'I.A étant détestable, vous n'aurez pas à vous soucier de leurs trajectoires qui ne varient jamais. Un mode à deux joueurs reste présent, mais ne modifie en rien le plaisir pris durant le jeu. Vous n'y reviendrez pas.
- Bande son5/20
Un seul thème récurrent durant les courses, très vite lassant, et un second au niveau du menu principal et des chargements. Vous aurez donc l'impression de sans cesse tourner en rond, ce qui est suffisamment éreintant pour vous donner envie de tout arrêter. Les bruitages sont quant à eux de faible qualité et très convenus.
- Scénario/
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Décidément, il va falloir que les éditeurs ne sachant plus quoi mettre en vente arrêtent de se focaliser sur les jeux mettant en scène des voitures de courses. En effet, la majorité des jeux mauvais ou très moyens sont des titres axés sur ce thème. Il est très peu aisé de créer un jeu de ce type à la fois intéressant et immersif, et c'est une gageure relativement insurmontable pour de jeunes studios tout frais montés. De ce fait, nous voici une nouvelle fois face à une production assez atroce qui souffre énormément de sa comparaison avec les ténors du genre. Dommage.