C'est avec émotion que nous entamons enfin ce test de Final Fantasy X-2, près d'un an après la sortie du jeu au Japon. Fini les questions existentielles pour savoir si oui ou non Tidus apparaît dans le jeu, je vais enfin pouvoir vous dire tout le bien que je pense de ce nouveau FF via une critique que j'espère la plus objective possible.
A l'instar du test de Castlevania, je profite du fait que nous avons déjà parlé en long et en large des différents aspects de FFX-2 dans le dossier qui lui était consacré pour me focaliser sur la critique. Deux, trois mots sur la version PAL qui, comme on pouvait s'en douter, nous impose un pauvre mode 50 Hz et se débarrasse du doublage japonais pour nous proposer des voix en anglais dont nous devrons nous contenter. C'est ainsi et pas autrement.
Mais passons sans plus attendre au choc que vous ressentirez certainement en découvrant FFX-2 pour la première fois, même si vous savez déjà combien cette suite s'éloigne de Final Fantasy X. Dès les premières secondes et pendant plusieurs heures de jeu, on ne peut s'empêcher d'être interloqué par tous ces éléments qui font de FFX-2 un ovni dans la série des FF. Tout semble avoir été mis en place pour nous surprendre, et ce n'est pas peu dire. La scène d'intro nous présente une Yuna déchaînée qui semble avoir délaissé son kimono d'invokeuse pour revêtir une panoplie de chanteuse carrément suggestive. Son attitude hautaine et provocatrice tranche complètement avec le caractère de la jeune fille à laquelle on s'était attaché dans FFX, mais tout ça va trouver une explication par la suite. La démarche de Yuna dans les niveaux, les poses des YuRiPa (la team de Sphere Hunter formée par Yuna, Rikku et Paine), le design loufoque des ennemis, la musique moderne, l'humour naïf, bref l'ambiance de FFX-2 pourra probablement provoquer une réaction de rejet chez la plupart des inconditionnels de FFX.
Pourtant, il suffit d'aborder ce jeu en se disant que l'on va découvrir quelque chose de vraiment différent pour commencer à véritablement apprécier tous les délires de FFX-2 et s'investir complètement dans ce RPG audacieux. On se surprend alors à sourire devant les nombreuses scènes cocasses, on est ému par la complicité des trois héroïnes et on prend plaisir à les voir endosser une nouvelle tenue en plein combat dans une animation à la Sailor Moon. Le fait est que si tout cela ne semble pas très sérieux et bien loin des préoccupations tragiques de FFX, le scénario prend une tournure radicalement différente après quelques heures de jeu, dès que l'on comprend que le gang Leblanc, principal rival des YuRiPa, va passer au second plan. La progression conserve bien évidemment le découpage sous forme de missions qui constitue l'une des particularités de cet opus, mais leur issue devient beaucoup plus lourde de sens. La trame devient plus complexe, plus tragique, mais aussi beaucoup plus passionnante, et l'on devine un final aussi époustouflant qu'incertain. Il existe réellement une cassure dans FFX-2 qui incitera ceux qui n'adhéreront pas forcément à la première partie du jeu à poursuivre tout de même l'aventure pour découvrir la véritable quête de cet épisode.
