Grosse sensation lors de sa sortie il y a déjà deux ans, Sly Raccoon remet aujourd'hui le couvert pour un second volet. Conforté par le succès du premier volet, Sucker Punch peut aujourd'hui s'en donner à coeur joie pour réaliser un jeu encore plus drôle, plus décalé, plus long et plus varié aussi.
Vous êtes affalé sur votre canapé à la recherche d'une quelconque distraction, les chaînes défilent cycliquement sur l'écran de votre télé. A pas de velours, Sly avance vers votre PS2. Sans bruit, il trompe votre vigilance, dans son casque, Bentley lui indique comment brancher la console puis comment enfourner le DVD magique. Dehors, Murray fait déjà chauffer le moteur du van en attendant ses compères. Jusque-là, le plan se déroule sans accroc mais c'est maintenant que tout va se jouer. Il va falloir agir vite et bien. En une acrobatie, Sly met en marche la PS2, puis s'enfuit pour rejoindre ses équipiers avant de filer dans un nuage de fumée. La mission est un succès. Le jeu Sly 2 illumine votre écran, et vous êtes comme hypnotisé devant ce petit bijou vidéoludique.
Quelle joie de retrouver la fine équipe de Cooper, toute fraîche, toute pimpante et prête pour un nouveau coup. On se souvient encore de leurs précédentes aventures, lorsqu'ils étaient à la recherche du Volus Ratonus, manuscrit regroupant toutes les techniques ancestrales des voleurs du clan Cooper. Les pages du recueil sont aujourd'hui en lieu sûr, les responsables du larcin sont sous les verrous, mais leur chef, Clockwerk, est toujours là, en pièces détachées, certes, mais son esprit est bien là. Le clan Klaww, composé de personnalités aussi charismatiques que malhonnêtes, s'est partagé les pièces du hibou métallique et les utilise à diverses fins, pas toujours très légales. Si par malheur il arrivait que les éléments de Clockwerk soient réunis, cela sonnerait sûrement le retour du grand criminel et annoncerait certainement la fin de Cooper. Sly prend donc les devants et part à la chasse pour voler puis détruire les pièces.
Toujours accompagné de ses deux amis d'enfance, Bentley la tortue et Murray l'hippo tout rose, Cooper devra élaborer des plans pour subtiliser un par un les morceaux de Clockwerk. Cette fois, Sly n'est plus tout seul sur le terrain. S'il est vrai que l'on pouvait jouer avec Murray et Bentley lors de très courts niveaux vers la fin du premier jeu, les deux compères occupent une place bien plus importante maintenant. Chacun a d'ailleurs son rôle à jouer dans le bon déroulement de la mission. En tant que cerveau de la bande, Bentley est celui qui orchestre le casse et vous explique comment procéder. Il est aussi le personnage qui conviendra à toutes les opérations dites "intellectuelles" telles que remettre de l'ordre dans une tuyauterie sous une fontaine. Murray, le costaud, se servira de ses gros bras pour des objectifs plus physiques faisant appel à la force brute. Putôt doué dans la destruction, c'est lui qui pourra mettre HS certains systèmes d'alarme. Sly est quant à lui le maître de l'infiltration et c'est en personne qu'il ira se glisser dans les endroits les plus dangereux et les mieux gardés.
Sly 2, le jeu, fait donc appel aux talents de chacun au travers de multiples missions au sein d'un même environnement. Concrètement, cela se passe de la manière suivante. Vous arrivez dans un nouveau lieu et Bentley briefe tout le monde sur la façon dont vous allez devoir agir pour récupérer la pièce de Clockwerk. Généralement, on commence par un petit tour de reconnaissance en compagnie de Sly, puis on revient à la planque et on passe la main à l'un des deux autres pour la suite des événements. L'aventure se compose de 8 chapitres comprenant chacun de nombreuses missions. Un même monde réserve effectivement plus d'une dizaine de missions différentes, l'occasion de s'essayer à plusieurs types de gameplay. Et oui, on ne joue pas forcément de la même manière lorsqu'on doit aller voler des plans, que lorsqu'il faut défoncer des générateurs électriques ou piloter un petit hélicoptère radioguidé. Sly 2 brasse pas mal de styles de jeux différents, mais ne s'éparpille jamais. Même lorsque le raton-laveur se voit contraint de danser une valse pour faire diversion afin que Murray puisse opérer tranquillement dans son coin, le titre garde une cohésion très appréciable.
