La première fois que ce nom d'Excitebike est venu à mes oreilles, c'était il y a bien longtemps, à l'époque où des bornes permettant de jouer aux titres oeuvrant sur la première série de gameboy étaient installées dans les magasins. Une de ces dernières donnait en avant-première un circuit d'essai. Devant l'aspect très particulier du titre, et sa jouabilité spéciale je ne m'étais pas étendu sur ce sujet. Mais la version NES, vraiment plus attractive (la couleur attire l'oeil), montrait le bout de son nez plein de cambouis. Détenant le statut convoité de l'un des premiers titres sportifs de l'ère 8 bits, il devint une référence incontestée.
Vous êtes un pilote émérite, juché sur une moto de compétition, prêt à décrocher autant de médailles que vos roues ont de crampons (une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut), et bravant vos terribles concurrents dans la boue et les graviers. En effet, vos pérégrinations ne se limitent pas à une longue piste sablonneuse et chaotique, et prennent en compte de nombreux revêtements divers et variés, allant du gazon à du bitume en passant par une terre dure et annonciatrice de fractures. Mais ne vous méprenez pas, NES oblige, la modification ne change que les couleurs employées, et aucunement l'adhérence ou le comportement de votre monture. Néanmoins, il vous faudra faire attention aux pièges disséminés tout au long de vos courses effrénées, principalement sous la forme de sortes de flaques boueuses, vous ralentissant de manière notable. La méfiance est donc de mise, d'autant que vos adversaires ne vous laisseront pas prendre la tête facilement. Résolus à causer votre perte, ces derniers s'empressent, dès qu'une ouverture se dessine, de vous asséner un léger coup de leur roue arrière dans votre fourche avant, de façon à provoquer votre lourde chute. Le temps ensuite de remonter en selle et de raviver les gaz, ces petits félons se rient de vous, avalant les mètres de pistes aussi goulûment qu'un fruit volé. Car, et c'est là un des défauts du soft, votre avatar prend vraiment son temps pour hisser sa moto sur la piste une fois celle-ci à terre, ce qui vous amène à gâcher un temps précieux dans une attente inutile. Un point de "réalisme" étonnant et handicapant dans un titre qui se veut avant tout arcade.
Effectivement, le gameplay, original et encore aujourd'hui relativement fin à appréhender, repose sur un principe simple qui parvient malgré tout à maintenir un certain intérêt au long des courses. Il ne s'agit pas simplement de doser son accélération et son freinage, mais également, et c'est cela qui joue en la faveur de ce jeu, adapter l'inclinaison de son engin au relief. Il sera préférable par exemple, et logiquement, de lever la roue avant à l'arrivée d'une côte, et de plonger vers l'avant lors de la réception sur un tremplin, afin d'épouser la forme générale de l'obstacle. Bien gérer sa réception et sa prise d'élan est la clé de la réussite. De même il faut savoir réfréner ses instincts, dans le but louable de ne pas bondir trop haut, car vous privilégieriez la hauteur par rapport à la distance, et surtout dans l'optique de ne pas exécuter de magnifiques tonneaux au guidon de votre fier cyclomoteur. La prise en main peut donc surprendre lors des premiers essais, mais le plaisir apparaît fort rapidement, poussant à parcourir les quelques championnats présents au sein de la cartouche, si tant est que la difficulté ne vous rebute pas. Non que les parcours soient difficiles dans leur construction, mais les énormes problèmes de collision, vous empêchant de savoir si c'est vous ou votre ennemi motorisé qui allez inaugurer la fracture des deux jambes à 18 endroits différents, n'aident pas à entretenir de bons rapports avec la compétition.