Je n'en dis pas plus, mais sachez que FFX-2 fait incontestablement partie de ces jeux qui s'apprivoisent petit à petit et qui offrent un plaisir de jeu exponentiel au fur et à mesure que l'on avance dans l'aventure. Alors que les développeurs de chez Square Enix auraient pu se contenter de reprendre la plupart des éléments qui avaient fait le succès de FFX, ils ont eu le courage d'essayer d'imaginer un système de combat encore plus dynamique, une progression novatrice et de construire une trame scénaristique qui tienne le joueur en haleine. S'il est évident que certaines personnes pourront regretter la plupart des éléments de FFX, les autres seront stupéfaits par l'efficacité du nouveau système de jeu. J'estime personnellement que le rôle des jobs, les enchaînements de coups et le dynamisme incroyable des actions rendent les combats autrement plus prenants que ceux de FFX qui étaient pourtant déjà excellents. De même, je peux vous assurer qu'il est tout à fait possible de se laisser complètement porter par l'ambiance particulière du titre, même après avoir eu de gros doutes lors des premières heures de jeu. Quant à la durée de vie, le soft est construit de telle sorte que l'on peut assez rapidement en voir le bout, mais FFX-2 fait partie de ces titres qui ne prennent toute leur ampleur que dans leur globalité. Il me paraît donc totalement inconcevable de mettre un terme à l'aventure après la première partie, alors que le jeu est justement conçu pour permettre au joueur de repartir du début avec toutes ses compétences pour le pousser à essayer de découvrir toutes les missions annexes, les pans de scénario optionnels et les jobs cachés. Pris dans cette optique, FFX-2 dispose bel et bien d'une durée de vie très solide, et son accessibilité consolera ceux qui avaient été rebutés par les quêtes annexes apocalyptiques de FFX. Je n'ai plus la place d'essayer de vous convaincre que Square Enix ne s'est pas trompé en repensant complètement l'orientation de cette suite, mais sachez que bouder FFX-2 vous ferait passer à côté d'une véritable perle. Une perle cachée à l'intérieur d'une carapace pas forcément facile à percer.
- Graphismes17/20
Une réalisation très proche de celle de FFX, où l'on retrouve la plupart des environnements de Spira encore mieux mis en valeur que par le passé. Certains protagonistes de FFX ont aussi un rôle à jouer dans FFX-2, comme Lulu et Wakka ou encore les Al Bhed. Les chimères reviennent pour jouer un rôle inattendu et on retrouve le Blitzball mais traité de façon totalement différente. Seul le design et l'atmosphère du jeu pourront interloquer les puristes de FFX. Il faut également se contenter du 50 Hz.
- Jouabilité18/20
Square Enix a réussi à faire encore mieux que pour FFX en proposant un système de combat ultra dynamique, basé sur les compétences acquises grâce aux jobs et sur les enchaînements d'actions réalisés à partir de la jauge ATB (Active Time Battle). Un système de combat qui renferme beaucoup de subtilités et qui est servi par une interface impeccable qui permet notamment de suivre le déroulement du jeu dans une fenêtre tout en choisissant ses jobs.
- Durée de vie16/20
Il est fortement conseillé de faire le jeu une première fois au feeling, sachant qu'il est impossible de tout découvrir en une seule partie, puis d'y revenir via le mode New Game + pour compléter toutes les missions optionnelles et mettre la main sur les jobs et tenues secrets. Pris de cette façon, le jeu profite d'une durée de vie tout à fait solide.
- Bande son16/20
Les musiques sont en accord avec l'atmosphère particulière du jeu, c'est pourquoi elles ne manquent pas de surprendre. Dommage que le thème des combats ne soit pas aussi mémorable que dans les autres épisodes de la série et que l'on nous impose le doublage en anglais.
- Scénario16/20
Même si vous n'accrochez pas à l'ambiance un peu légère des premières heures de jeu, dites-vous que l'aventure prend une tournure beaucoup plus dramatique et passionnante vers la moitié du jeu. Vous ne regretterez pas d'être allé jusqu'au bout.
En tentant le pari audacieux de revoir à la fois l'atmosphère et le système de jeu de Final Fantasy X, FFX-2 prend le risque d'insinuer le doute dans le coeur des puristes dès les premières heures de jeu. Il faut toutefois terminer le jeu dans son ensemble pour percevoir la véritable dimension du scénario et apprécier toute l'efficacité du système de combat. Loin de trahir ou d'entacher l'esprit de la mythique série de Square, FFX-2 constitue, à mon sens, un épisode encore plus efficace et indispensable que pouvait l'être FFX.