Le scepticisme m'envahit une fois encore. On a beau savoir que Capcom recycle Street Fighter dans tous les sens en faisant procréer ses enfants chéris, on note parfois que la consanguinité n'apporte pas grand-chose à des épisodes qui n'ont pour eux que des améliorations minimes. Là-dessus, le quinzième anniversaire de la saga arrive et c'est donc le moment pour le père de Biohazard de marquer le coup. Mais alors qu'on pouvait s'attendre à un pack beaucoup plus représentatif de la série dans son évolution, nous n'avons droit qu'à deux titres qui bien que mythiques ne masquent en rien des absences importantes. Premièrement, est-ce que quelqu'un pourrait me dire la raison pour laquelle Capcom semble avoir oublié le tout premier Street Fighter, acheté à l'époque sur son petit Atari 520 STF ? C'est étonnant puisque si on jette un coup d'oeil aux opus qui ont vu le jour sur de multiples consoles, le Street Fighter original n'a jamais eu droit aux honneurs dus à son rang. Dommage, car si on retrouvait déjà les personnages emblématiques de la série ainsi que quelques décors, le jeu évolue très nettement dès le second opus en renouvelant complètement sa panoplie de combattants. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus mais tel n'est pas notre propos.

Street Fighter Anniversary Collection comprend donc deux jeux en un, enfin plutôt 6 jeux en un. Il faut en effet voir que Hyper Street Fighter II est à la base une compilation regroupant Street Fighter II, Street Fighter II ', Street Fighter II ' Hyper Fighting, Street Fighter II Turbo et enfin Street Fighter The New Challengers. Le tout est ensuite complété par Street Fighter III : 3rd Strike. Bien entendu, les fans seront aux anges d'autant que le 3rd strike était uniquement disponible sur Dreamcast mais la déception est tout de même au rendez-vous. Ceci tient en partie au fait que nous n'avons pas droit à des bonus dignes de ce nom (artworks, interviews, musiques) qui doivent pourtant se compter par centaines depuis le début de la série. On pourra alors se contenter du somptueux animé Street Fighter II : The Animated Movie offert sur la galette mais ici aussi c'est une vraie déception. Le long-métrage est uniquement en anglais, sans sous-titres, et qui plus est censuré alors qu'il est stipulé sur la jaquette qu'il est disponible dans son intégralité, une honte !! Et je ne vous parle même pas des génériques d'ouverture et de fin de SF II présentés dans la Gallery, youpi tralalère.

Passons maintenant à Hyper Street Fighter II testé récemment par l'ami Killy sur PS2 (bravo Capcom !). Il est certain que des larmes de nostalgie couleront sur les joues burinées des joueurs qui ont essayé un des segments de cette compilation sur Super NES, mais autant dire que retrouver ces titres sans amélioration notable fait un peu pitié. Loin de moi l'idée de mettre en avant un gameplay approximatif, puisque tel n'est pas le cas, la maniabilité quasi-parfaite de Street Fighter II ayant préfiguré bien des titres à venir en alliant technique et plaisir de jeu. Non ce qui agace ici est que Capcom n'ait pas jugé bon de proposer en plus de la version originale, une remaniée. En somme, le seul bonus est l'arrivée du mode Xbox Live (commun aux deux jeux de la compile) qui va vous permettre de combattre contre des personnes du monde entier. L'idée est engageante mais le tout n'a pas été suffisamment creusé seuls trois modes sont au rendez-vous. Le premier vous permettra de faire un match sans aucune préférence, le second avec préférences (en modifiant le nombre de rounds, la vitesse de jeu...) et le troisième de créer votre propre match. Ceci dit, les parties ne souffrent d'aucun ralentissement et pour m'être fait laminé dans tous les sens, je peux vous dire que le niveau est élevé. Question personnages, c'est également un peu maigre puisque seuls 16 combattants sont sélectionnables. Je précise que le nombre de héros augmente de façon ostensible si on prend en compte le fait que chaque personnage soit disponible dans plusieurs designs provenant des différents segments estampillés "2". C'est d'ailleurs une bonne idée qui fait que chaque fighter sera plus ou moins puissant suivant la version choisie. Vous pourrez aussi modifier la vitesse de jeu en optant parmi un des cinq modes différents mais ça n'apporte pas grand chose, le joueur choisissant d'emblée le mode Super ou Super T pour des combats plus rapides et plus nerveux. Par contre, à l'opposé de la version PS2, la version Xbox permet désormais de sauvegarder, utile si vous voulez reconfigurer votre pad.

Vient ensuite, Street Fighter III : 3rd Strike. Disposant de 19 personnages, 3rd strike dispose de la plupart des fighters de la série plus quelques petits nouveaux à savoir le français Remy, le cyborg polymorphe Twelve, le droïde Q ou encore Makoto, une jeune et fringante judoka. Si le titre a beaucoup apporté à la saga, comme le système de non-projection ou la possibilité de blocker des attaques aériennes, les novices auront certainement du mal à en tirer quelque chose, tant le jeu est technique. Ceci est d'ailleurs encore plus vrai sur Xbox puisque le pad (celui d'origine ou le pad S) ne convient absolument pas, le jeu au stick est peu précis et la croix de direction trop surélevée pour sortir les arcs de cercle. Reste la question du graphisme, qui bien que donnant lieu à de superbes arrière-plans ou cinématiques de fin ne peut que souffrir de la comparaison avec un Guilty Gear X2 Reload qui arrivera le mois prochain. Tous les aficionados vous diront que Street Fighter II est un mythe tout comme le 3rd strike qui est un jeu de baston dantesque, technique et beau à la fois. Mais en l'état Street Fighter Anniversary Collection est davantage une affaire marketing qu'autre chose. Les bonus sont inexistants ou tronqués, le mode Xbox Live dispose de peu de contenu et l'animation du 3rd Strike est un peu moins rapide que sur Dreamcast. Deux jeux qui ont marqué l'histoire de la baston, c'est une évidence, mais malgré tout on ne peut que se dire que Capcom aurait pu marquer le coup d'une façon plus tonitruante. Il ne reste plus qu'à attendre le 20ème anniversaire.