S'inspirant d'un certain Populous, Heaven & Hell tente de mêler plus ou moins habilement le God Game et la gestion. On rêve tous secrètement de devenir une divinité ou un démon, c'est peut-être sur ce point que comptent les développeurs pour faire vendre le jeu. J'espère parce que si c'est sur ses qualités, ça va pas faire lourd.
On se laisserait volontiers séduire par Heaven & Hell. Du moins c'est ce que l'on pense au tout début du titre. Votre rôle ? Etre Dieu, puis dans un second temps, le Démon, une fois la première campagne bouclée. Deux campagnes donc mais qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau bénite. Les premiers abords peuvent être tentants avec ce choix d'un design cartoon et de cinématiques à tendance burlesques où l'on pourra voir un prêcheur essayer de convertir des moutons (si y a pas un message là-dedans). Puis vient le jeu. Pour le Bien comme pour le Mal le principe est le même. On doit avancer d'une ville à une autre et la convertir à notre Croyance. Pour ce faire, on dispose d'un prêcheur.
Tout d'abord il faudra faire une démonstration de notre pouvoir divin en réalisant quelques miracles du genre Arc en ciel ou apparition divine. Ceci afin d'augmenter l'inclinaison individuelle des habitants en notre faveur. Ensuite, quand ils sont chauds, on lance une séance de prêche. Là on convertit un peu de monde, mais ça ne suffit pas, il faut continuer. Ouf au bout d'un moment c'est terminé. Là on commence à transformer le village en pompe à mana. Le mana permettra ensuite d'avoir la force de convertir d'autres villages (et de les transformer) ou de créer de nouvelles unités telles qu'un guerrier qui pourra protéger le prophète d'un type d'unité appelée Fanatique. Les Fanatiques d'un camp ont en effet la fâcheuse manie de s'en prendre au prophète adverse alors prudence. Toujours avec le mana on pourra également réaliser des miracles ou infliger des plaies diverses (tremblement de terre, peste etc.). Différents types d'unités sont disponibles, notamment au niveau des prophètes. On en compte 7 par campagne. Le problème c'est que le potentiel réel est presque inexistant. Prenez les espions. Et bien ils n'espionnent rien du tout en fait puisqu'ils sont aussi visibles d'une remise de Dix Commandements au Zénith. Le colporteur est déjà un peu plus convaincant puisqu'il permettra de construire des routes mais là encore on se demande bien à quoi sert cette contrainte de gameplay.
En fait le vrai problème de Heaven & Hell c'est qu'on y fait peu de choses. Et le peu qu'on fait est lent et répétitif. Les pouvoirs divins sont très limités et le seul contrôle vraiment efficace est celui du prophète. Du coup, on finit vite par s'ennuyer à aller de ville en ville pour de fastidieuses conversions d'humains plus ou moins hostiles selon leur obédience actuelle. De temps en temps on doit faire face à une grosse baston. Dans ces moments c'est l'interface qui montre (ou plutôt confirme) ses faiblesses. De nombreuses imprécisions peuvent vous faire commettre des bourdes assez agaçantes à défaut d'être graves. On envoie la mauvaise unité sur un point (le prophète au lieu du guerrier), on foudroit nos hommes alors qu'on voulait viser une idole (voire simplement se déplacer). Tout ça parce que l'interface se montre relativement brouillonne avec son contrôle « toutoclic ». En gros, le problème vient du fait que si vous sélectionnez une unité, puis un ordre et que finalement vous changez rapidement d'avis pour une raison urgente, vous oublierez facilement d'annuler l'ordre qui reste alors suspendu à votre clic et au lieu de désélectionner l'unité au profit d'une autre, vous lancez l'attaque. Techniquement j'aimerais vous dire que le jeu tournera sans problème sur une petit config. Seulement quand on voit que sur un PC de brute, les cinématiques d'intro, pourtant en basse résolution, s'offrent le luxe de ramer et de subir des bugs sonores ! En cours de jeu, si le design est, il est vrai, rigolo, l'ensemble n'en n'est pas moins grossier et simpliste. Pire encore, l'animation est méchamment à la ramasse.
- Graphismes10/20
Un design sympathique servi par une technique faiblarde. Les graphismes manquent de finesse, le frame-rate est chaotique et finalement, l'ensemble est loin d'être convaincant.
- Jouabilité9/20
Outre la confusion à la souris, les déplacements sont très mous, l'action est répétitive, lente, pauvre et fastidieuse. On en fait le tour en quelques minutes.
- Durée de vie10/20
Certes il y a deux campagnes mais ce sont pratiquement les mêmes, le gameplay ne diffère pas d'un poil de l'une à l'autre. De toutes façons rien de garantit qu'on ait la patience d'en finir une si on nous laisse notre libre arbitre en la matière.
- Bande son12/20
Les musiques autant que les voix sont bien trop redondantes et d'une qualité plutôt moyenne de surcroît.
- Scénario/
C'est bien dommage pour Heaven & Hell qui partait avec un petit capital sympathie grâce à son concept et son parti pris loufoque mais au final, le titre se révèle presque soporifique tant il est mou et peu varié. Les développeurs auraient-ils cédé à la tentation de la paresse ?