Non content d'avoir asservi la galaxie pour de vulgaires raisons narcissiques, Bydo, décidément acquéreur d'une immortalité vidéoludique décide de goûter une revanche méritée faisant suite à une cuisante défaite orchestrée par des mercenaires bien à l'abri de leurs frêles et lestes vaisseaux guerriers. Pour assouvir sa soif de pouvoir, il décide donc d'utiliser la Force, énergie à la puissance destructrice. Ne ménageant pas leurs efforts, les autorités en ayant assez de ses résurrections à la limite de la légalité spatiale, décident de dépêcher une flotte de chasseurs R dans le but avoué de mettre fin à cette menace pour toujours, et à jamais (la répétition fait plus dramatique). Désireux de jauger nos forces, un ingénieur a été chargé de vérifier l'équipement embarqué à bord de chaque machine de guerre métallique, once d'espoir rayant les cieux de reflets rougeoyant. Voici ce qu'il put découvrir.

Tout d'abord, loin des choix restreints d'autres groupements, il est ici possible de piloter pas moins de 101 vaisseaux possédant chacun une petite particularité, sans pour autant se démarquer concrètement de ses congénères d'acier vêtus. Que ce soit au niveau du poids, jouant sur la maniabilité, des mensurations, des armes utilisées ou encore du type d'évolution réalisable, chaque embarcation agile et mécanique vous donnera accès à un gameplay sensiblement "différent". Mais comme énoncé ci-dessus, n'espérez en aucun cas renouveler totalement votre expérience de par le changement de monture. En effet, les attaques lasers, bien que dissemblables au niveau des couleurs et de la forme n'en restent pas moins égales en terme de puissance la plupart du temps. Peu de manipulations apportent une remise en cause de sa stratégie de jeu. La seule disparité notable concerne la capacité de faire feu à longue portée ou à courte portée, et qui devra être prise en compte en fonction du type d'ennemi rencontré. Autant certaines machines parviennent à nous faire ressentir une once de changement, autant d'autres semblent coulées dans un même moule. Cette volonté de proposer un tel choix ne peut être que louable, mais ne suffit cependant pas à justifier le nombre ahurissant d'engins disponibles. D'autant que le design connaît un peu des écueils identiques à la diversité des façons d'appréhender les situations.

Bien que proposant une bonne cinquantaine de réalisations sincèrement opposées et originales, le reste n'est qu'une sorte d'évolution des modèles déjà présents. Une aile par ci, un canon par là, suffisent à justifier l'appellation de "nouveau". Néanmoins on ne se plaindra pas non plus du plateau exhaustif et de qualité qui nous est présenté. Agressifs et dotés d'une ligne fluide et avenante, les objets à vocation belliqueuse rivalisent entre eux de classe et de charisme. Fin et félin, massif et annonciateur d'un affrontement sans pitié, chacun de ces derniers peut convenir à l'âme avide de formes épurées et désormais célèbres. Quel malheur suit de fait l'explosion tonitruante de votre avatar aux réacteurs enflammés. Néanmoins pour vous consoler, il vous est possible et recommandé d'ajuster à votre convenance l'ensemble de votre armada. La couleur du corps de l'appareil, son type d'armement, les atours du cockpit, en passant par l'apparence des deux petits "bits" vous défendant, sont soumis à vos désirs.

Il en ressort une véritable affection pour cette organisme de fer et d'étain, dernier espoir d'un monde sur le déclin. Cependant, ce n'est pas tout. En effet, dès le début du jeu vous avez accès à un mode nommé "Vs I.A", mettant en scène le pugilat résultant de la rencontre de deux pilotes apparemment antagonistes. Seul mode au sein duquel vous n'avez pas le pouvoir de conduire votre bolide intergalactique, il vous est proposé de régler l'intelligence artificielle de votre protégé selon différents critères et de le voir s'opposer à un second engin, dirigé lui par l'ordinateur ou par les bons soins d'un de vos amis. Pas spécialement passionnant de par l'aspect pas ou peu interactif, il apparaît tout de même que cet entraînement au combat a le mérite de mettre en avant la variété des possibilités de chaque machine, et de proposer une alternative, certes peu développée, au choix principal tenant lieu de mode histoire.

Votre quête se déroule donc le long de sept univers inspirés par les classiques de la Science-Fiction, de Blade Runner et Alien dans le domaine cinématographique à Metroid et Colony Wars attachés viscéralement au paysage vidéoludique. Vous évoluez entre de majestueuses reliques d'un passé aux brumes macabres et des villes tentaculaires en état de siège, faisant sempiternellement face à des hordes d'opposants envoyées par Bydo. Si un constat doit s'imposer à la vue des environnements composant l'axe nerveux de votre guerre interstellaire, c'est que la réalisation est sans conteste bien au delà de nombre de shoots et même de soft d'autres catégories. Véritable festival pyrotechnique, les entrelacements de lignes lumineuses, de traits éblouissants et d'explosions étouffées aux ondes rémanentes, se mêlent en des arabesques aveuglantes. Expression visuelle de la puissance et de la tension, ces effets ne déméritent pas une seule fois tout au long de votre périple punitif. Et fort heureusement cette impression bienvenue se trouve relayée par les décors de fond et les textures donnant sans retenue dans le registre de la qualité.

Bénéficiant d'un travail attentif et savant sur les teintes et les couleurs l'univers arpenté participe activement à une implication immédiate. Lorsque vous aurez eu la chance d'expérimenter un niveau aquatique et que vous vous serez aperçu de la qualité des reflets et de l'allure de l'élément liquide, vous vous demanderez si certains développeurs ne devraient pas effectuer un stage chez Irem. Néanmoins le temps vous fera cruellement défaut dans la contemplation des immenses paysages technologiques, étant donné les salves d'adversaires extrêmement présentes et sans cesse renouvelées, icônes d'une difficulté qualifiée dans les légendes ancestrales de mythique. Bien que la capacité de collecter différents types de bonus améliorant votre puissance de feu, ainsi que de déplacer suivant votre bon vouloir votre Force (sorte de module d'attaque que l'on peut placer en avant ou en arrière du vaisseau, après l'avoir détaché) soit toujours présente, il vous faudra utiliser de préférence le tir chargé pour vous défaire de vos poursuivants.

Opérant alors une vraie stratégie de jeu, le novice (mode de difficulté Baby et Kid), le pilote confirmé (Human, Bydo) ou l'entité inhumaine (R-Typer), pourra adapter sa manière de jouer comme bon lui semble. Doser l'accélération, placer la Force, repérer les mouvements des monstres organiques et métalliques, choisir le vaisseau R adapté à l'inadaptable sera le pain quotidien de tout être souhaitant s'essayer à un nouvel opus d'une légende. Pour finir, bien que garant de nombreuses louanges, ce titre remis au goût du jour de somptueuse façon de surcroît, manque quelque peu d'innovations notables et appâte le chaland via l'offre mirifique de 101 modules jouables, dont on peut aisément déceler la faille. De plus, et de manière peu compréhensible, d'immondes ralentissements s'invitent au banquet lors d'afflux de détails et d'animations. Un bon choix pour ceux ne s'étant jamais essayés à un opus de la saga R-Type, et une alternative ne faisant pas le poids face à Ikaruga pour un nostalgique cherchant du renouveau. Irem a perdu une bataille, et peut-être la guerre.