Si vous n'êtes pas tenté par de virils affrontements, il est possible de jouer seul, sur une des pistes accidentées composant l'ensemble restreint d'Excitebike, dans le but d'affiner ses compétences de pilote. Toutefois, si vous vous sentez l'âme d'un architecte, rien ne vous empêche de construire vos propres circuits, qu'il sera, gamme NES Classics oblige, impossible de sauvegarder plus d'une création. Il est plus qu'évident que dès qu'un soft met en avant un point digne d'intérêt, l'étiquette impose de nier cette occurrence, et de ne pas profiter d'une si bonne idée latente. Nintendo l'a bien compris, et l'absence de sauvegarde en est la preuve éclatante. Elle est de ce fait remplacée par des bruits de moteur tirant vers l'aigu, passablement énervants, et par l'impression tenace de ne pas évoluer au sein du jeu, celui-ci restant sempiternellement identique au fil des parties. Une lacune irréfutable, ne masquant pourtant pas la qualité graphique correcte du soft, rendant bien compte des changements de sol du moins des teintes), donnant à apercevoir un public, certes mal dégrossi, mais présent et qui plus est dynamique. Les intervenants sont attachants affublés de leur gros casque, disposé sur un corps bien chétif, volant la vedette aux motos, qui bien que primitivement représentées ne manquent pas de charme. Les rares animations sont quant à elles dans la mouvance de l'époque, sans pour autant choquer, à la différence des couleurs criardes utilisées pour les décors désespérément semblables, et de l'aspect fortement limité des tremplins et autres ajouts destinés au "spectacle". Au final donc, et ce malgré ses qualités intrinsèques, Excitebike ne promet pas un amusement à long terme, et rebutera beaucoup d'entre vous de par son gameplay, effectivement intéressant mais peu précis. Le moteur s'est encrassé.
- Graphismes5/20
En comparaison avec ce qui se faisait à l'époque, Excitebike apparaît comme relativement convaincant, malgré sa simplicité générale. S'il se révèle moins choquant que certains de ses confrères de la collection NES Classics, on ne peut pas pour autant le rapprocher des titres qu'étaient Zelda ou même Mario. Il sort un morceau de casque du marasme ambiant.
- Jouabilité14/20
La prise en main, de par sa simplicité, se révèle immédiate et instinctive, plongeant intensément dans la compétition dès le départ. On regrette néanmoins l'aspect pénalisant à outrance des chocs et des chutes dans le bas-côté, qui nuit à la conclusion joyeuse des courses. Mis à part cela, le principe de gérer l'inclinaison est sympathique et original, restant tout de même assez limité. Un bon point.
- Durée de vie7/20
Si vous êtes détenteur d'une patience à tout épreuve et que le fait de chuter à dix mètres de l'arrivée, provoquant une descente de parfois 10 places dans le classement, ne vous émeut point, vous terminerez rapidement le soft dans son ensemble. La vacuité est d'ailleurs bien ce qui définit ce dernier. Une fois fini, les occupations seront peu nombreuses. Mis à part l'éditeur de circuits, digne d'intérêt, mais ne disposant pas d'une option de sauvegarde suffisante, vous vous bornerez à regarder un écran vide.
- Bande son4/20
Mis à part la musique accompagnant l'arrivée de la page d'introduction, et celle du logo Game Boy Advance, aucune composition sonore n'accompagnera vos tribulations. Vous bénéficierez par contre des bruits assez désagréables des moteurs appartenant aux motos, qui vous pousseront à couper le son.
- Scénario/
C'est un jeu de sport donc...
Véritablement sympathique dans son principe et rapidement addictif, Excitebike aurait aisément pu acquérir des lettres de noblesse, si seulement il n'était pas autant restrictif dans ce qu'il propose. La lassitude vient en effet rapidement frapper à votre porte et s'ajoute à la qualité graphique correcte, mais soumise à une mauvaise utilisation des couleurs. Nintendo a encore fait les choses en grand, en omettant volontairement d'implémenter un système de sauvegarde convenable pour l'éditeur de pistes, un des seuls points clairement intéressant du titre. Dommage. Je vous conseille tout de même de l'essayer.