Les raisons de cette cohésion sont multiples. Il y a par exemple l'humour omniprésent (dans les dialogues, dans les situations, dans le design des persos) qui adopte un ton bien rafraîchissant. Tout au long des niveaux, il y a toujours la petite phrase pour faire rire et même lorsqu'il ne se passe rien de précis, la démarche de Bentley parvient à nous arracher de multiples sourires. Il faut le voir courir avec son chapeau d'explorateur vissé sur la tête et son arbalète à flèches soporifiques bien en main. Pour servir les répliques hilarantes, il fallait une bande-son aux petits oignons, et c'est fort heureusement le cas. Bien dans leurs personnages, les acteurs donnent des voix qui collent parfaitement à l'ambiance générale du jeu. Même les personnages secondaires profitent d'un excellent travail de localisation ce qui prouve de tout le soin apporté à l'aspect sonore.
La cohésion tient également à la réalisation graphique qui apporte un véritable cachet artistique à chaque environnement tout en respectant la charte globale du titre. Dans un esprit très cartoon, tout l'univers du jeu brille de mille couleurs vives. Que ce soit dans un quartier lugubre de Paris, ou aux abords d'un palais en Inde, les couleurs et la gestion des lumières sont sublimes. L'animation est du même acabit, ce qui n'est pas pour nous déplaire non plus. Sly est d'ailleurs capable d'exécuter quelques nouveaux mouvements aussi bien dans le registre furtif que dans celui de l'attaque. Plusieurs possibilités de combat font leur apparition, de même qu'une technique de vol bien fourbe. En se faufilant dans le dos d'un ennemi, on peut lui faire les poches et ramasser le maigre pécule qu'elles contiennent. Les pièces ne servent plus simplement à gagner des vies supplémentaires mais à faire des achats sur le petit ordinateur de Bentley. Dans le caddie, de nouvelles techniques pour chaque personnage, de quoi parfaire leurs méthodes de progression.
En évitant de jouer la carte de la suite facile, Sly 2 est truffé d'améliorations en tout genre qui le rendent encore plus attachant que le premier volet. Même si le jeu est assez facile et qu'on progresse trop vite, on lâche difficilement la manette. L'envie de faire une dernière petite mission est toujours la plus forte. Du coup, la durée de vie semble un peu courte, et ce, même si elle s'est vue un peu grandie depuis la dernière fois.
- Graphismes17/20
Il se dégage une vraie personnalité de l'esthétique de Sly 2. Chaque personnage possède un design unique dans un style très dessin animé. Les couleurs sont vives et les animations très fluides. Malgré la richesse des décors, on ne note aucun ralentissement.
- Jouabilité17/20
Comme le précédent volet, on maîtrise rapidement chaque mouvement, quel que soit le personnage et quelle que soit la mission à remplir. Hélas, la caméra connaît parfois des ratés et s'encastre contre les murs. Heureusement, on parvient à la débloquer rapidement.
- Durée de vie14/20
Si le jeu peut paraître court, c'est parce qu'on prend un grand plaisir à le dévorer d'une traite. SI on regarde dans le détail, on s'aperçoit que les missions sont plus nombreuses que dans le premier épisode et qu'elles sont aussi plus variées dans leurs objectifs et leur déroulement.
- Bande son18/20
Doublage excellent, musiques parfaites, la bande-son impressionne par sa qualité et sa richesse. Un travail remarquable qu'on aimerait entendre plus souvent. Chapeau pour les traductions, toutes aussi géniales.
- Scénario16/20
Bentley prend en charge tous les briefings de missions. Grâce à lui, on en apprend plus sur les motivations de chaque grand méchant et sur les moyens de les faire coffrer. Vu que la tortue n'est pas dénuée d'humour, on prend énormément de plaisir à suivre ses indications.
Sucker Punch a vraiment tout compris au jeu vidéo. En gardant la base du premier Sly Raccoon mais en intégrant plusieurs améliorations ça et là, le studio réalise un excellent jeu de plates-formes maîtrisé de bout en bout.